Kakuma (Kenya) : la criminalité atteint son paroxysme
En une semaine, la communauté des réfugiés compte six personnes assassinées dont cinq Burundais. Les leaders des réfugiés appellent au secours. L’administration locale promet de redoubler de vigilance. (SOS Médias Burundi)
Le camp de Kakuma situé au nord-ouest du Kenya enregistre plusieurs cas d’assassinats ces derniers temps. Ces meurtres emportent surtout des Burundais et des Congolais. Au moins trois incidents majeurs se sont produits dans ledit camp et à Kalobeyei qui est une extension du camp de Kakuma depuis le début de cette année.
En une semaine, on déplore six personnes tuées.
« L’on compte deux motocyclistes, une femme qui était transportée sur une moto, une femme congolaise, et une Burundaise qui était sur le point de mettre au monde. Ils sont tous victimes de la barbarie des Sud-Soudanais qui jurent de poursuivre leurs actes criminels dans les communautés des réfugiés en provenance des pays des Grands-lacs comme le Burundi et la RDC », alertent des réfugiés.
« C’est incompréhensible que les autorités administrative et policière n’entendent pas nos cris pour assurer notre protection. Nous en avons marre et nous voyons que la justice populaire a pris une grande ampleur ici », regrettent-ils.
Les leaders communautaires et les associations des réfugiés ont saisi l’administration du camp. C’est le cas de l’association « Umoja Ni Nguvu » qui regroupe essentiellement des Burundais.
« La population du camp de Kakuma est composée à majorité de Sud-Soudanais (70%) qui disent que la région de Turkina Ouest où est installé le camp leur appartenait et donc ils font la pluie et le beau temps ici. Ensuite, nos cultures sont un peu différentes, ce qui fait que nous sommes souvent en désaccord sur beaucoup de choses ici. Et puis, ils nous accusent de ne pas être de vrais réfugiés. A cela s’ajoute le laxisme de l’administration et de la police », indique un des leaders de « Umoja Ni Nguvu » pour expliquer les raisons de cette criminalité.
Mais pour ce leader local, « rien ne pourrait justifier de tels assassinats au sein d’un camp géré par l’ONU et le pays d’accueil ». « Il suffit d’un simple incident comme sur une fontaine publique pour que des émeutes sanglantes éclatent. Cela démontre qu’il n’y a presque pas de loi ici, c’est comme dans la jungle ! », déplore-t-il tout en mettant en garde le HCR et le Kenya qu’ils sont responsables de ces violations des droits des réfugiés sensés être sous leur protection.
La police soupçonnée de complicité
« Par exemple, le dernier incident survenu la semaine dernière au centre d’accueil de Kalobeyei du village I s’est produit à quelques mètres de la position policière, mais ils ne sont intervenus qu’après le drame », se désolent des réfugiés et des leaders des quartiers (Blocs leaders).
Le camp de Kakuma compte cinq postes de police et une intervention mobile, tandis qu’à Kalobeyei, il y a trois postes de sécurité.
« Comment est-ce que tous ces agents ne peuvent pas préserver la vie des réfugiés ici ? Leur laxisme témoigne d’une complicité pour des raisons non encore révélées », fustigent-ils .
L’administration et les humanitaires sont alertés
L’administration du camp de Kakuma et les ONGs comme Child Rights Protection et Lutheran World Federation ont tour à tour animé des réunions et des séances de pacification à Kakuma et à Kalobeyei. Objectif, «ramener la paix entre les communautés ».
Mais les réfugiés n’en attendent pas grand-chose. « Nous avons tout expliqué, nous avons aussi dénoncé des Sud-Soudanais qui circulent avec des lances et des machettes, mais ce n’est pas la première fois que nous le faisons et rien ne change », laissent-ils entendre.
En une année, « Umoja Ni Nguvu » a recensé « au moins 38 personnes assassinées, essentiellement des Burundais ». Et la justice populaire gagne du terrain au camp de Kakuma car, font remarquer des réfugiés, la police et l’administration ne font rien pour punir les auteurs déjà identifiés et dénoncés.
Pour essayer d’endiguer cette situation, la police a promis de renforcer ses patrouilles nocturnes. Les réfugiés quant à eux exigent des mesures drastiques et contraignantes de sécurité, surtout arrêter et punir les auteurs de cette criminalité grandissante dans ce camp qui abrite plus 200.000 réfugiés, dont plus de 25 000 Burundais.
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Photo d’illustration : une vue d’une partie du camp de réfugiés de Kakuma au Kenya crédit photo : HCR
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