Burundi : le gouvernement veut à tout prix qualifier les massacres de 72 de génocide

Burundi : le gouvernement veut à tout prix qualifier les massacres de 72 de génocide

Pour la première fois, le porte parole du gouvernement burundais a annoncé la position officielle sur les massacres de 1972. Dans une émission de portes parole des institutions étatiques et paraetatiques vendredi dernier, Prosper Ntahorwamiye a affirmé que le gouvernement considère ces tueries comme un génocide. Mais il nuance : « il appartient à des instances habilitées de statuer là dessus ». (SOS Médias Burundi)

Répondant à une question d’un journaliste local qui voulait avoir des éclaircissements sur les activités de la très controversée commission nationale de vérité et réconciliation CVR et la partialité des autorités burundaises concernant les crimes du passé, M. Ntahorwamiye a fait connaître la position de Gitega quant à la qualification des massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis. « (…), en se basant sur les rapports de la CVR, sur les signes d’un génocide, ici je parle des signes dont nous disposons car l’organe qui en a les prérogatives se chargera de le dire-les signes à notre disposition montrent sans équivoque qu’il y a eu un génocide commis contre l’ethnie Hutu par le gouvernement de Michel Micombero », a-t-il déclaré.

Signes

Selon le porte parole du gouvernement, le premier signe est le fait de tuer des personnes ou un groupe de personnes pour ce qu’elles sont. « Cela est une réalité il y a des gens qui ont été assassinés à cause de leur ethnie. Et en 1972 c’était l’ethnie Hutu. Ils ont visé des intellectuels, des fonctionnaires, des gens aisés et ceux aux esprits ouverts », a-t-il affirmé.

Le deuxième élément, d’après M. Ntahorwamiye c’est que cela a été organisé par un gouvernement, en l’occurrence le gouvernement de Michel Micombero. « Le gouvernement a utilisé l’armée d’alors, les gouverneurs et les chefs de communes, la JRR (Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore), l’Uprona était le parti-État à l’époque ça représente l’administration », a poursuivi celui qui n’a évoqué aucune autre période où des Tutsis ont été massacrés.

Quatrièmement, ces gens à tuer tu les diabolises. C’est dans le but de préparer les esprits. « On les a appelés des Abamenja (rebelles). Dans la culture burundaise, un Umumenja était soit tué soit forcé à l’exil. Cinquièmement, ils ont été massacrés. Les preuves sont là. La CVR ne cesse de déterrer des ossements de restes humains, il n’ y avait pas de Covid-19 à l’époque, il n’y avait pas de Paludisme, encore moins de Sida(…) », a énuméré le porte parole du gouvernement qui quand même a eu le courage de répéter à plus de quatre reprises que » nous sommes à l’étape de signes, aucune décision n’a été prise, les organes habilités n’ont pas encore donné de qualification (aux tueries de 1972). Il faut bien comprendre ».

______________

Photo d’archives : Prosper Ntahorwamiye, porte-parole du gouvernement du Burundi

Previous Buganda : deux Imbonerakure en détention
Next Opinion : face aux controverses sur le génocide de 1972 au Burundi