Rwanda : plus de 1700 Congolais demandeurs d’asile accueillis

Rwanda : plus de 1700 Congolais demandeurs d’asile accueillis

Ces congolais parlant le Kinyarwanda ont été installés au camp de réfugiés de Mahama, à l’Est du Rwanda. Ils disent qu’ils fuient des combats entre l’armée congolaise et les groupes rebelles à l’Est de la RDC. Ils s’ajoutent à plus de 70 mille autres réfugiés congolais abrités par le pays des mille collines. (SOS Médias Burundi)

Ils sont essentiellement constitués de femmes, d’enfants. Ils disent qu’ils sont originaires pour la plupart de Masisi, Rutshuru et d’autres zones de la province du Nord-Kivu.

« Nous avons fui des combats qui opposent des éléments de l’armée congolaise à des groupes armés dans la partie Est du Congo. Nous qui parlons la langue proche du Kinyarwanda , nous sommes plus persécutés et pris comme cible par les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo)», disent des membres du groupe qui se sont confiés à SOS Médias Burundi après s’être installés dans le camp de Mahama situé dans la province de l’Est du Rwanda, ce mercredi.

Peu sont ceux qui viennent de la province du Sud-Kivu . Ils indiquent fuir des combats entre les FARDC et des rebelles burundais notamment.

Les uns avaient d’abord été accueillis dans le camp de transit de Kijote situé dans le district de Rubavu, frontalier avec la RDC. Et d’autres initialement hébergés dans le centre de transit de Gatore dans le district de Bugesera, frontalier avec le Burundi.

« Dans ces centres de transit, nous étions nombreux. Nous y sommes arrivés au cours des trois dernières semaines et y avons introduit nos demandes d’asile avant que le Rwanda ne nous relocalise ici où nous allons recevoir le statut de réfugié », affirment-ils.

Ces Congolais dénoncent un génocide des Tutsi en cours dans leur pays.

« Nous avons vu nos jeunes se faire tuer pour le simple fait qu’ils ressemblent aux Tutsis du Rwanda. Nous-mêmes on nous accusait de soutenir le M23 alors que ce n’est pas vrai. Nous, nous ne voulons que la paix pour bien vivre et faire l’élevage de vaches. Malheureusement toutes les vaches des gens qui parlent le Kinyarwanda ont été pillées. C’est un génocide qui se déroule en douceur et qui est perpétré par les services de l’État », dénoncent des Congolais qui sont arrivés à Mahama ce mercredi.

Parmi ces Congolais, il y en a qui disent qu’ils sont séparés des membres de leur famille soit restés au Congo, ou partis se réfugier au Burundi ou en Ouganda.

Le Rwanda héberge déjà plus de 70.000 réfugiés congolais, essentiellement parlant le Kinyarwanda en provenance des provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu.

Dans son message à la Nation prononcé samedi le 31 décembre 2022, le président rwandais Paul Kagame a souligné que les frontières resteront ouvertes pour donner refuge à ceux qui en ont besoin. Il a accusé la communauté internationale de prendre à la légère cette question .

“Nous avons plus de 70 mille enregistrés au Rwanda seulement. Et de nouveaux réfugiés continuent d’arriver même maintenant. Pourtant, la communauté internationale prétend que ces gens n’existent pas….Le plan semble pour eux qu’ils restent indéfiniment au Rwanda, ce qui sert seulement à blanchir le mensonge selon lequel ils sont normalement des Rwandais qui méritaient d’être expulsés. Ceci est un problème international qui requiert une solution internationale », s’est attaqué à la communauté internationale Paul Kagame.

Les Congolais reçus à Mahama ont été accompagnés vers ce camp par le HCR, la police et le Ministère en charge des réfugiés, Minema.

Depuis la résurgence du mouvement du 23 mars le M23 fin 2021, les Tutsis congolais et les communautés congolaises parlant le Kinyarwanda ont été la cible de certains membres du gouvernement, de l’armée congolaise et de la société civile qui leur reprochent de « soutenir le M23 » et « servir d’espions pour le compte du Rwanda ». Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi composée de Tutsis congolais mais les autorités congolaises restent persuadées qu’elle bénéficie du soutien du Rwanda.

Les Nations-Unies ont dénoncé les messages de haine et l’incitation à la violence publique contre les Rwandophones et appelé les autorités congolaises à « faire cesser cette rhétorique », ce qu’elles ont accepté.

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Photo d’illustration : des femmes et enfants reçus au camp de Mahama le 4 janvier 2022, arrivés à bord de grands bus

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