Affaire-Jérôme Niyonkuru : un activiste dénonce une détention illégale et arbitraire

Affaire-Jérôme Niyonkuru : un activiste dénonce une détention illégale et arbitraire

Le caporal chef de police Jérôme Niyonkuru est poursuivi pour « imputation dommageable et dénonciation calomnieuse », a annoncé un porte-parole de la police burundaise mardi. Mais pour Maître Janvier Bigirimana, président de Tournons la page-Burundi, la détention de cet agent qui a dénoncé publiquement la corruption dans les services de la mairie et de la police en charge de la sécurité routière, est « illégale et arbitraire ». (SOS Médias Burundi)

Retenu dans un cachot de la police judiciaire dans la ville commerciale Bujumbura depuis samedi dernier, le caporal chef de police Jérôme Niyonkuru pourrait être condamné à une peine allant jusqu’à 5 ans de prison. Un porte-parole de la PNB (Police nationale du Burundi) a annoncé mardi qu’il est entre autres poursuivi pour « imputation dommageable et dénonciation calomnieuse ».

Détention illégale et arbitraire

Selon Maître Janvier Bigirimana, président de Tournons la page-Burundi, la détention du policier est illégale.

« Nous constatons qu’il y a eu une violation des droits de ce policier. D’abord, ce qu’il a dit est une vérité qui est contenue dans plusieurs rapports notamment de l’inspection générale mais aussi d’autres organisations qui ne cessent de signaler qu’il y a la corruption qui gangrène certaines institutions de l’Etat et la police vient en tête. Deuxièmement, les propos de ce policier convergent avec ceux qui sont régulièrement tenus par le chef de l’État . Donc, le fait qu’un policier répète ce que le chef de l’État dit tous les jours, à mon avis ce n’est pas une infraction », analyse Maître Bigirimana.

Pour lui, les services en charge de lutter contre la corruption et les malversations économiques devraient approcher ce policier pour lui demander des informations pertinentes en rapport avec ses constats, les propos qu’il a tenus.

Désiré Nduwimana, le porte-parole de la PNB est clair.

« Le caporal chef de police Jérôme Niyonkuru a fait ce qui ne lui était pas permis de faire, il a d’ailleurs esquivé son service habituel officiellement reconnu », a-t-il accusé dans une brève communication avec deux médias locaux mardi après-midi dans la ville commerciale Bujumbura.

Quid de la constitution burundaise ?

La constitution burundaise et certaines lois en rapport avec la lutte contre la corruption interpelle tout citoyen à dénoncer des cas de corruption qui sont portés à sa connaissance, rappelle l’activiste.

« […], dans un État soucieux de la protection du bien commun, public, il aurait été approché…mais le contraire c’est ce qui fait la réalité des institutions burundaises. Nous avons des institutions qui sont impliquées dans la corruption à grande échelle », poursuit Janvier Bigirimana.

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Le porte-parole de la police a souligné que le détenu a transgressé la loi en accusant à tort le corps : « s’il avait identifié un policier quelconque corrompu, il aurait averti les instances habilitées pour suivre le cas. S’il pouvait prouver ça, il aurait aidé le corps pour lutter contre la corruption ».

Infractions fallacieuses

Il est reproché à l’agent Niyonkuru deux infractions: « l’imputation dommageable et la dénonciation calomnieuse ». Deux infractions qui ne peuvent en aucun cas être considérées dans le cas d’espèce, selon le président de Tournons la page-Burundi.

« […], le policier en question n’a visé aucune personne, moins encore aucune autorité précise. Il est très important de préciser que les articles 264 et 267 ( du code de procédure pénale au Burundi) disent que ces infractions ne peuvent pas être commises lorsqu’elles ne portent pas atteinte à la dignité ou l’honneur ou encore la considération d’une personne bien déterminée », dit-il.

« Dans le cas d’espèce, nous pensons qu’il serait erroné de retenir l’imputation dommageable ou la dénonciation calomnieuse pour des faits qui, d’une part sont avérés, d’autre part qui sont aussi repris dans les déclarations du chef de l’État…Et enfin des faits qui ne concernent aucune personne bien précise. C’est pour cela que la détention de ce policier est une détention illégale et arbitraire », tranche l’activiste aujourd’hui en exil.

L’agent Jérôme Niyonkuru était affecté à la police judiciaire jusqu’à son interpellation. Il risque jusqu’à 5 ans d’emprisonnement si les crimes qui lui sont reprochés sont prouvés.

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Photo : Jérôme Niyonkuru, policier détenu dans un cachot de la police judiciaire pout avoir dénoncé publiquement la corruption dans les services de la mairie et de la police en charge de la protection routière

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