Muyinga-Kirundo : trois semaines sans une goutte d’essence
Des responsables des stations-service des provinces Kirundo (nord du Burundi) et Muyinga (nord-est) affirment qu’ils viennent de passer trois semaines sans la moindre goutte d’essence. Les stocks de l’État à Bujumbura la capitale économique ne peuvent pas servir tous les partenaires. Ils déplorent le fait de dépendre du stock du gouvernement au lieu de pouvoir se faire servir par des partenaires privés. (SOS Médias Burundi)
Des station-service manquent d’essence. « Nous n’avons que du carburant de type diesel. Seuls les gros véhicules et les véhicules de services sont servis car ils utilisent ce type de carburant », signale un responsable d’une station-service au centre urbain de Muyinga.
A Kirundo, la situation est similaire.
« Nous sommes fatigués par cette situation de pénurie d’essence. C’est la première fois que nous venons de passer plus de trois semaines sans essence. La vie devient difficile. Nos véhicules restent garés à la maison », déplore une fonctionnaire du centre de Kirundo.
spéculation
Cette pénurie a pour première conséquence la spéculation sur le produit.
Un litre sur le marché noir coûte 13 000 francs burundais (presque le triple de son prix officiel). Une bouteille en plastique d’un litre et demie vaut entre 18 000 et 20 000 francs.
Dans certaines communes comme Bwambarangwe et Butihinda, des fraudeurs rapportent le carburant de la Tanzanie. Des policiers en profitent beaucoup de cette situation, selon des témoins.
« Les policiers nous ravissent ce que nous rapportons de la Tanzanie voisine quand ils nous attrapent. Ou alors ils nous imposent illégalement une somme équivalente au prix du carburant , soit ils partent avec ce produit pour le vendre ailleurs », explique en colère un jeune commerçant de Mukenke en commune Bwambarangwe.
Répercussions sur le prix du ticket de transport
Autre conséquence, la montée exponentielle du prix du ticket de transport.
« Nous sommes trop fatigués par cette situation. Aujourd’hui pour les taxi-voitures nous payons une telle somme et demain ce sera autre chose », s’insurge un habitant.
Les taximen fixent les prix du transport en fonction de celui du carburant sur le marché noir. Tantôt de Muyinga à Ngozi ou de Kirundo à Ngozi (province vosine), la distance étant la même, le ticket est entre 15 000 et 20 000 francs.
« En temps normal le même trajet est payé entre 7000 et 8000 francs », précise un habitant de Muyinga.
Des taxis-motos ont également pratiquement triplé les prix pour les déplacements.
« Un petit trajet d’un kilomètre coûte 2 000 francs. C’est terrible », regrette une femme.
« Pour aller à l’église, je dois payer au moins 4 mille francs aller-retour, alors qu’avant ces histoires de pénurie, je ne payais que 1 000 francs aller-retour », ajoute cette sexagénaire.
Un responsable d’une station-service révèle que leurs patrons ne sont pas servis en essence à Bujumbura car ils s’approvisionnent dans les stocks de l’Etat. Ce dernier est incapable de satisfaire tous ses clients.
Or à Bujumbura (ville commerciale), les stations-service qui sont approvisionnées par des entreprises non étatiques sont servies sans aucun problème, selon eux.
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Photo : une station-service prise d’assaut par des clients à la recherche du carburant introuvable à Kirundo
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