Burundi : le prix du carburant revu à la hausse deux fois en moins de deux mois

Burundi : le prix du carburant revu à la hausse deux fois en moins de deux mois

Le prix d’un litre d’essence passe de 3895 francs burundais à 4550, soit une hausse de 665 francs. Celui du gasoil passe de 3795 à 4250 francs, soit une augmentation de 455. La mesure a été annoncée par le ministre en charge de l’énergie Ibrahim Uwizeye, ce lundi après-midi. Il évoque « une situation provoquée par la conjoncture mondiale économique ». (SOS Médias Burundi)

La décision a été annoncée dans un point de presse qui s’est tenu dans la ville commerciale Bujumbura. Le ministre Ibrahim Uwizeye a expliqué que « cette hausse est due à celle du baril sur le marché international ».

M.Uwizeye a déclaré que son ministère observe depuis un certain temps la perturbation dans l’approvisionnement du carburant sur le marché international, régional et national, consécutive à la conjoncture économique mondiale.

« Le carburant n’étant pas produit au niveau local, et les prix étant fixés au niveau mondial, le Burundi subit des chocs exogènes liés aux variations du prix sur le marché international », a-t-il commenté.

Efforts énormes

Selon le ministre, les autorités burundaises ont tout fait pour éviter une hausse exagérée.

« Le gouvernement a abandonné les taxes pour alléger la hausse des prix des produits pétroliers sinon par exemple le gasoil reviendrait à un prix très exorbitant si on avait pas fait ces efforts énormes », a-t-il insisté parlant de « mesure responsable qui prend en compte les intérêts des citoyens burundais ».

Déplacements inutiles et changement de comportement

« Il faut éviter des déplacements inutiles, si tu as quatre voitures, gares trois à la maison ou vends-les et restes avec une seule voiture. Nous devons nous habituer à cette situation qui est d’ailleurs mondiale », a conseillé le ministère Ibrahim Uwizeye.

Et de continuer : « nous devons nous habituer et changer de comportement. Il y a des familles où l’homme conduit sa propre voiture, la femme et l’enfant autant. Mettez-les dans une seule voiture et va travailler. Si ce n’est plus possible, prenez le bus, quand vous arrivez au parking central, marchez jusqu’à votre lieu de travail ».

Il a ajouté que malgré les efforts consentis, la révision des prix du carburant est devenue impérative pour « garantir le fonctionnement normal des institutions et le transport des biens et des personnes ».

Désolation

Dans la ville commerciale Bujumbura, beaucoup d’habitants disent « craindre la montée des prix d’autres produits de première nécessité et du ticket de transport ».

« Le gouvernement devrait avoir pitié de nous. Vous vous rendez compte que cette hausse intervient en moins de deux mois pour une population qui croupit dans la misère. La vie va être intenable. Nous allons avoir des problèmes pour nous déplacer, nourrir nos enfants et faire vivre nos familles. Cette hausse aura des conséquences sur tout notre quotidien, même le logement. Déjà, aujourd’hui se déplacer de Bujumbura vers l’intérieur du pays c’est comme si on se rendait au Kenya », se désolent des citadins qui demandent au gouvernement de revoir la mesure.

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Pour des transporteurs et des propriétaires de véhicules assurant le transport en commun, « le gouvernement doit appliquer de nouveaux tarifs ».

La dernière hausse des prix des produits pétroliers remontait au mois de juillet dernier, après une longue période de pénurie de ces produits considérés par des experts comme moteur de l’économie nationale et qui restent toujours rares sur le marché.

La petite nation de l’Afrique de l’est connaît une hausse vertigineuse des prix des produits sensibles ces derniers temps, la population estimant être « laissée à elle-même ».

Des experts locaux ont appelé les autorités burundaises à convoquer une table ronde de tous les intervenants dans le secteur-carburant pour trouver une solution durable à la crise-carburant qui perdure depuis plus de dix huit mois.

« C’est une problématique qui se pérennise. Nous sommes devenus la risée. Les Burundais veulent avoir et voir le carburant ici et non dans les stocks à Dar-es-Salaam. Même le Congo, un pays en crise que nous aidons en matière de sécurité n’a pas de problème pour importer le carburant », s’insurgeait Faustin Ndikumana, président de PARCEM, une ONG qui milite pour la bonne gouvernance,en juillet dernier.

Pour Noël Nkurunziza, secrétaire général de l’Association burundaise des consommateurs (ABUCO), « il est très regrettable que les prix sont toujours revus à la hausse sans que le consommateur burundais ne soit consulté ».

« Avec le pouvoir d’achat du consommateur burundais aujourd’hui et cette hausse de prix, il lui est impossible de vivre », se désole-t-il.

Avis des autorités

À plusieurs reprises, le président Évariste Ndayishimiye et d’autres hautes autorités dont le président de l’Assemblée nationale Daniel Gélase Ndabirabe ont affirmé que « le Burundi est un paradis » disant que les peuples des pays frontaliers souffrent du manque de denrées alimentaires et de la montée exagérée de leur prix jusqu’à ce qu’ils viennent « rafler les produits burundais à des prix très raisonnables » .

Les deux ont, à des moments différents déclaré que « le Burundi n’a pas besoin de devises (dollars américains), les Burundais utilisant le franc burundais pour acheter ce dont ils ont besoin sur le marché local ».

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Photo d’illustration : des conducteurs de taxis-motos transportent sur la tête les réservoirs de leurs engins à la recherche du carburant dans la ville commerciale Bujumbura

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