Quand l’hirondelle devient vautour : Histoire d’un scandale de l’UE au Burundi

Quand l’hirondelle devient vautour : Histoire d’un scandale de l’UE au Burundi

Je vais vous parler de ce que je qualifierai de « casse du siècle », ou comment les médias burundais se sont fait arnaquer au grand jour. Imaginez un peu si l’UE vous promettait un million d’euros, soit 3 milliards de Fbu, mais que quelqu’un vous obligeait à signer que vous recevrez moins de 10% de la somme annoncée. Révoltant non? Surtout que cette fois-ci, le fautif n’est pas l’État burundais.

Avant-propos

Dans cette analyse, je vais vous parler de ce que je qualifierai de « casse du siècle », ou comment les médias burundais se sont fait arnaquer au grand jour, “Izuba riva” comme on dit chez nous. Imaginez un peu si l’UE vous promettait un million d’euros (soit plus de 3 milliards de Francs bu), mais que quelqu’un vous obligeait à signer que vous recevrez moins de 10% de la somme annoncée. Révoltant non ? Surtout que cette fois-ci, ce n’est pas l’État burundais qui commet ce vol. Sinon, on se serait dit : « rien de nouveau sous le soleil », n’est-ce pas ? Et bien évidemment, on se serait empressé de le condamner et exiger la démission des ministres impliqués. Mais alors, qui est coupable de ce méfait ? Aussi bizarre que cela puisse paraître, le coupable n’est autre qu’une ONG européenne. Cette fois-ci, les voleurs font partie des fameux “donneurs de leçons”. Ce sont bien eux qui se livrent maintenant à un détournement sans nom.

Quand j’ai entendu parler de cette histoire, j’étais tout simplement stupéfait. Comment des journalistes peuvent-ils se faire voler une aide qui leur était promise et personne ne lève le petit doigt ? Pourquoi aucun média n’en parle ? Ils se font escroquer en bonne et due forme et se taisent ? Que se passe-t-il donc au royaume des médias burundais ? Auraient-ils oublié un de leur rôle principal qui est de dénoncer les injustices sociales ? Pourquoi ce silence ?

Une fois l’étonnement et l’effet de la colère passés, j’ai décidé de procéder à une petite enquête afin de vous partager une analyse que j’ai voulu rendre la plus objective possible. Pour la mener à bien, je me suis appuyé sur de nombreux échanges que j’ai eus avec différents journalistes burundais et quelques personnes qui travaillent dans le fameux monde du développement. Bien sûr, pour ne pas avoir des soucis avec leurs directions, je ne citerai pas des noms. J’ai aussi pu avoir accès à des documents (contrats et TDR) de ce fameux projet de plus de 1 million d’euros. J’ai interrogé des spécialistes dans l’aide au développement, et pour pimenter le tout, j’ai approché des cadres du parti au pouvoir. Mon souci est d’attirer l’attention sur le travestissement d’une « aide » qui n’en est pas une, qui va faire plus de mal que de bien. En espérant que ma réflexion permettra à l’UE à revenir à des pratiques intègres, tournées vers les vrais bénéficiaires. Comme disait Gandhi « ce que tu fais pour moi, sans moi, tu le fais contre moi ».

Tout commence le mardi 11 mai 2021, quand la délégation de l’UE au Burundi a rameuté du monde. Le ministre de la Communication, une cinquantaine de journalistes, la RTNB, etc. Les flashs crépitent, l’excitation est à son comble. L’annonce du Français Claude Bochu est historique. L’UE va octroyer aux médias burundais plus de 1 million d’euros sur deux ans ! Du jamais vu. Wooow, génial !

« Nous souhaitons appuyer les médias burundais et établir une nouvelle communauté professionnelle de journalistes au Burundi », pérore le Français, très fièrement.

La ministre burundaise de la Communication se répand en remerciements. Les journalistes sortent les calculettes. C’est près de 3 milliards de FBU. Historique. Ils commencent à rêver à des lendemains meilleurs.

Le contrat, le choc

Quelques jours plus tard, les contrats sont envoyés aux 11 médias « chanceux. » Les calculettes ressortent. Et c’est la douche froide. Chaque média recevra moins de 10.000 euros sur les deux ans. Le reste ? Workshops, séminaires, réunions, amanama, …des palabres qui vont coûter plus de 900 mille euros. Un journaliste d’une radio m’a raconté. « Quand le directeur nous a communiqué ce montant, au départ nous avons cru à une mauvaise blague. Alors, il nous a montré le contrat qu’on lui demandait de signer. Nous étions sidérés. »
La surprise sera pareille dans tous les médias bénéficiaires. Tous se rendent compte qu’en réalité, les médias burundais ne verront pas la couleur du fameux million. Plus de 90% de l’aide a été captée par deux ONG : La Benevolencija et une ONG complètement inconnue au Burundi : La Fondation Hirondelle. La Fondation Hirondelle est une ONG qui a prospéré sur le dos des réfugiés, notamment en RDC. Elle n’a jamais travaillé au Burundi. Plus grave, elle n’est même pas agréée !

Lire plus sur mediapart.fr >>> https://blogs.mediapart.fr/reynolds-butari/blog/150621/quand-l-hirondelle-devient-vautour-histoire-d-un-scandale-de-l-ue-au-burundi

Previous Gitega : le centre spécialisé pour déficients auditifs paralysé par le Covid-19
Next Minembwe : des femmes Banyamulenge manifestent pour exiger la libération d'un couple et leur nourrisson détenus par l'armée