Affaire-Bunyoni : les péchés de l’ancien premier ministre, ce que nous savons

Affaire-Bunyoni : les péchés de l’ancien premier ministre, ce que nous savons

L’ancien premier ministre du Burundi Alain Guillaume Bunyoni devrait être présenté au procureur général de la République ce jeudi. Il sera auditionné entre autres sur ses maisons louées par le ministère en charge de la sécurité qu’il a dirigé entre 2007 et 2011 et 2015 et 2020, la police burundaise ayant été citée dans beaucoup de bavures surtout lors de la deuxième période. Human Rights Watch a appelé mercredi les autorités burundaises à « assurer un procès équitable à Alain Guillaume Bunyoni » tout en souhaitant la présence de « procureurs libres et observateurs indépendantes » dans cette affaire. (SOS Médias Burundi)

Selon des sources judiciaires dans la ville commerciale Bujumbura, l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni sera interrogé sur quatre points essentiellement : ses maisons louées par le ministère en charge de la sécurité, le refus d’aller loger au palais réservé aux premiers ministres jusqu’à sa destitution, la désobéissance contre le chef de l’État et se rebeller contre lui. Il devra aussi s’expliquer sur la vente d’un avion de l’État qui a eu lieu en 2021.

SOS Médias Burundi a eu connaissance d’une seule maison appartenant au Général Bunyoni, louée par les services de la PNB (Police nationale du Burundi). Elle est située à Sororezo dans la ville commerciale Bujumbura.

Pour ce qui est de la désobéissance au chef de l’État, nos sources ne donnent pas les détails. Mais des sources proches du CNDD-FDD, le parti présidentiel disent que « Bunyoni n’obéissait plus aux ordres du président Ndayishimiye quelques jours avant son limogeage ».

Concernant la dernière accusation, Alain Guillaume Bunyoni n’avait pas été beaucoup cité dans cette affaire. Cette vente a coûté le poste à l’ancienne ministre en charge du commerce Immaculée Ndabaneze. Celle-ci a été limogée début mai 2021. Elle a été accusée d’avoir vendu le seul avion de la compagnie Air Burundi , un Beechcraft 1900, à des hommes d’affaires sud-africains sans l’aval du gouvernement.

Le bureau du président Neva avait annoncé que ses actes risquaient de « compromettre l’économie du pays et ternir l’image du Burundi ».

Si les crimes qui sont reprochés au Général Bunyoni sont prouvés, il risque 30 ans d’emprisonnement. Ce mercredi, son épouse a été convoquée par la justice burundaise, selon nos sources.

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C’est le président de la CNIDH (Commission nationale indépendante des droits de l’homme) qui l’a accompagnée. Sixte Vigny Nimuraba se trouve aussi être la seule personne à avoir vu l’ancien premier ministre et s’être entretenu avec lui, en dehors des agents du SNR (Service national de renseignements) qui mènent les investigations, depuis son interpellation.

La fille aînée de l’ancien rebelle Hutu, Darlene Bunyoni a qualifié sur Twitter, de « kidnapping », l’arrestation de son père, expliquant qu’il n’y a jamais eu de mandat d’arrêt dans l’affaire Bunyoni et déplorant le fait que sa famille a été « prise en otage pendant plusieurs jours ».

« La justice ne devrait pas être tributaire de manœuvres politiques et de luttes internes au parti (le CNDD-FDD). Les décisions d’entamer des poursuites judiciaires devraient être prises sur la base d’éléments de preuve recueillis dans le cadre d’enquêtes criminelles complètes et indépendantes, et par des procureurs libres de toute ingérence politique. Pour que le processus soit transparent et crédible, Alain Guillaume Bunyoni devrait bénéficier d’un procès équitable en présence d’observateurs indépendants, et être traité conformément aux règles et principes juridiques établis, notamment en ce qui concerne l’accès à son avocat et à sa famille », a déclaré Human Rights Watch ce mercredi.

Selon Human Rights Watch, l’arrestation de l’ancien premier ministre du Burundi, Alain Guillaume Bunyoni, devrait être suivie d’une enquête judiciaire complète sur les abus des forces de sécurité du pays commis lorsqu’il était en poste, dans l’optique de mener des poursuites et un procès équitable contre toute personne reconnue responsable de crimes graves.

L’organisation de défense des droits humains estime que « les circonstances opaques de l’arrestation de Bunyoni sont caractéristiques de la manière dont les affaires politiques sont souvent traitées au Burundi ».

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Photo d’archives : Alain Guillaume Bunyoni, ancien premier ministre du Burundi détenu par le service national des renseignements à Bujumbura

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