Burundi : Sinduhije et Barankitse dans le viseur du parquet général

Burundi : Sinduhije et Barankitse dans le viseur du parquet général

Le parquet général de la République accuse le leader du parti MSD (Mouvement pour la solidarité et le développement) Alexis Sinduhije d’être à la tête des bandes terroristes attaquant le Burundi.

Un mandat international a été lancé contre lui.Sont aussi visés François Nyamoya, secrétaire général du MSD, Marguerite Barankitse, fondatrice de la maison Shalom et d’autres personnes dont un chargé des opérations et un responsable en chef adjoint de Red Tabara, un mouvement rebelle burundais basé dans le Sud-Kivu. SOS Médias Burundi

Les accusations formulées contre ces personnes ont été publiquement communiquées hier dans la soirée par le procureur général de la République Sylvestre Nyandwi.

M. Nyandwi est revenu sur les attaques à la grenade commises dans la nuit de lundi dans la ville commerciale Bujumbura. Il les a qualifiées » d’actes de terrorisme et crimes contre l’humanité ».

Selon le procureur général, les attaques armées perpétrées avant les attentats du 20 septembre ont été organisées et commanditées par des personnes bien connues. Il parle d’enquêtes menées sur des « auteurs » interpellés et devant être jugés incessamment.

« Les enquêtes déjà menées ont révélé que ces actes sont commis par une bande de terroristes dirigée par les personnes suivantes : Alexis Sinduhije qui est à la tête de cette bande, François Nyamoya, Marguerite Barankitse, Melchiade Biremba, Jean Claude Nibigira alias Bayaga, Nicolas Niyukuri alias Gisiga, Gad Bahati, Lievain Ndayiragije alias 26 et bien d’autres non encore identifiés mais recherchés », a-t-il précisé. Alexis Sinduhije est le leader du MSD, un parti politique d’opposition suspendu en avril 2017 par les autorités burundaises.

À l’époque, la décision prise par le ministre de l’intérieur Pascal Barandagiye comportait trois grandes accusations. « Le parti MSD s’est engagé à former un groupe armé pour combattre le Burundi[…], continuer à violer la loi sur les partis politiques et ses membres continuent à afficher un comportement récidiviste d’encourager la violence et la haine ».

François Nyamoya est secrétaire général de ce parti. Les deux hommes vivent en exil tout comme la fondatrice de la maison Shalom Marguerite Barankitse surnommée aussi « l’ange du Burundi », pour avoir sauvé plus de 30 000 orphelins.

Elle a été forcée de fuir le Burundi en 2015 après avoir critiqué la décision du président Pierre Nkurunziza de se présenter pour un autre mandat controversé. Depuis, elle consacre son énergie à assister les réfugiés burundais basés dans la sous-région, surtout au Rwanda.

Très récemment, le siège social de sa fondation en province de Ruyigi (Est du pays) a été réquisitionné par une fondation du secrétaire général du CNDD FDD, Réverien Ndikuriyo.

La toute première lauréate du prix Aurora récompensant chaque année des personnes qui excellent dans l’engagement humanitaire a parlé d’une action « inacceptable motivée par la haine ».

Selon nos recherches, deux autres hommes figurant sur la liste sont dans la chaîne de commandent du mouvement rebelle burundais basé dans le Sud-Kivu Red Tabara rattaché au MSD selon les autorités burundaises et des rapports de certaines organisations dont Crisis Group.

Il s’agit d’un responsables en chef de ce mouvement et d’un chef des opérations. Suite aux dernières attaques, certaines ambassades dont celle de France recommandent aux ressortissants de leurs pays d’être vigilants.

« Plusieurs attaques à la grenade se sont produites dans les deux principales villes du Burundi (Gitega, la capitale, et Bujumbura). Les Français résidents ou de passage dans le pays sont appelés à faire preuve d’une vigilance renforcée, et de se tenir au courant de la situation. Il convient en particulier d’éviter de fréquenter les marchés et parkings de bus du centre-ville de Bujumbura et Gitega, en particulier une fois la nuit tombée. Afin de recevoir les alertes concernant le Burundi, les Français résidents sont invités à s’inscrire sur la liste consulaire auprès de l’Ambassade, et ceux de passage sur le fil d’Ariane », peut-on lire dans une note sécuritaire du 22 septembre de l’ambassade de France à Bujumbura.

Le secrétaire général du MSD parle d’accusations gratuites. “Ce sont des accusations gratuites sans fondements légaux ni éléments matériels. Pour ceux qui savent bien le pardi MSD, ils sont conscients qu’il ne peut pas participer dans de tels actes ignobles que nous déplorons d’ailleurs. Le pouvoir veut à tout prix pourchasser et malmener notre parti comme il l’a toujours tenté depuis la création de ce parti d’opposition. Et donc, ce sont des accusations à caractères politiques qui ne nous surprennent pas”a-t-il indiqué.

Et de continuer, “Des enquêtes? Lesquelles? faites par qui? Alors que nous savons que la justice est instrumentalisée et corrompue. Comment prétendre croire à elle alors que le président de la République lui-même a pleuré et déploré le non fonctionnement de cette justice? Il s’agit ni moins ni plus d’une manière de charger délibérément des personnes que le pouvoir estime gênantes”.

Pour lui, “Ces prétendus mandats d’arrêts internationaux sont nuls et de nuls effets. Et d’ailleurs, l’on sait que dans plusieurs circonstances, les agents du SNR (Service national de renseignements) se lancent dans de telles attaques pour en fin accuser des gens innocents. À voir le mode utilisé, il est fort probable que les dernières attaques en mairie de Bujumbura soient dans cette catégorie de séries entreprises par le pouvoir CNDD-FDD depuis son accession au pouvoir”.

Selon nos estimations, au moins 44 personnes ont été tuées dans des attaques armées et à la grenade dans les capitales économique et politique du Burundi ainsi que dans les provinces de Muramvya et Mwaro depuis avril dernier. Plus de 80 suspects ont été arrêtés.

« Quand on les torture, ils avouent tout, et plusieurs personnes qui collaboraient avec eux ont été appréhendées alors qu’elles ne se doutaient de rien. Tout a été révélé. Je dirais que les gens qui ont attaqué à Rutegama ont tous été reconnus et arrêtés », a confié à SOS Médias Burundi une source proche du CNDD-FDD, le parti au pouvoir.

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Photo DR : Alexis Sinduhije et Marguerite Barankitse visés par un mandat international

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