Nyarugusu : les autorités tanzaniennes surprises par la résistance des réfugiés burundais malgré les menaces qui pèsent sur eux

Nyarugusu : les autorités tanzaniennes surprises par la résistance des réfugiés burundais malgré les menaces qui pèsent sur eux

Le directeur en charge des réfugiés et demandeurs d’asile dans la région de Kigoma (nord-ouest de la Tanzanie) a rencontré les réfugiés du camp de Nyarugusu et leurs représentants ce mardi. Mwita Chacha a déclaré qu’il est très surprenant de voir comment les réfugiés burundais continuent à résister alors qu’ils sont soumis à beaucoup de restrictions. Il a réitéré le souhait et la décision des autorités tanzaniennes qui veulent voir tous les réfugiés burundais retourner chez eux avant fin octobre cette année. Pour le responsable du camp de Nyarugusu, les réfugiés qui vont résister n’auront plus d’autre choix que de « rentrer à pied ». (SOS Médias Burundi)

Les restrictions évoquées par Mwita Chacha sont notamment la diminution de l’aide réservée aux réfugiés, la fermeture des écoles et hôpitaux, la destruction des champs, la fermeture des marchés et la démolition des commerces sans oublier les avertissements d’un probable rapatriement forcé en octobre prochain.

“Dans cette réunion, nous nous sommes convenus que le camp de Nduta devra disponibiliser 1000 personnes et le camp de Nyarugusu donnera aussi 1000 personnes qui doivent être transportées au Burundi chaque semaine. Mais jusqu’à présent, le nombre des réfugiés qui rentrent est trop bas. Ils sont entre 50 et 70 par semaine. Et depuis le mois de janvier quand nous avons lancé ces campagnes, ce sont seulement 650 Burundais, 650 du camp de Nyarugusu seulement qui se sont fait enregistrer et qui on été renvoyés au Burundi », a dit aux journalistes M. Mwita dans un entretien qu’il leur a accordé après la réunion de ce mardi au camp de Nyarugusu.

Pour le président du camp de Nyarugusu, après la période de grâce qui a été accordée aux réfugiés burundais, soit en octobre prochain « quand le gouvernement va supprimer le statut de réfugié, nous , on aura déjà fait des estimations, nous sommes confiants que ceux qui seront encore ici vont rentrer à pied sans aucun problème ».

Siasa Manjenje estime que presque tous les réfugiés burundais qui sont installés au camp de Nyaurugusu, sont rentrés au moins une fois dans leur pays avant de retourner en exil.

Selon M. Manjenje, les réfugiés burundais ont eu un temps suffisant de six ans pour répondre au rapatriement volontaire.

“Maintenant, ils doivent rentrer. Depuis octobre l’an dernier jusqu’en octobre prochain, c’est un délai de grâce, une période de promotion. Nous allons continuer d’aller vers les réfugiés pour les inciter à rentrer mais quand le gouvernement aura décidé la fin du statut de réfugié, on ira plus vers eux pour les motiver ».

“Déjà nos amis qui sont retournés au Burundi nous disent qu’il n’y a pas de paix au pays. Comment pouvons-nous rentrer dans une telle situation? Et puis, des anciens réfugiés qui sont rentrés ne cessent de retourner dans les camps”, explique un jeune père de famille, installé à Nyarugusu.

“Nous, on n’a jamais refusé de rentrer mais la pression qu’ils mettent sur nous n’a pas raison d’être. Il y a des restrictions que l’on nous impose qui sont très surprenantes. Imaginez des gens qui viennent et détruisent ta maison sans aucune raison ni explication. Nous, nous ne pouvons pas refuser de rentrer franchement mais nous devons être disposés à le faire . Nous ne devrions pas être rapatriés de force », raconte un autre réfugié burundais qui a participé à la réunion de mardi.

La Tanzanie abrite plus de 131 mille réfugiés burundais. Le camp de Nduta héberge 64,588 , celui de Nyarugusu en compte 48, 253 , le reste étant constitué de 18,855 Burundais qui sont logés dans les anciens camps de réfugiés de Mishamo, Katumba et Unyakuru. Ces chiffres on été fournis par le HCR fin février dernier avant que 100 militants du parti de l’oppsition CNL ne fuient vers la Tanzanie, fin mars.

Les organisations de défense des droits de réfugiés et les réfugiés eux-mêmes ont souvent dénoncé la situation des réfugiés burundais en Tanzanie qu’ils qualifient de “harcèlement” et “violation des conventions en rapport avec la protection des réfugiés” que le pays a ratifiées. Ils mettent en garde le gouvernement tanzanien qu’il risque d’être traîné devant les juridictions internationales pour “non assistance à personne en danger” et “refoulement de personnes persécutées par leur gouvernement”.

Fin janvier dernier, le chef d’état-major tanzanien a demandé au gouvernement de « rapatrier de force les réfugiés burundais » les accusant notamment de « faire partie des groupes criminels, de chercher la nationalité tanzanienne en transgressant la loi et d’obtenir l’emploi dans les agences étatiques par tricherie ».

Selon le général Jacob John Mkunda, la Tanzanie a reçu pour la seule année 2023, plus de 138 mille demandeurs d’asile « qui sont venus dans notre pays pour perturber la sécurité et chercher un meilleur lendemain seulement ».

La présidente tanzanienne qui était présente dans une réunion avec différents responsables sécuritaires le 22 janvier dans la capitale économique Dar-es-Salaam, a dit qu’elle soutient ce processus. Elle a regretté que « le HCR a perdu la force », affirmant que « nous sommes en train d’analyser et voir comment nous pouvons rapatrier ces réfugiés ».

« Nous allons continuer des discussions politiques avec ce pays ( le Burundi) voisin pour trouver le meilleur moyen de rapatrier ces réfugiés-là », a insisté Samia Suluhu Hassan dans cette réunion qui se déroule une fois l’année.
Elle a déploré que « certains d’entre eux ne sont pas des réfugiés et se voient et vivent comme des citoyens tanzaniens ».

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Photo : des réfugiés burundais dans une réunion avec le directeur en charge des réfugiés à Kigoma, le 9 avril 2024 à Nyarugusu

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