Cibitoke : plus dix mineures violées en moins d’un mois

Cibitoke : plus dix mineures violées en moins d’un mois

Des petites filles et des adolescentes de moins de 15 sont fréquemment violées dans trois des communes de la province Cibitoke. En moins d’un mois seulement, l’on dénombre plus de dix victimes. Des arrangements à l’amiable entre les familles des victimes et les auteurs de viol, ainsi que la corruption au sein du système judiciaire, entre autres facteurs, exacerbent le phénomène de viols sur mineures. (SOS Médias Burundi)

Au moins 11 cas de viol ont été répertoriés à travers trois communes sur les six de cette province Cibitoke (nord-ouest du pays) en moins d’un mois.

Selon les informations fournies par les défenseurs des droits de l’enfant, les victimes sont toutes des mineures âgées entre 9 et 14 ans.

Les mêmes informations font savoir que la commune Bukinanyana vient en tête avec six cas, suivie par Mabayi et Murwi respectivement avec trois et deux cas.

« Les suspects sont soit des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti CNDD-FDD), soit des orpailleurs et des motards ou alors certains enseignants qui ont perdu leur sens de la déontologie », indique un défenseur local des droits de l’enfant.

Ce qui irrite les parents et les organisations de défense des droits de l’enfant à Cibitoke, c’est l’impunité qui entoure les dossiers de viol observés.

« Pris en flagrant délit de viol sur une mineure de 14 ans dans un hôtel et condamné à 20 ans de prison ferme par la justice, un Imbonerakure est sorti de la prison de Mpimba (Bujumbura, ville commerciale) après seulement une année d’incarcération », regrette amèrement un activiste des droits de l’enfant basé dans cette province.

Depuis bientôt une décennie, des cas de corruption imputables aux autorités judiciaires sont nombreux. Cela réduit considérablement la confiance des justiciables au regard des décisions prononcées dans les affaires liées aux cas de violences basées sur le genre en général et au viol en particulier.

« Comme cela ne suffisait pas, des arrangements à l’amiable entre les auteurs des crimes de viol et les familles des victimes sont souvent facilités par des administratifs à la base », regrette un activiste

Toutefois, certains parents n’hésitent pas à poursuivre les auteurs auprès des juridictions compétentes. Ils sont quelquefois bloqués par le manque de moyens financiers ou d’assistance judiciaire. Ou alors ils sont intimidés et contraints d’abandonner les poursuites.

« Dans la commune Murwi, deux jeunes du parti présidentiel incarcérés au cachot ont été libérés sous pression des responsables du parti au pouvoir alors qu’ils avaient été pris en flagrance de viol sur mineures, toutes âgées de 13 ans, au tout début du mois en cours », insiste un parent d’une des victimes rencontré sur place.

Le procureur de la République près le tribunal de grande instance à Cibitoke affirme avoir déjà entendu ces informations mais indique que personne n’est jusqu’ici venu saisir la justice.

Lors d’une réunion des chefs de service tenue au milieu de cette semaine, le gouverneur a, de son côté interpellé ses collaborateurs pour rompre et de façon définitive avec les pratiques liées aux arrangements à l’amiable.

Il a appelé ses administrés à saisir chaque fois les instances judiciaires pour les affaires de viol.

Carême Bizoza met en garde également tout administratif à la base, les policiers y compris tout agent de la justice, que des sanctions sévères leur seront infligées conformément à la loi en cas de corruption et d’arrangement à l’amiable dans des dossiers de viol.

______________________________

Photo d’illustration : le chef-lieu de la province de Cibitoke au nord-ouest du Burundi

Previous Bururi : un gap de plus de 600 enseignants
Next Rumonge : deux personnes condamnées pour évasion et vol