Presse : le journaliste de Bonesha FM sain et sauf mais profondément choqué (entretien)

Presse : le journaliste de Bonesha FM sain et sauf mais profondément choqué (entretien)

Le journaliste de la radio privée Bonesha FM arrêté ce vendredi a finalement été libéré après un bref interrogatoire. Dans un entretien accordé à SOS Médias Burundi, il affirme avoir reçu juste avant des coups de toutes sortes et subi plusieurs humiliations. (SOS médias Burundi)

Aimé Richard Niyonkuru s’était rendu dans la zone de Kamenge au nord de Bujumbura après l’explosion d’une grenade chez un haut gradé de la FDNB (Force de défense nationale du Burundi) qui a fait deux morts.

Il a été interpellé par des hommes en uniforme et d’autres en civil juste après avoir recueilli les témoignages des voisins des victimes. Le reporter s’apprêtait à parler à un responsable administratif local quand il a été repéré. Il a aussitôt été accusé de collaborer avec les ennemis du pays. « Ils m’ont dit que je faisais partie des malfaiteurs qui mènent les attaques au Burundi. Ils ont commencé à me tabasser, me gifler avant de me fouetter. J’ai reçu des coups de crosse de fusil et de bottines. Projeté au sol, ils m’ont relevé en me prenant par les cheveux, ils n’ont pas cessé de me frapper partout sur le corps », raconte-t-il encore sous le choc.

Accusations gratuites

Et le journaliste de restituer les propos de ses agresseurs : « Vous avez dirigé pendant 40 ans, vous devriez accepter que l’on vous dirige maintenant (…) Tu collabores avec Pacifique Nininahazwe (le président de l’ONG Focode-NDLR), tu viens avec une casquette de journaliste mais tu n’es qu’un malfaiteur. Tu as la chance, car si on n’était pas en deuil, on t’aurait déjà tué ». « Heureusement, certains membres du groupe plus raisonnables ont insisté pour que je sois transféré au poste de police à Kamenge », ajoute notre confrère.

De Kamenge, il a été transféré au commissariat municipal de la police. L’interrogatoire du journaliste s’est déroulé de façon normale ensuite. « Le PV que j’ai signé à la fin indiquait que j’étais libre et qu’aucun délit ne m’était reproché. L’OPJ m’a dit de partir en m’indiquant que la suite serait analysée par mon directeur et un responsable du ministère de la sécurité », explique-t-il.

Diminué .

M. Niyonkuru parle volontiers d’humiliation et d’une situation qu’il n’avait jamais vécu durant ses 11 ans de métier. « Ils m’ont encerclé et les habitants présents ont assisté impuissants à la scène. Personne n’a levé son petit doigt pour réclamer ma libération. J’ai vraiment été humilié. Et nous sommes dans un pays qui se dit démocratique et où les autorités disent que la liberté de la presse est garantie ? », interroge-t-il.

Selon notre confrère, le métier de journaliste au Burundi est réellement menacé. « Le conseil national de la communication (CNC) devrait dire aux forces de l’ordre et de sécurité que nous ne sommes pas des ennemis, que le travail des journalistes participe aussi au bien être de la population », tient-il à rappeler.

Une autre victime de violences

Toujours sur le lieu de l’attaque et dans le même temps, un jeune homme (dont l’identité n’a pas été révélée) a été interpellé violemment. Il portait un T-shirt du parti présidentiel et prenait des photos. Sur les 180 pays que l’ONG RSF (Reporters Sans Frontières) examine, le Burundi occupe la 147 ème position.

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Photo : Aimé Richard Niyonkuru, après sa libération vendredi le 24 septembre 2021

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