Malawi : le gouvernement chasse les réfugiés urbains dont des Burundais

Malawi : le gouvernement chasse les réfugiés urbains dont des Burundais

Le gouvernement a ordonné à tout réfugié urbain et demandeur d’asile de quitter les villes pour s’établir dans le camp de Dzaleka. Des Burundais sont notamment concernés. Ils estiment que des mobiles politiques seraient derrière cette décision. Le ministre de l’Intérieur en charge des réfugiés dans ce pays parle de décision irréversible. (SOS Médias Burundi)

Les réfugiés et les demandeurs d’asile ont jusq’au 28 avril pour quitter la capitale Lilongwe. La décision a été annoncée par le ministre de l’Intérieur du Malawi, le week-end dernier. D’après Richard Chimwendo Banda, “tous les réfugiés doivent s’établir dans le camp de Dzaleka pour éviter le désordre et bien assurer l’ordre public,” a-t-il indiqué dans une réunion qu’il a tenue avec les responsables policiers à Lilongwe. Des injonctions ont été données pour veiller au « respect pacifique » de cette décision.

La mesure concerne deux mille personnes. Elle a été certifiée par la cour suprême, comme c’est le cas pour des décisions de grande envergure dans ce pays, selon une source sur place.

Dzaleka se prépare pour l’ accueil

“Plusieurs longs hangars avec des tentes sont construits ainsi que de nouvelles latrines et de nouveaux robinets. La population environnante du camp a été avertie qu’il y aura de nouveaux arrivants. Elle a été sensibilisée à la cohabitation pacifique et à éviter la peur », raconte un réfugié burundais à Dzaleka.

“Nous assistons aussi à des véhicules qui amènent des bagages, des lits, des matelas, etc. On nous dit qu’il s’agit des biens appartenant à des réfugiés urbains qui vont s’installer dans le camp,” ajoutent d’autres réfugiés contactés. “Moi je loue une petite maisonnette d’un ami qui est parti faire du business dans la capitale. Dernièrement, il m’a appelé pour m’avertir que je dois sortir pour lui rendre sa maison. Maintenant, je me demande où aller avec ma famille de quatre enfants,” déclare un Burundais qui vit dans ce camp depuis 2015.

Le dispositif de sécurité a également été renforcé, apprend-on. “On va contrôler toute sortie. Le camp doit être clôturé pour nous empêcher de sortir, ” s’inquiètent d’autres réfugiés.

Mobiles politiques…

Le nouveau président du Malawi, Lazarus Chakwera, a été beaucoup soutenu dans la capitale Lilongwe, fief de son camp de l’opposition. Et parmi ses promesses lors de ses meetings électoraux, figure celle de cantonner les réfugiés dans des camps.

C’est au moment où les réfugiés et les demandeurs d’asile urbains tiennent beaucoup de stands, des boutiques au marché central de Lilongwe, à grande majorité des Congolais, d’après une source locale. “Ces derniers jours, la population de Lilongwe a rappelé au président sa promesse jusque-là non tenue, huit mois après son élection, celle de renvoyer dans les camps les réfugiés. Il a fini par céder,” laissent entendre des réfugiés au camp de Dzaleka.

Dans ce camp qui héberge plus de 48.000 réfugiés dont 11.000 burundais, la population craint la dégradation des conditions de vie et demande au HCR de suivre de près cette question. Dzaleka est à environ 50 km de la capitale Lilongwe.

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Photo : le camp de Dzaleka

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