Université du Burundi : crise financière et ses conséquences

Université du Burundi : crise financière et ses conséquences

Le 21avril, Joël Nindorera de l’Université du Burundi en Bac 1 dans la faculté des lettres et sciences humaines au campus de Rohero (centre de Bujumbura) est décédé. Selon des informations relayées sur les réseaux sociaux et confirmées par nos sources, l’étudiant originaire d’une famille modeste en province de Cankuzo (est du Burundi) serait mort de faim. L’incident qui a été beaucoup commentée sur la toile révèle une crise financière dans la plus grande et plus ancienne université publique. D’anciens étudiants déplorent la gestion de cette institution étatique qui devrait plutôt faciliter les enfants issus des familles moins aisées. (SOS Médias Burundi)

Joël Nindorera qui est décédé le 21 avril vivait à Kanyari dans le quartier de Mutanga sud. C’est en zone de Rohero en commune de Mukaza (centre de la capitale économique Bujumbura).

Selon ses colocataires, il n’avait plus d’argent pour s’acheter à manger alors qu’il venait de terminer une dose anti malaria. « Nous mangeons au restaurant et on doit payer de l’argent. Or, l’Université du Burundi nous doit des arriérés de prêt bourse de 6 mois. La famille de Nindorera ne lui envoyait pas d’argent pour se rationner. Quand nous sommes revenus du campus le soir, nous avons découvert qu’il était mort dans le lit. Ça faisait trois jours qu’on ne le voyait pas manger quelque chose », ont raconté à SOS Médias Burundi ses colocataires avant de préciser qu’il avait manqué un montant de 15.000 franc burundais (moins de cinq dollars américains) pour une cotisation alimentaire mensuelle avec ses collègues. « Nous avons même alerté ses parents pour qu’ils puissent lui envoyer de l’argent, en vain », regrettent-ils.

Contacté, le Recteur de l’Université du Burundi nous a indiqué que l’Université du Burundi n’a pas de budget destiné à nourrir les étudiants externes.

La représentation des étudiants de la seule université étatique affirme qu’il y a des cas d’abandon suite au manque de moyens financiers. « Des étudiants issus de familles pauvres et qui sont originaires des zones éloignées préfèrent abandonner les études. En fait, ils viennent avec espoir de toucher la prêt bourse, mais on vient de passer 6 mois sans être payés », explique-t-elle.

La crise financière à l’Université du Burundi semble prendre une autre allure. Ce lundi, le doyen du service des étudiants a sorti une note où il exigeait aux étudiants de Médecine BAC VI (AA 2019-2020) de donner dix papiers chacun (valeur de 3000 francs burundais, à peu près un dollar américain) pour constitution de dossiers académiques. Il a expliqué que le décanat a un manque criant du papier pour ce travail. Trois jours après, soit ce jeudi, il a encore une fois sorti un autre communiqué où il annule le premier, arguant que les papiers sont finalement disponibles.

D’anciens étudiants à l’Université du Burundi dénoncent une mauvaise gestion d’une institution universitaire publique qui devrait plutôt donner la chance aux plus démunis de poursuivre des études post-secondaires.

Des photos circulant sur les réseaux sociaux de Burundais depuis ce mercredi montrent un attroupement d’étudiants dans le plus grand campus de Mutanga (centre de Bujumbura) autour d’un étudiant qui avait volé des papiers afin de se trouver de l’argent pour pouvoir s’acheter de quoi mettre sous la dent.

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Photo : le Rectorat de l’université du Burundi au campus de Mutanga

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