Cibitoke : plus de 150 détenus dans un cachot d’une capacité de 40
Ayant une capacité d’accueil de 40 détenus, le cachot du commissariat provincial de police de Cibitoke (nord-ouest du Burundi) abritait, jusqu’à ce vendredi 6 septembre, 159 personnes, dont une dizaine de mineurs.Les conditions carcérales des détenus sont « insoutenables », selon des défenseurs des droits humains qui crient au scandale. (SOS Médias Burundi)
Des sources concordantes rencontrées au commissariat provincial de police évoquent une « terrible promiscuité » : les détenus dorment débout et manquent même d’espace pour se frayer un petit passage vers les lieux d’aisance.
« Tous les besoins se font sur place et le risque d’attraper des maladies des mains sales est très élevé dans un contexte marqué par la variole du singe », se désole une source sécuritaire sous couvert d’anonymat.
La plupart des détenus souffrent de malnutrition, comme l’indique un infirmier rencontré sur place.
L’accès à ce cachot est également conditionné : il faut verser entre 2 000 et 5 000 francs de pot-de-vin aux policiers qui gardent le cachot pour pouvoir rendre visite à un détenu.
Par ailleurs, tout nouveau détenu est sommé de donner 50 000 francs dits « bougie » dans le jargon des détenus.
Cette somme est partagée entre les policiers et les responsables des détenus.
Ces derniers, d’après une source policière, sont pour la plupart accusés de simples délits comme le vol dans les ménages et dans les champs de cultures.
Alors que la durée de la détention préventive ne devrait pas excéder 14 jours dans un cachot de la police notamment, il est habituel d’y trouver des détenus qui y passent 3, voire 5 mois.
La corruption y est pratiquée à tous les niveaux.
Des proches de détenus signalent que certains magistrats reçoivent des pots-de-vin qui les poussent même à libérer des détenus accusés de meurtre ou de viol.
« Pour avoir volé un téléphone mobile qui coûte moins de 50 000 francs, un jeune homme vient de faire deux mois dans ce cachot », déplore un défenseur des droits de l’homme établi depuis une décennie au chef-lieu de la province.
Il lance un appel pressant aux autorités administrative et judiciaire pour relâcher les détenus incarcérés sans motifs valables.
Ce défenseur des droits de l’homme, dont l’avis est partagé avec l’ensemble des détenus, parle aussi d’arrestations et incarcérations arbitraires.
Les proches, parents et les voisins des détenus exhortent la hiérarchie à la fois, à « décourager un comportement irresponsable et sanctionner certains policiers coupables de corruption ».
Le procureur de la République à Cibitoke parle notamment de problèmes de déplacement pour transférer à la prison de Mpimba les détenus déjà condamnés. La prison centrale de Mpimba est située dans la ville commerciale Bujumbura.
Il en appelle à l’intervention du gouverneur de Cibitoke en vue de demander de l’aide aux humanitaires.
« Ces derniers pourront appuyer dans le transport des détenus du cachot provincial de police pour le désengorger car il n’a qu’une capacité d’accueil de 40 à 50 détenus mais qui, la plupart du temps, héberge plus d’une centaine de personnes ».
Un défenseur des droits de l’homme exhorte la CNIDH (Commission nationale indépendante des droits de l’homme) à intervenir pour faire valoir les droits des détenus et plaider pour la libération de ceux qui y sont injustement incarcérés.
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Photo : le chef-lieu de la province de Cibitoke au nord-ouest du Burundi © SOS Médias Burundi
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