Photo de la semaine : le camp de Nduta inondé par des excréments humains
L’administration du camp de Nduta s’est opposée à la reconstruction de latrines remplies, de même qu’elle s’est refusé à les faire vider. Les conséquences ne se sont pas fait attendre, puisque les latrines ont débordé, inondant le camp d’excréments. Les réfugiés redoutent des maladies, voire des épidémies comme le choléra. (SOS Médias Burundi)
Au village 9 de la zone 14, au moins une cinquantaine de latrines, qui étaient déjà mal construites, selon les réfugiés, sont totalement pleines, et les déchets humains se déversent dans les habitations. Pour cause, l’administration a refusé aux réfugiés de refaire ces toilettes.
« En tout cas, c’est vraiment cynique et ce constat est très triste. Le chef du camp nous dit d’aller construire de belles latrines chez nous. C’est une façon de se moquer de nous. On trouve des excréments partout. Et certaines entrées sont bouchées. Les mauvaises odeurs fusent de partout », se plaignent des réfugiés.
Dans les villages 12, 13 ou encore 15, le constat est le même. Les réfugiés appellent au secours.
« Nous redoutons des maladies des mains sales car les enfants peuvent s’amuser à jouer dans ces eaux déversées par les toilettes. Et puis, on n’a plus là où nous soulager. Certains d’entre nous supplient leurs voisins pour partager les toilettes. Mais là aussi, même si quelqu’un ne peut pas te refuser, cela présage qu’il craint que sa latrine ne se remplisse très rapidement », disent des réfugiés burundais exaspérés.
Certains, malins, préfèrent creuser de simples fosses faciles à camoufler pendant la nuit. « On ne peut pas dépasser un mètre de profondeur car on a peur et on ne fait que les couvrir avec un sac usé ou un tissu en guise de murs», font-ils savoir.
La Norwegian Refugee Council, une organisation norvégienne qui s’occupe du volet assainissement, a plaidé pour ces réfugiés, mais l’administration du camp affiche un refus catégorique.
« NRC est revenue vers nous pour nous dire que sa demande a été rejetée, donc que nous devons trouver d’autres solutions alternatives », laissent-ils entendre, se demandant « de quelles solutions alternatives il peut s’agir pour remplacer les toilettes ».
Ces mesures sont qualifiées de draconiennes par les réfugiés.
« Il y en a même qui sont emprisonnés, accusés d’avoir creusé une fosse pour pouvoir se soulager, d’autres se sont vus sur les listes de ceux qui vont être rapatriés pour refus d’ordre. Donc, un simple soupçon vaut le rapatriement forcé », dénoncent-ils.
« C’est une stratégie qui s’ajoute sur une longue liste de mesures en violation de nos droits pour nous forcer de rentrer au Burundi. Mais nous n’allons pas désarmer, nous allons continuer de dénoncer cela et attirer l’attention de la communauté internationale qui semble faire la sourde oreille », disent-ils.
Ces réfugiés burundais appellent le HCR et le gouvernement tanzanien à « cesser de malmener des gens dont ils devraient assurer la protection ».
Le camp de Nduta compte plus de 76.000 réfugiés burundais.
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Notre photo : une simple fosse creusée au camp de Nduta par une famille de réfugiés burundais qui n’a plus d’endroit où se soulager
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