Uvira : le leader Maï Maï Kijangala a quitté le maquis

Uvira : le leader Maï Maï Kijangala a quitté le maquis

Le Général autoproclamé Kijangala Magambo s’est rendu ce mercredi, selon sa version et celle du roi des Bafulero , et a été capturé par les militaires congolais, selon l’armée loyaliste. L’homme a souvent été cité comme collaborateur privilégié de la FDNB (Force de défense nationale du Burundi) et des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir le CNDD-FDD) dans la traque contre des rebelles burundais basés dans le Sud-Kivu ces dernières années. L’armée burundaise et les membres de la ligue des jeunes du parti présidentiel se rendaient dans cette région du Congo illégalement, avant que le Burundi et la RDC ne signent l’an dernier des accords bilatéraux permettant les soldats burundais de faire des opérations sur le sol congolais. (SOS Médias Burundi)

Dans un communiqué de ce jeudi, l’armée congolaise annonce avoir capturé le Général autoproclamé Kijangala Magambo. Le document indique qu’il a été attrapé le mercredi 12 avril vers 16h.

« Ce dernier se dirigeait à Mulenge en provenance de la localité de Kitoga dans le groupement de Lemera. Il a été capturé en compagnie de quelques combattants par les forces loyalistes au cours d’une opération de filature menée sous la supervision directe du commandant-secteur opérationnel Sokola 2 Sud Sud-Kivu, le Général major Ramazani Fundi », précise le communiqué qui ajoute que trois armes ont également été saisies.

« Cette arrestation a été menée en vue de réduire l’activisme des groupes armés dans la région et répondre à la volonté du commandant suprême des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) ,celle de pacifier l’est de la RDC », insiste le document.

Même si l’armée congolaise parle de capture, le concerné, ses proches et le roi des Bafulero Kalingishi Adam affirment que « Kijangala s’est rendu à l’Etat ».

Sur certaines photos, le Général autoproclamé Kijangala est vu avec le roi de la chefferie des Bafulero, une communauté dont il est membre, sur d’autres il est avec des rebelles, des représentants de la société civile locale et des chefs locaux.

SOS Médias Burundi a appris qu’il a quitté le maquis avec trois autres miliciens. L’homme et son groupe sont soupçonnés d’avoir commis plusieurs exactions dans le Sud-Kivu. Il s’agit entre autres des enlèvements, des tueries de civils, du pillage de bétail, du braquage sur la route nationale numéro 5 (RN5) reliant la ville d’Uvira au chef-lieu du Sud-Kivu, Bukavu ainsi que beaucoup d’autres actes de violation des droits humains.

De décembre 2020 jusqu’à la signature des accords bilatéraux entre la RDC et le Burundi, le Général autoproclamé Kijangala Magambo a collaboré avec l’armée burundaise et les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, le parti au pouvoir qui faisaient des incursions illégales sur le territoire congolais dans le but de traquer les rebelles burudais des groupes armés Red Tabara et les FNL du Général autoproclamé Aloys Nzabampema. SOS Médias Burundi a vérifié les informations auprès des militaires, des Imbonerakure et des familles des concernés ainsi qu’auprès des sources locales et sécuritaires au Congo.

« Il n’a pas beaucoup de combattants. Mais ils maîtrisent la zone et jusqu’à présent, il y a pas mal d’Imbonerakure dans sa milice », disent nos sources dans le Sud-Kivu.

La société civile locale se réjouit et exige que justice soit faite.

« Il doit être jugé pour ses actes. Comme ça, les autres chefs rebelles verront que leurs crimes ne resteront pas impunis », dit Bernard Kadogo, un représentant de la société civile dans la plaine de la Rusizi où opèrent les Maï Maï Kijangala.

Selon nos sources, Kijangala Magambo a beaucoup de biens au Burundi dont des maisons dans la zone de Gasenyi dans le nord de la ville commerciale Bujumbura.

« Une de ses femmes habite la capitale économique du Burundi et est protégée par les services de sécurité burudais », rassurent nos sources.

Pour le moment, il est détenu par l’armée congolaise à Uvira. Les responsables des FARDC n’ont pas encore communiqué sur son sort. Il y a quelques mois, le président burudais Évariste Ndayishimiye avait demandé aux groupes armés locaux et étrangers dans l’est du vaste pays de l’Afrique centrale de « déposer les armes » et concouru à l’aide des chefs coutumiers. Mais plusieurs mouvements rebelles qui se qualifient de « groupes d’autodéfense » dont des factions Maï Maï ont confié à SOS Médias Burundi que « nous ne déposerons les armes que quand tous les groupes armés étrangers dont d’origine burundaise, ougandaise et rwandaise qui menacent nos frères et sœurs et nos parents auront retourné chez eux ». Le président Neva a agi en sa qualité de président en exercice de l’EAC.

Le Congo peine toujours, malgré la présence d’une force militaire de la communauté Est-Africaine et de la plus décriée mission de l’ONU, la Monusco, à restaurer la paix et la sécurité dans sa partie Est, très riche en minerais.
Dans sa visite à Kinshasa, la capitale de la RDC fin janvier et début février cette année, le Pape François qui a annulé son déplacement sur Goma, la capitale du Nord-Kivu en raison des affrontements entre l’armée loyaliste et les rebelles du M23 a estimé que « la communauté internationale s’est résignée à la violence qui dévore le peuple congolais », réconfortant les victimes des atrocités commises dans l’Est du vaste pays de l’Afrique centrale que « Votre souffrance est ma souffrance ».

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Photo : de droite à gauche, le Général autoproclamé Kijangala Magambo quatrième au milieu des chefs locaux, des rebelles et représentants de la société civile, DR

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