Burundi : l’Assemblée Nationale ne veut plus de réfugiés urbains

Burundi : l’Assemblée Nationale ne veut plus de réfugiés urbains

Plusieurs députés à commencer par le président de la chambre basse du parlement burundais demandent au gouvernement de ne plus accepter des réfugiés urbains sur son sol. Ils disent que les réfugiés accueillis par le Burundi sont plus « libres » que les nationaux. Daniel Gélase Ndabirabe, président de l’Assemblée Nationale ne cache pas sa vision des choses : « le réfugié n’a pas de droit ». (SOS Médias Burundi)

Ce lundi, le tout puissant ministre en charge de l’Intérieur et de la sécurité publique présentait un nouveau décret-loi sur les migrations. Un projet adopté à 100% pour remplacer la réglementation en la matière, vieille de plus de plus de 32 ans.

Lors des débats, la question des réfugiés installés sur le sol burundais a occupé un grand espace. Des députés comme Sabine Ntakarutimana, vice-présidente de l’Assemblée Nationale veulent un contrôle plus strict du mouvement des réfugiés. « Il faudra dire aux responsables chargés de suivre les questions de réfugiés reçus par notre pays de faire un contrôle strict et régulier de leur mouvement pour que nous soyons sûrs que la sécurité du pays est bien assurée. Je le dis parce qu’il y a certains de nos électeurs qui pensent que les réfugiés se trouvant au Burundi sont plus libres que les citoyens eux-mêmes », a suggéré cette femme élue dans la circonscription de Muyinga (nord-est) qui compte un camp de réfugiés congolais dans la commune de Gasorwe.

Le réfugié n’a pas de droit

Le président de l’Assemblée Nationale qui n’a pas attendu que les autres députés terminent leurs interventions, préférant s’exprimer avant de continuer à distribuer la parole, a affirmé qu’un réfugié n’a pas de droit.
« Quand on parle de ces conventions régissant les réfugiés, il s’agit d’un strict minimum. Je le dis parce que je l’ai vécu, on me l’a dit et j’ai été réfugié durant plusieurs années. Après avoir fui ton propre pays, tu n’as plus de valeur. Quand tu deviens réfugié, tu perds de valeur et n’importe qui peut te traîner dans la boue. Quand vous êtes sur une ligne, on peut vous en écarter. Tu n’as pas d’avenir. Qu’on ne vous trompe pas, il n’existe pas de droit de réfugiés. Ça n’existe pas. Quand tu es réfugié, tu l’es c’est tout. Tu acceptes d’être traîné dans la boue jusqu’à ce qu’ils te pardonnent », a longuement discouru M. Ndabirabe sur un taux moqueur.

Bannir les réfugiés urbains

Selon le président de la chambre basse du parlement burundais, il y a beaucoup de réfugiés dans les camps au Burundi qui ont « le libertinage de circuler ». « Il y a même des réfugiés qui quittent leurs camps pour venir voir leurs vaches ici à Bujumbura. D’autres te diront qu’ils ont le droit de vivre en ville, un réfugié ne peut pas vivre en ville. À notre époque, quand on te rencontrait en ville, on te raccompagnait immédiatement dans le camp. Si l’on te donne l’autorisation de vivre en ville, c’est qu’on a besoin de toi pour une certaine activité », a continué Daniel Gélase Ndabirabe qui estime que les conventions sur les droits de réfugiés ont été rédigées par « quelques-uns qui y tirent profit ».

Le ministre Gervais Ndirakobuca semble ne pas abonder dans ce sens mais affirme avoir déjà instruit ses subalternes à suivre de près les activités des réfugiés et leur mouvement. « Nous avons suffisamment donné des ordres aux administratifs. Ils doivent collaborer avec les responsables des camps. Ces derniers savent très bien que les camps sous leur responsabilité ne sont pas des communes à part entière. Nous avons beaucoup de réfugiés urbains, on doit corriger ça au fur et à mesure. C’est un grand problème par exemple quand un réfugié quitte la RDC pour s’installer à Bujumbura au moment où après quelques heures il peut retourner au Congo et revenir. C’est une situation qui s’est installée de fait suite à des crises du passé et il y a des gens qui ont profité de ces moments de crise », a répondu M. Ndirakobuca qui a réaffirmé que tout Burundais vivant à l’étranger doit se présenter au pays pour renouveler son passeport à l’exception des étudiants.

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Photo : Daniel Gélase Ndabirabe : « les conventions sur les droits de réfugiés ont été rédigées par quelques-uns qui y tirent profit »

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