Bujumbura : un chef d’un parti politique emprisonné

Bujumbura : un chef d’un parti politique emprisonné

Kefa Nibizi , président du parti CODEBU est détenu à la prison centrale de Bujumbura dite Mpimba. Il y a été envoyé ce mardi avant-midi après une courte audition au parquet général de la République. Il lui serait reproché d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État. Le secrétaire général du parti dénonce cet emprisonnement au moment où des juristes parlent de décision « injuste ». (SOS Médias Burundi)

C’est le procureur général de la République Léonard Manirakiza qui l’a convoqué et interrogé.

« Nous sommes arrivés au parquet vers 9h 20 minutes. Personne n’a eu la permission de l’accompagner dans la salle d’audition. Tout s’est déroulé très vite -tel un cas de flagrance. Il a juste été acheminé à la prison après l’interrogatoire », a témoigné à SOS Médias Burundi une personne qui avait accompagné M.Nibizi.

Sur la convocation émise par le procureur général, il était mentionné que l’homme politique devrait comparaître pour « enquêtes ».

Vraies raisons

Le secrétaire général du parti CODEBU dit que son responsable est détenu pour les propos qu’il a diffusés sur le compte X de cette formation politique la semaine dernière en marge de la commémoration du 62e anniversaire de l’assassinat du prince Louis Rwagasore, héros de l’indépendance du Burundi.

« En ce moment où le Burundi croupit dans la misère sans précédent à cause du leadership défaillant, le parti CODEBU invite la population à ne pas céder à la résignation et de prendre l’exemple du prince Louis Rwagasore pour redresser la situation qui ne fait que s’empirer », peut-on lire sur le compte X du parti CODEBU.

Mauvaise interprétation et fièvre électorale

Pour Jean de Dieu Ndereyimana, secrétaire général du parti CODEBU, il s’agit d’une mauvaise interprétation des propos qui ont été postés sur le compte X de ce parti.

« Nous avons appris la convocation suivie de la détention du président de notre parti CODEBU avec tristesse. Il y a eu mauvaise interprétation des propos et la seule lecture à faire est que cela est lié à l’environnement politique du moment où nous nous approchons aux élections », a-t-il expliqué à SOS Médias Burundi.

Décision injuste

Pour le responsable du Rassemblement des juristes en action au Burundi, Raja-Burundi, « la détention de Kefa Nibizi est injuste ».

« Les propos qu’il a diffusés sont exactement semblables à ceux qui ont récemment été tenus par le premier ministre Gervais Ndirakobuca. Et il n’y a rien dedans qui peut provoquer des poursuites judiciaires contre quelqu’un. Si nous reconnaissons que tous les hommes sont égaux devant la loi, cela signifie alors que le premier ministre Gervais Ndirakobuca devrait également être convoqué pour s’expliquer sur ses déclarations », a confié Maître Ntakarutimana à SOS Médias Burundi.

Pour lui, les juges doivent être indépendants et lire le droit dans cette affaire.

« Les juges doivent toujours se souvenir que la liberté est la règle, la détention l’exception », insiste-t-il.

Propos de M.Ndirakobuca

Les propos évoqués par Maître Christian Ntakarutimana ont été prononcés par le chef du gouvernement burundais le 9 octobre dernier dans la ville commerciale Bujumbura. C’était en marge d’un forum de femmes leaders qui avait été organisé par le bureau de la première dame du Burundi Angeline Ndayishimiye.

« Le gouvernement burundais est très préoccupé par plusieurs familles qui vivent dans l’angoisse, qui sont toujours inquiètes et troublées-pensant à ce qu’elles peuvent mettre sous la dent, celles qui ne trouvent pas suffisamment à manger ou encore se contentent juste de remplir leur ventre sans se soucier des éléments nutritifs », a-t-il déclaré, parlant du danger et de la menace que représentent les familles nombreuses dans la petite nation de l’Afrique de l’est.

« Le danger est que beaucoup d’entre eux (les enfants) pensent déjà à prendre la fuite à la recherche d’une vie meilleure. Les enfants ne vont pas à l’école, ne développent pas leurs compétences et deviennent plutôt des bandits », a affirmé Gervais Ndirakobuca.

À part certains représentants de partis politiques et anciens responsables de formations politiques en exil recherchés par la justice burundaise, Kefa Nibizi est le seul représentant d’un parti politique en détention au Burundi pour le moment.

Plusieurs voix se sont déjà élevées pour « exiger sa libération ». Son parti était jusque-là perçu comme étant « proche du pouvoir ».

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Photo : Kefa Nibizi, président du parti CODEBU détenu à la prison centrale de Bujumbura dite Mpimba depuis le mardi 17 octobre 2023

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