Burundi : le président Ndayishimiye fustige la commission Diène

Burundi : le président Ndayishimiye fustige la commission Diène

Dans son discours à la 76ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies ce jeudi, le président Évariste Ndayishimiye a déclaré que toute tendance à singulariser le Burundi en lui collant des mécanismes spéciaux en matière des droits de l’homme est tout simplement contre-productive. Il a demandé à certains partenaires notamment le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies de faire « une lecture juste et responsable » des efforts que le Burundi déploie aux côtés d’autres nations. Une déclaration rejetée par des opposants politiques à l’instar d’Aimé Magera du CNL. Il qualifie d' »aberration » les propos de Ndayishimiye à l’ONU au moment où « des opposants sont tués, torturés, forcés à disparaître, arrêtés et emprisonnés arbitrairement […] ». La Commission Diène a exposé son rapport sur la situation des droits de l’homme au Burundi cette semaine. Elle a demandé une surveillance internationale sur la situation des droits humains dans cette nation de l’Afrique de l’est, estimant qu’elle reste toujours préoccupante. (SOS Médias Burundi)

Selon Évariste Ndayishimiye, le Burundi croit fermement que les droits de l’homme doivent être protégés par des mécanismes clairs de bonne gouvernance, de sécurité et de justice équitable.

« Dans le cadre du suivi de l’état de mise en œuvre des principes de protection des droits de l’homme, la communauté internationale devrait adhérer aux principes fondamentaux d’universalité, de transparence, d’impartialité, de non-sélectivité, de non-politisation et d’objectivité ainsi que le rejet de la pratique de deux poids deux mesures en la matière », a-t-il indiqué.

Il estime que la meilleure voie de promouvoir et protéger les droits humains doit passer par la coopération, le dialogue, l’assistance technique et le renforcement des capacités des mécanismes nationaux œuvrant dans le domaine des droits de l’homme.

« Nous saisissons cette occasion pour demander à certains partenaires, notamment au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, de faire une lecture juste et responsable des efforts que le Burundi déploie aux côtés d’autres nations et les apprécier à leur juste valeur. Toute tendance à singulariser le Burundi en lui collant des mécanismes spéciaux en matière des droits de l’homme est tout simplement contre-productive », a-t-il avoué en indiquant que son pays dispose des mécanismes nationaux à même de défendre, promouvoir et protéger les droits de l’homme en l’occurrence la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme qui vient de recouvrer son statut A, l’Observatoire national pour la prévention et l’éradication du Génocide, des crimes de guerre et autres crimes contre l’humanité, la Commission vérité et réconciliation, le Conseil national pour l’unité nationale, la Commission nationale terres et autres biens ainsi que l’institution de l’Ombudsman.

Résultats d’enquête sur le Burundi

Lors du dialogue interactif qui a eu lieu ce jeudi au Conseil des Nations Unies des droits de l’homme à Genève, Doudou Diène, le président de la Commission d’enquête des Nations Unies sur le Burundi a quant à lui appelé à une surveillance internationale de la situation.

« Il faut se donner les moyens de suivre de près et de manière objective les développements et la situation des droits de l’homme au Burundi par un mécanisme international indépendant sous l’égide des Nations Unies », a suggéré M. Diène.

Selon lui, malgré les promesses du président Ndayishimiye d’améliorer durablement la situation des droits de l’homme, seuls des gestes symboliques qui sont importants et appréciés et quelques mesures controversées ont été posés.

« Ces gestes et mesures ne sont pas suffisants en eux-mêmes. Ils ne visent pas à garantir le respect des libertés fondamentales notamment la liberté d’expression, d’information et d’association, » a déclaré le président de la Commission qui a enquêté sur plusieurs formes d’abus au Burundi durant sa 5ème année consécutive.

Des opposants politiques rejettent en bloc les déclarations du président Ndayishimiye qu’ils qualifient de mensonges. L’exemple est d’Aimé Magera du parti CNL qui fustige le discours du président Ndayishimiye.

« Dire qu’au Burundi la paix et la sécurité règnent est une aberration. Des gens sont tués. Des cadavres sont découverts, des personnes sont enlevées, d’autres sont forcées à disparaître alors qu’elles avaient été arrêtées par des services de l’État, des membres de l’opposition sont arbitrairement interpellés et emprisonnés. Et des attaques sont rapportées, les récentes ont eu lieu cette semaine même. Elles ont coûté la vie à des gens à Bujumbura (capitale économique), à Gitega (centre) […]. Il dit que tous les partis participent à la vie du pays alors qu’ils ont été écartés. Toutes les institutions étatiques sont dirigées par les membres du parti au pouvoir le CNDD-FDD », a-t-il énuméré affirmant que les propos de Ndayishimiye ne sont que le pire mensonge pour flatter les autres nations à l’ONU.

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Photo : Évariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi, lors de la 76ème session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies à New York / DR

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