Rêves de Baregeya-droits humains au Burundi : ce sont les humains qui sont droits!

Rêves de Baregeya-droits humains au Burundi : ce sont les humains qui sont droits!

Des Burundais avec un taux de satisfaction inférieur à la normale. Le bien-être qui n’existe que dans les mots et des droits humains mal définis. Voilà ce qui pousse Baregeya à rêver. Rêver parce que ce sont des droits tant chantés, vantés, mais la réalité est tout autre.

Chronique par Mahoro, (SOS Médias Burundi).

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Droit ! Droit ! Tout est droit ! Voyez-moi ces lignes ! Où suis-je ? Dans le royaume des merveilles, où tout est droit. Je me souviens de ces théorèmes appris en 1ère année secondaire. Par deux points distincts du plan passe une et une seule droite parallèle à la première. Là où je suis, je vois une ville extraordinaire avec des points distincts. Ces points portent des noms : Bwiza-Jabe, Gasenyi, Ngagara, Kamenge, Nyakabiga, Gihosha, etc.

Mon Dieu ! Il y a un parc qui sépare un autre endroit semblable à celui que je viens de citer. Là aussi tout est droit : Musaga, Kanyosha, Ruziba, Kinindo, et bien d’autres. Pour aller d’un endroit à l’autre, il est interdit, voire impossible, de mettre le pied dans le merveilleux parc.

De ces points, je vois des lignes parallèles. En bas à 200 m, une autre ligne part d’un immeuble flou, marqué Regideso, direction commerciale.

Tantôt, un objet roulant non identifié ressemblant à un minibus vient et transporte deux ou trois dizaines de personnes sur la droite. Je vois de la fumée. Peut-être que c’est une bénédiction comme je le voyais à l’époque lors des fêtes quand j’étais encore de l’Eglise catholique romaine. Mais les droites ne font que grandir au fil des heures.

A l’est du côté droit, se trouve une droite devant une maison marquée « Alimentation ».

Au bout de quelques pas sur une avenue, je vois une droite interminable de choses qui ressemblent à des véhicules. Partout où je passe, je ne vois que des droites. Tout est droit, tellement que je vois même la population, tous âges, toute droite en train de faire la parade militaire.

Que du droit dans ce pays.

Rêve et tais-toi

Finalement je rêvais. Tout ce que je voyais c’était des personnes qui attendaient les bus de transport au parking desservant le nord et le sud de Bujumbura. Le parc qui les sépare ce sont les ruines de l’ancien marché incendié, il y a 10 ans.
Les autres font la queue pour acheter des unités du courant électrique, tandis que d’autres cherchent du sucre sur l’unique point de vente dans une zone. Ils se chiffrent par milliers. Des véhicules forment des files indiennes à la recherche du carburant, sans espoir.
Sur des robinets publics, les personnes de tous âges se bousculent pour puiser de l’eau. On en manque cruellement dans les quartiers. Ce que j’ai vu aussi, ce sont les fameux Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti de l’aigle qui sont sommés de faire le défilé militaire. Tout est droit ici. Au retour d’Angéline Ndayishimiye de New York, toute la population a été sommée d’aller acclamer celle qui venait de recevoir un prix du FNUAP (l’Agence onusienne en charge des questions de santé sexuelle et reproductive). On n’a pas pensé à ces pauvres mamans qui doivent travailler durement pour vendre leurs fruits pour avoir un peu de farine pour les enfants le soir.

Pas de droit de vivre, contentez-vous de vivoter !

« Vous pouvez passer tout un mois sans qu’une personne soit tuée sur toute l’étendue du territoire. Les Burundais mangent à leur faim et dorment à poings fermés. Quand je vais à la messe, aucun enfant ne souffre de kwashiorkor. Les Burundais circulent librement. Des véhicules circulent à n’importe quelle heure dans tout le pays, … », a ainsi décrit Neva un Burundi qui ferait rêver les plus sceptiques.
M. le président, avec tout le respect que je vous dois, vos mensonges révoltent plus d’un. Comment osez-vous dire qu’il n’y a pas d’enfants qui souffrent de malnutrition au Burundi ? Que font alors ces dizaines d’ONGs qui interviennent dans l’alimentation ? Ces enfants qui ne vont plus à l’école faute de nourriture à la maison ? Pourquoi les cantines scolaires ?

Des gens meurent de faim et le président, tout comme ses subalternes, ne fait que débiter des mots dignes de ceux qui ne manquent de rien, le ventre bedonnant, et qui se foutent du reste. Rien d’étonnant car ils ont tous l’intendance et des caisses qu’ils gèrent à leur gré.

Au Burundi, pas de droit d’avoir des soins de santé aisément, faute d’ambulances, et le peu qu’il y a manquent de carburant, tout comme des médicaments qui ne parviennent pas aux centres de santé, faute de véhicules.
Pas de droit d’avoir du sucre pour la bouillie des enfants, encore moins une limonade de la Brarudi (Brasserie et limonaderie du Burundi).
Au Burundi, les droits humains sont respectés, sauf ceux de se présenter au travail, faute de moyen de déplacement. Les droits humains dont on parle ici n’autorisent pas de vélo, de moto ou de tricycle dans une capitale économique (sans économie) qui n’a pas de carburant.
Que dire de ces droits humains dans des villes avec des quartiers entiers sans eau ni électricité ?
Sans parler des simples citoyens quotidiennement assassinés, torturés et injustement incarcérés, jugez vous-mêmes et dites : « Bonjour les droits humains à l’envers».
Des gens meurent de faim et le président, tout comme ses pages ne font que dire des mots dignes de charognards qui rongent leur peuple jusqu’à la moelle de l’os. Rien d’étonnant car ils ont tous l’intendance et des caisses qu’ils gèrent à leur gré, sans parler des véhicules dernier cri achetés avec l’argent du pauvre contribuable.
Voilà les droits humains dont Neva se vante.

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