Nduta (Tanzanie) : un ancien réfugié recherché par la police
Il est pourtant connu pour son zèle à collaborer avec les services secrets au camp pour traquer et malmener les autres réfugiés. Ce Burundais qui avait renoncé à son statut de réfugié était aussi cité dans plusieurs dossiers de disparitions forcée de ses compatriotes. Il est ardemment recherché par les forces de l’ordre en Tanzanie. (SOS Médias Burundi)
L’intéressé est prénommé Doris. Sa maison a été complètement démolie mardi soir. Son habitat qui était situé dans le village 21 de la zone 12 a été détruit par des policiers et des gardiens civils, les célèbres « Sungusungu » qui font la loi au camp de Nduta en Tanzanie.
L’acte fait la satisfaction des réfugiés
« Ce n’est pas question d’être cynique, au contraire on célèbre la victoire car il avait cherché ma tête à maintes reprises, n’eut été la protection de Dieu », a réagi un Burundais, traqué par l’illustre « Doris » connu pour être envoyé par le gouvernement burundais pour suivre la trace des jeunes opposants et présumés rebelles à Nduta.
« C’est lui qui dressait les listes des réfugiés à arrêter arbitrairement, à faire disparaître ou à tuer car certains ne sont jamais revenus après avoir été dénoncés par Doris », se souviennent des réfugiés burundais.
Retourné au camp sans être réfugié
Doris, originaire de la province Ruyigi ( est du Burundi et frontalière avec la Tanzanie), avait été rapatrié officiellement en 2018. Deux ans plus tard, il est revenu sous une autre casquette.
« Il était escorté par des gardiens civils, circulait avec des policiers et/ou des agents de la documentation. Il vit ici sans être réfugié », indique un ancien chef de village où « vivait » Doris.
D’après des sources sur place, il pouvait disparaître pour réapparaître deux ou trois mois après.
« On le craint ici, il s’habille exactement comme des Imbonerakure: bottines, casquette et tenues semblables à celles des militaires burundais », souligne un leader communautaire qui affirme « le rencontrer dans presque toutes les réunions administratives alors que son nom ne figure nulle part sur la liste des représentants de réfugiés ». Les Imbonerakure sont les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, le parti au pouvoir au Burundi, qualifiés par les Nations-Unies comme » milice ».
Ce qui a changé
Depuis un certain temps, des réfugiés ne cessaient de dénoncer ses agissements soit ouvertement ou par des écrits.
Pourtant, l’administration et la police n’accordant pas d’importance aux doléances des occupants de ce camp.
Très récemment, certains responsables de la police ont été mutés. Et les réfugiés en ont profité pour renouveler leur demande.
« Et voilà, la chasse retourne contre lui. Il n’est plus visible ici au camp depuis deux semaines. Quand sa maison a été détruite, la police a lancé des recherches contre lui, demandant aux réfugiés de signaler la police une fois qu’ils l’aperçoivent », dit un réfugié qui a assisté à la démolition de la maison de Doris.
« La foule était nombreuse et criait fort pour marquer son soulagement », se souvient notre source.
Sa femme avec qui il vivait dans la maison a été placée chez ses parents par la police, ces derniers étant des réfugiés reconnus par le HCR, l’agence onusienne en charge des réfugiés.
Les occupants de Nduta poussent un ouf de soulagement et exigent que le groupe que « Doris avait formé » soit aussi recherché et démantelé.
« C’est aussi un message fort que celui qui participe à la violation des droits de ses compatriotes ici finira par être vomi. Que d’autres personnes qui agissent comme Doris se ressaisissent! » estiment des réfugiés.
Nduta compte plus de 58.000 réfugiés burundais. Ses occupants ont fui la crise de 2015 consécutive à un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza la même année, pour la plupart.
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Photo : les restes de la maison de Doris démolie mardi soir par la police et les gardiens civils connus comme les « Sungusungu »© SOS Médias Burundi
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