Cibitoke : trois détenus envoyés dans un cachot de la police après avoir été torturés par les renseignements

Cibitoke : trois détenus envoyés dans un cachot de la police après avoir été torturés par les renseignements

Trois détenus qui ont récemment été torturés dans les cachots du Service national des renseignements (SNR) à Cibitoke (nord-ouest du Burundi) sont désormais locataires du cachot du commissariat provincial. Ils sont dans un état critique, selon des témoins. Le responsable du SNR à Cibitoke nie ces allégations. (SOS Médias Burundi)

Les trois détenus ont été transférés au commissariat provincial de la police dans la nuit de mardi à mercredi, selon des sources policières. Des policiers et civils qui visitent le cachot des renseignements dans cette province du nord-ouest du Burundi parlent de « châtiments corporels ».

« Ces personnes ont été sérieusement tabassées. Elles ont subi une torture atroce. Elles ont été envoyées au commissariat provincial de la police étant dans un état très critique », racontent nos sources.

Rébellion

Selon une source sécuritaire, les intéressés sont soupçonnés d’appartenir à un groupe rebelle et de collaborer avec lui. Ils avaient été arrêtés dans la ville commerciale Bujumbura le 17 novembre dernier et conduits dans des conditions très déplorables à Cibitoke, à bord d’un véhicule du SNR, ligotés, d’après des témoins.

« Après des investigations qui ont révélé le contraire et malgré leur état de santé très déplorable, les responsables des renseignements à Cibitoke ont décidé de les envoyer dans un cachot de la police », déplore une source qui a vu de ses propres yeux les trois hommes.

« Ils présentent des blessures sur presque tout le corps », se désole-t-elle.

Compassion étouffée

Au cachot provincial de la police, les détenus ont essayé de s’opposer à la détention des nouveaux venus « parce qu’ils sont dans un état très critique ».

Mais, ils ont dû céder face à la terreur des agents du SNR, assurent des témoins.

Chance

Selon des sources sécuritaires, les personnes soupçonnées d’appartenir à des mouvements rebelles, de collaborer avec eux ou encore recruter pour eux « sont naturellement tuées et leurs corps jetés dans la brouse ou des rivières ».

« Ils ont été chanceux », estiment des sources proches du dossier.

Contradiction

Le représentant du SNR à Cibitoke nie ces allégations. Rénovat Ntungicimpaye indique que « ces individus n’ont jamais été torturés et ont été remis à la justice conformément à la loi ».

Le procureur de Cibitoke Jean Paul Nsavyimana quant à lui, dit que « je n’étais pas au courant de ces cas, mais je vais suivre ce dossier ».

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Photo d’illustration : bureau du SNR à Cibitoke en même cachot des renseignements dans la province

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