Rumonge : le manque de médecins paralyse le secteur de la santé

Rumonge : le manque de médecins paralyse le secteur de la santé

Le médecin provincial à Rumonge (sud-ouest du Burundi) a lancé la sonnette d’alarme ce lundi, dans une réunion sectorielle qui a été organisée par le cabinet du gouverneur, Léonard Niyonsaba. Les syndicats parlent de maigres salaires et manque de matériel suffisant comme principales causes de la fuite des médecins vers d’autres pays. (SOS Médias Burundi)

Selon le médecin provincial, le docteur Jean Ferdinand Girukwishaka, les hôpitaux éprouvent des difficultés pour prendre en charge les malades. Des médecins contactés confirment les faits. Ils affirment que plusieurs départs s’observent ces dernières années.

« Certains vont travailler pour le compte des privés au moment où d’autres ne cessent de migrer vers les pays européens, particulièrement la France. Ils sont recrutés pour aller prester dans des hôpitaux français mais il y a également un grand nombre d’autres médecins qui se rendent dans les pays de la sous-région où les salaires sont intéressants », disent des médecins qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.

Le gouverneur de Rumonge , Léonard Niyonsaba a appelé les administrateurs communaux à « explorer les modalités d’améliorer les conditions de vie des médecins », en vue de « maintenir ceux qui ne sont pas encore partis ».

En 2023 déjà, les syndicats s’inquiétaient des départs de médecins vers l’étranger.

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Et récemment, l’université du Burundi s’est confiée au ministère en charge de l’enseignement sur les départs inhabituels de son personnel.

Le président du syndicat des enseignants de cette université, Désiré Nisubire, a confirmé que de nombreux enseignants quittent l’institution pour chercher de meilleures opportunités à l’étranger. À ses yeux, cette tendance est une conséquence directe des conditions de vie difficiles auxquelles sont confrontés les enseignants au Burundi.

Selon M. Nisubire, la situation financière des enseignants est précaire, avec des salaires mensuels qui ne dépassent pas les 200 dollars. « Le niveau de vie des enseignants fait pitié. Ce n’est pas étonnant qu’ils cherchent ailleurs des conditions meilleures. Si on m’offrait 4 000 dollars par mois, je ne resterais pas ici », déclare-t-il.

Le syndicaliste souligne également que les enseignants titulaires d’un doctorat peuvent percevoir entre 2 000 et 3 000 dollars, voire plus, par mois dans d’autres pays de la sous-région. Cette disparité salariale pousse inévitablement les talents locaux à s’exiler.

Une université fragilisée

M. Nisubire déplore également le manque de remplacements pour les professeurs qui partent à la retraite ou qui quittent le pays. Selon lui, cette situation affaiblit considérablement des facultés stratégiques, notamment la faculté de médecine, déjà lourdement touchée par ces départs.

Il rappelle que les professeurs d’université jouent un rôle crucial dans la conception de plans stratégiques pour le développement du pays. « Quand on parle de vision 40-60, comment peut-on atteindre ces objectifs sans une main-d’œuvre qualifiée ? Ces enseignants qui partent représentent une richesse intellectuelle dont le Burundi a un besoin vital », affirme-t-il.

Un appel à l’action

Face à cette hémorragie de talents, le président du syndicat exhorte le gouvernement burundais à agir rapidement pour améliorer les conditions de travail des enseignants. Il plaide pour une approche qui privilégie l’équité et la protection de ce corps professoral.

« Si les autorités ne prennent pas les mesures nécessaires pour rassurer et soutenir les enseignants, elles risquent de perdre ce trésor intellectuel au profit d’autres pays », conclut-il avec gravité.

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Photo : une pancarte d’indication de l’hôpital de Rumonge dans le sud-ouest du Burundi © SOS Médias Burundi

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