Nyarugugu (Tanzanie) : des Burundais continuent d’être rapatriés de force

Nyarugugu (Tanzanie) : des Burundais continuent d’être rapatriés de force

Dans le camp des réfugiés de Nyarugusu en Tanzanie, les réfugiés burundais se plaignent d’un phénomène inhabituel dans le camp: une infraction commise par un réfugié lui vaut un rapatriement forcé. Le HCR- Tanzanie continue d’affirmer que tous les rapatriements sont volontaires. (SOS Médias Burundi)

L’exemple le plus récent est celui d’une famille de cinq membres qui viennent d’être rapatriés de force. À l’origine, un père de famille recherché par la police qui n’arrive pas à mettre la main sur lui.

« Un chef de ménage, connu sous le prénom d’ Éric, qui vend de la viande est recherché par la police, il est accusé d’avoir vendu de la viande issue de vaches volées. Faute de trouver le suspect, la police a embarqué sa famille de force dans un bus des personnes rapatriées », disent des voisins de la famille rapatriée de force.

Selon les mêmes sources, une femme et quatre enfants ont été obligés de rentrer au Burundi contre leur gré. Ils ont essayé de résister, arquant que la responsabilité criminelle est personnelle et qu’ils n’y sont pour rien, en vain.

Le chef de ménage quant à lui est introuvable depuis qu’il est recherché par la police.

« On ne sait pas où il est. On a essayé de le joindre pour lui dire que sa famille a été forcément rapatriée vendredi, mais on ne l’a pas encore trouvé », ajoutent ses voisins.

Pour le moment, une telle attitude semble être le seul moyen de forcer les réfugiés à rentrer au Burundi.

« Ici, les gens se comportent comme des anges. Si jamais tu es pris en faute, même petite soit-elle, et que la police t’attrape, tu es directement mis sur la liste des rapatriés. Nous sommes vraiment malheureux », s’indignent des réfugiés de Nduta et Nyarugusu qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.

Dans un convoi qui est parti vendredi dernier, plusieurs Burundais, pour la plupart sortis de cachots de police, ont été mis sur la liste. Ces Burundais qui ont été forcés de rentrer demandent que leur droit soit respecté.

Le HCR-Tanzanie affirme que tous les rapatriements sont volontaires. Cette Agence Onusienne souligne que 323 personnes sont rentrées dans ce cadre, vendredi dernier.

« Ces anciens réfugiés burundais ont trouvé la sécurité en Tanzanie, mais cette semaine, ils ont commencé le voyage de retour vers leur patrie. Merci à la Tanzanie pour sa position de supporter les réfugiés », a réagi le HCR- Tanzanie sur son compte Twitter.

Vie intenable

Des réfugiés burundais précisent que ces derniers temps, les conditions de vie deviennent de plus en plus dures et intenables, après le retour d’une commission de réfugiés qui est partie au Burundi pour constater l’état des lieux de la sécurité.

« Ici à Nyarugusu comme à Nduta, les boutiques sont de nouveau fermées, les stands sur le marché détruits et/ou brulés, les moto et vélos de transport public saisis et le transport banni. Le chef du camp a interdit aussi toute sortie, toute activité agricole ou le travail rémunéré, la location des champs de culture à l’extérieur du camp,… », déplorent des réfugiés et leurs leaders locaux.

Le FORSC (Forum pour le renforcement de la société civile) appelle au secours.

« La persécution contre les réfugiés burundais en Tanzanie a atteint son paroxysme », écrit ce forum.

L’appel s’adresse au parton du HCR au niveau mondial qui avait tranquillisé les réfugiés lors de sa récente visite en Tanzanie, au conseil des droits de l’homme de l’ONU, à la présidente tanzanienne, à la commission nationale indépendante tanzanienne des droits de l’homme ainsi qu’à d’autres ONGs de la sous-région qui militent pour la défense des droits humains.

La Tanzanie compte à elle seule plus de 126 mille réfugiés burundais.

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Photo : une pancarte indiquant le camp des réfugiés de Nyarugusu

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