Affaire-Bunyoni : c’est une guerre entre deux titans (Frédéric Bamvuginyumvira)

Affaire-Bunyoni : c’est une guerre entre deux titans (Frédéric Bamvuginyumvira)

Lundi, la porte-parole du procureur général de la République a annoncé que la justice burundaise poursuit l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, atteinte à l’économie nationale et abus du pouvoir pour intérêts personnels indus ». Pour l’ancien vice-président de la République Frédéric Bamvuginyumvira, il s’agit d’une guerre entre deux titans, le chef de l’État voulant être le seul « maître et contrôleur » pour faire main basse sur le Burundi. (SOS Médias Burundi)

Dans son analyse, l’ancien vice-président de la République Frédéric Bamvuginyumvira émet des considérations par rapport au contexte actuel.

« La vision du CNDD-FDD depuis 2005 jusqu’en 2020 , nous avons le pouvoir de Nkurunziza qui a régné sur le Burundi pendant 15 ans. La vision du CNDD-FDD était une vision très simple mais évidemment qui tranchait d’avec ce que nous avions eu comme message politique du CNDD-FDD. Pour eux , c’est comment faire main basse sur le Burundi. Et de 2020, nous avons constaté un changement de pouvoir, il passe de Nkurunziza au Général Évariste. À observer le comportement du Général Évariste, on voit qu’il a le souci de remplacer non pas le système du CNDD-FDD mais les hommes de Nkurunziza par ses hommes pour renforcer ou animer ce système. Je crois que c’est ça plutôt le véritable conflit entre les deux personnalités », estime M. Bamvuginyumvira.

« Visiblement, Bunyoni faisait partie de la classe de Nkurunziza alors qu’Évariste qui a été amené par les militaires voudrait créer un système à lui avec des hommes, des femmes à lui mais en animant le même système », poursuit-il.

Pour Frédéric Bamvuginyumvira, les faucons du CNDD-FDD utilisent les lois et textes quand ils en sentent le besoin.

« Maintenant, le mécanisme utilisé c’est parler des lois , de la constitution mais une constitution et des lois qui sont utilisées uniquement quand ils en sentent le besoin. Sinon par rapport à cette politique de corruption, de détournement de fonds publics, de gabegie, de concussion, de trafic d’influence, c’est un système qui est là », continue d’expliquer l’ancien vice-président aujourd’hui en exil.

« […], ils s’engagent à voler et ils ne voudraient pas que les gens qui voudraient les contrôler aient une référence quelque part », enfonce-t-il citant le chef de l’État qui a dit après son investiture que « nous avons constaté que nous avons beaucoup de richesses et nous n’avons pas assez de temps pour comptabiliser tout ça et en plus ce que possède quelqu’un c’est son propre secret », pour justifier son refus et celui des dignitaires censés déclarer leurs biens avant leur entrée en fonction, de remplir cette tâche.

M. Bamvuginyumvira trouve que le chef de l’Etat est concerné par les deux derniers chefs d’accusations qui sont reprochés au Général de police Alain Guillaume Bunyoni.

« […], atteinte à l’économie nationale, abus du pouvoir pour intérêts personnels, et Évariste et Bunyoni et d’autres généraux sont concernés par cela. Les exemples sont légion. Nous avons beaucoup de problèmes, les deux hommes cherchent à s’entraccuser. Évariste cherche à éliminer Bunyoni pour qu’il ait un terrain libre de s’enrichir de façon illicite, les indices sont là. Autrement dit ,c’est une guerre entre deux titans qui veulent absolument s’approprier les biens de l’Etat, donc faire complètement main basse sur le Burundi. Et Évariste est en train de tout faire pour être le maître et contrôleur », tranche Frédéric Bamvuginyumvira.

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Appréhendé dans la zone de Mubone en commune de Kabezi dans la province de Bujumbura (ouest) le 21 avril dernier, selon les autorités burundaises, l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni risque jusqu’à 30 ans d’emprisonnement si les crimes qui lui sont reprochés sont prouvés.

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Photo : Frédéric Bamvuginyumvira/ RFI

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