Gatumba : les inondations ont poussé plusieurs familles à fuir

Gatumba : les inondations ont poussé plusieurs familles à fuir

Plusieurs ménages des neuf quartiers de la zone de Gatumba dans la commune de Mutimbuzi (province de Bujumbura, ouest du Burundi) ont été envahis par les eaux de la rivière Rusizi (séparant le Burundi et la RDC) il y a quelques jours. Les responsables administratifs disent que le bilan exact des inondations sera annoncé ce vendredi. (SOS Médias Burundi)

Les habitants disent que les dégâts sont innombrables. Nos reporters se sont rendus dans la zone. Ils parlent d’une situation désastreuse avec des milliers de personnes qui passent la nuit à la belle étoile sans lieu d’aisance.

« Nous sommes obligés de quitter nos ménages et aller nous installer à côté de la rue. Nous ne pouvons même pas nous rendre dans nos champs. Ils ont été envahis par les eaux. Nos maisons se sont effondrées », se désole Arthémon Nishimwe.

Pour Judith, c’est la désolation totale.

« Ma maison vient d’être détruite. C’est un bienfaiteur vivant à l’étranger qui me l’avait construite. Ce qui me fait très mal au cœur c’est que l’on avait promis de construire des digues pour empêcher la Rusizi de déborder. J’ai même vu des Chinois venir faire des inspections aux côtés des officiels burundais », raconte cette mère de quatre enfants avec amertume.

SOS Médias Burundi l’a croisée quand elle allait chercher des petits poissons communément appelés « Ndagala » qu’elle vend pour faire vivre ses enfants.

Elle en appelle à l’intervention du chef de l’État.

« L’argent qui a été donné pour construire ces digues a été détourné. Nous demandons au président de la République d’intervenir. Il doit savoir comment ses électeurs souffrent. Nous sommes en train de mourir de faim ici », insiste celle qui estime que « même si l’on nous donnait à manger, on aurait pas l’endroit pour préparer à manger ».

Pour le sexagénaire Rukundo Juma, « nous avons besoin ne fût-ce que de la paille pour couvrir nos taudis ».

Lucie Gahimbare est responsable de dix maisons, elle a été obligée de partir avec ses enfants, de peur d’être tuée par les inondations.

Un Jeune homme au milieu d’un quartier submergé par les eaux à Gatumba

Elle dénonce une situation récurrente chaque fois durant la saison des pluies.

« Même les enfants sont habitués à ça. Cela fait la troisième fois consécutive en trois années. Quand il y a les inondations, nous devons quitter notre maison pour trouver refuge dans la rue », regrette celle qui espère une intervention du gouvernement dans les meilleurs délais.

« Je préfère ne pas m’exprimer là dessus. Imaginez-vous, nous vivons cette situation pour la troisième fois consécutive et nous recevons la même réponse : le gouvernement va trouver une solution à ce problème. Des fois on s’imagine que nous ne sommes pas Burundais. Nous sommes vraiment laissés à nous-mêmes. Seul Dieu pourra venir à notre aide », se lamente un jeune papa.

Plusieurs dizaines de familles ont dû fuir leur ménage, ont rapporté des sources locales.

L’administrateur de Mutimbuzi Siméon Butoyi dit que le recensement n’est pas encore terminé.

« Toute la colline de Kinyinya s’est vidée de ses habitants. Ils sont en train d’être reçus dans des sites aménagés à cette fin », a-t-il dit annonçant que le bilan des inondations sera connu ce vendredi.

La direction de la protection civile et de la gestion des catastrophes promet une solution dans les jours à venir.

« Le gouvernement a besoin de 20 millions de dollars pour construire des digues afin d’empêcher la rivière Rusizi de déborder et commettre des dégâts”, a indiqué le Général de brigade de police Anicet Nibaruta, son responsable.

Et de prévenir « les habitants des localités de Mushasha 1 et Mushasha 2 pourront étre définitivement délocalisés vers les provinces de Bujumbura et Rumonge (sud-ouest) ».

Lors des trois dernières années, au moins 10 personnes ont été portées disparues, près de 40 mille autres obligées d’être logées dans des sites pour déplacés suite aux inondations en zone de Gatumba. Au moins 7 mille habitants ont été délocalisés, leur lieu d’habitation étant dans une zone à très haut risque, selon un rapport du gouvernement burudais.

Cette année jusqu’en mai prochain, la région de l’Imbo dans laquelle se trouve la zone de Gatumba ainsi que celle de Mirwa devront connaître de fortes précipitations, selon l’institut national en charge de contrôle des phénomènes météorologiques.

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Photo : des habitants se déplacent à l’aide des barques dans une zone submergée par les eaux de la rivière Rusizi

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