Kirundo : libération provisoire de l’élève Christelle Ndayishimiye

Kirundo : libération provisoire de l’élève Christelle Ndayishimiye

Christelle Ndayishimiye, élève en troisième année de Langues au lycée communal Mugendo en commune de Ntega a bénéficié d’une libération provisoire ce dimanche 16 juillet. Elle avait été condamnée par le tribunal de grande instance de Kirundo (nord du Burundi) pour divulgation d’un secret professionnel. (SOS Médias Burundi)

Selon des sources proches du parquet de Kirundo, c’est le samedi 15 juillet qu’une injonction a été donnée par téléphone au procureur de la République à Kirundo. Jean Claude Ndemeye a aussitôt suspendu le jugement contre Christelle Ndayishimiye. Celle-ci a alors été ramenée à Kirundo le lendemain après avoir passé quelques jours à la prison centrale de Ngozi.

« C’est ridicule. Nous avons appris que la décision rendue par nos juges a été annulée. D’ailleurs il se pourrait que le cas soit déjà connu à la présidence de la République. Mais je ne sais pas si l’annulation du jugement a été décidée par le cabinet du président », s’est offusqué un membre du parti au pouvoir.

Selon une source au sein du cabinet du gouverneur de Kirundo, Christelle Ndayishimiye a par la suite subi un interrogatoire devant le gouverneur, le responsable provincial des renseignements, le commissaire de police provincial ainsi que la directrice provinciale de l’enseignement à Kirundo.

Les juges Benoît Ntisumbwa, Jean-Pierre Sikubwabo et Joël Nibizi qui ont ordonné la détention injuste de Christelle Ndayishimiye

Après quelques heures d’interrogatoire, le gouverneur, accompagné du commissaire provincial de police, a acheminé l’élève Christelle Ndayishimiye en commune Ntega où elle était attendue par l’administrateur communal et sa famille.

Une affaire qui divise les membres du parti présidentiel en commune Ntega

Ce dossier qui est sur toutes les lèvres et qui fait la Une des médias et le buzz sur les réseaux sociaux, commence à diviser les militants du CNDD-FDD. Certains souhaitent la transparence et l’impartialité totale, tandis d’autres veulent dissimuler le nœud du problème.

« Nous sommes totalement contre la justice rendue à l’endroit de notre élève. Nous avons connu la réalité mais certains d’entre nous veulent fausser les enquêtes », a fait savoir un administratif de Ntega, membre du CNDD-FDD.

Rappel des faits

Des sources concordantes indiquent que le conflit date du mois d’avril dernier. L’ancien directeur du lycée Mugendo, Oscar Nemeyimana, avait à plusieurs reprises demandé d’entretenir des relations sexuelles avec cette jeune fille de la classe terminale du niveau fondamental. Il lui a envoyé des messages sur son téléphone qui exprimaient explicitement ces avances. Selon des sources de SOS Médias Burundi, l’élève, submergée par ces propositions, a pris la décision de se plaindre auprès du directeur communal de l’enseignement et auprès de l’administrateur communal à Ntega, mais rien n’a été fait.

Oscar Nemeyimana, accusé d’avoir plusieurs reprises demandé d’entretenir des relations sexuelles avec jeune fille Christelle Ndayishimiye

C’est alors que l’affaire s’est propagée au sein du corps professoral. Certains enseignants ont commencé à réclamer l’arrestation du directeur, ce qui l’a poussé à prendre fuite. Oscar Nemeyimana a passé deux mois en cachette à Bujumbura (capitale économique) et est retourné à Ntega au mois de juin. Mais comme il avait déjà été remplacé à son poste de directeur, il a été muté à l’école fondamentale Rushubije dans cette même commune comme simple enseignant.

Selon des sources au sein de la direction communale de l’enseignement, dès son retour, Oscar Nemeyimana avait tenté de faire chasser le préfet des études du lycée Mugendo, qui était, selon nos sources, parmi ceux qui réclamaient l’appréhension du directeur. C’est pourquoi certains Bagumyabanga (nom attribué aux militants du parti présidentiel) de Ntega ont commencé à manipuler des élèves Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) de ce lycée pour accuser l’élève Christelle d’avoir reçu des réponses d’examens à l’avance de la part du préfet des études, en complicité avec un autre enseignant du nom de Bonaventure Misago.

Incarcération de Christelle Ndayishimiye, du préfet des études, Gérard Bigirimana et du professeur Bonaventure Misago

Les trois ont alors été arrêtés et emmenés au cachot de la commune de Ntega, où ils ont passé plus d’une semaine, avant d’être transférés au cachot du parquet de Kirundo.

« Nous ne savons pas pourquoi les juges ont fait comparaître Christelle Ndayishimiye, alors qu’ils étaient à trois dans cette affaire montée de toutes pièces », regrette un proche de la famille de l’élève.

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Les informations qui nous sont parvenues ce lundi parlent de l’appréhension de cet ancien directeur Oscar Nemeyimana la semaine dernière. Selon ces sources, il est locataire de la prison centrale de Ngozi ainsi que les deux autres hommes cités dans l’affaire, depuis le 16 juillet dernier.

La population de Kirundo réclame la justice et demande au chef de l’Etat burundais de suivre de près le dossier car, selon des sources proches du tribunal, certains cadres du parti présidentiel veulent s’immiscer dans le dossier, surtout que cet ancien directeur, membre de la ligue des Imbonerakure est cité dans de nombreux dossiers de violations des droits de l’homme en commune Ntega depuis 2015 qui pourraient éclabousser du monde autour de lui.

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Photo d’illustration : le chef-lieu de la commune de Ntega

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