Goma : au moins 17 déplacés tués dans une explosion de deux bombes
Au moins 17 déplacés intérieurs qui ont fui les hostilités entre les FARDC (Forces Armées de la République démocratique du Congo) et les rebelles du M23, sont morts dans l’explosion de deux bombes ce vendredi. Les victimes étaient cantonnées dans un site élargi à Mugunga et Lac Vert en ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu à l’est de la RDC. La représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies au Congo a condamné l’acte et appelé les autorités congolaises à « traduire en justice ses auteurs ». Bintou Keita parle de violation flagrante des droits de l’homme et du droit international, pouvant constituer un crime de guerre. (SOS Médias Burundi)
L’explosion a également fait plus de 35 blessés, ont rapporté des responsables de déplacés.
« Nous venons de compter 17 morts et une trentaine de blessés à l’heure qu’il est. Nous sommes toujours en train de chercher pour avoir le nombre exact de ce bombardement », a confié à SOS Médias Burundi Baseme Basasi Emmanuel, chef du camp de Mugunga, vendredi après-midi.
Des témoins ont rapporté que « deux roquettes ont explosé ici en l’espace de cinq minutes, semant la terreur parmi la population locale ».
« Plusieurs personnes ont été atteintes. Nous sommes très inquiets et traumatisés. En tout cas, nous ne voulons plus rester dans ce camp », déplore un déplacé du site de Mugunga.
Selon un reporter SOS Médias Burundi, la peur a gagné l’esprit de plusieurs habitants de Goma dont des étudiants, les poussant à rentrer se terrer dans leur maison. Les secours n’ont pas tardé, disent des témoins. Tous les blessés ont été évacués à un hôpital de Goma.
« La situation de notre pays me dépasse. Mon fils vient d’être tué par cette explosion. Mais le gouvernement semble fermer les yeux face aux atrocités commises dans notre région. Je veux retourner chez moi à Sake », se désole Tulunga Sameni , une déplacée originaire de la cité de Sake sur le territoire de Masisi dans le Nord-Kivu. Sa localité reste plongée dans l’insécurité suite aux combats entre l’armée loyaliste soutenue par les milices locales entretenues par les autorités congolaises, et les rebelles du M23.
Dans un climat déjà marqué par l’insécurité, les deux explosions viennent renforcer la tension dans la capitale du Nord-Kivu et ses environs.
Les récents affrontements dans les collines avoisinantes, ainsi que la prise de la cité minière de Rubaya par les rebelles du M23, ont exacerbé les craintes au sein de la population.
L’origine des bombes n’a pas encore été déterminée. Dans le passé, l’armée congolaise et le M23 se sont toujours accusés mutuellement dans de telles situations.
Des sources locales s’accordent à dire qu’il est très difficile d’établir le bilan précis des deux explosions. Les autorités locales ont déployé des efforts pour calmer la population en colère et assurer leur sécurité.
L’ONU dénonce les attaques
Dans un communiqué, la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies pour le Congo, Bintou Keita a condamné l’acte. Elle parle de violation flagrante des droits de l’homme. Elle a appelé les autorités congolaises à « traduire en justice ses auteurs ».
Selon elle, « ces actes odieux qui sont une violation flagrante des droits de l’homme et du droit international humanitaire, peuvent constituer un crime de guerre ». Bintou Keita appelle également les parties aux conflits à garantir le caractère civil de l’ensemble des sites de personnes déplacées et à prendre les mesures idoines afin de réduire les risques pesant sur la protection des civils et de maintenir l’accès humanitaire.
Actes récurrents
A New York, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU a rappelé que la situation est très tendue autour de Goma depuis plusieurs semaines.
En février et mars, des sources humanitaires ont fait état d’au moins 10 incidents impliquant des explosions, faisant 14 morts et 28 blessés. En avril, une autre explosion près d’un site de personnes déplacées a fait cinq morts, d’après l’ONU.
« Malgré la situation instable et l’insécurité, nous et nos partenaires continuons de fournir notre aide », a dit le porte-parole, Stéphane Dujarric.
L’escalade des violences au Nord-Kivu a provoqué un déplacement massif de personnes vers Goma, qui accueille désormais plus de 500.000 personnes déplacées, font savoir les Nations-Unies.
Le Plan de réponse humanitaire 2024, qui vise 2,6 milliards de dollars, est financé à près de 17%, soit 430 millions de dollars, concluent-elles.
Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021, reprochant au gouvernement congolais de n’avoir pas respecté ses engagements sur la réinsertion de ses combattants. Les autorités congolaises restent persuadées qu’elle bénéficie d’un soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main.
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Photo : des habitants et déplacés se rassemblent sur un lieu de l’une des explosions du vendredi 3 mai 2024 à Goma
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