Réfugiés : la Tanzanie n’ accordera plus de nationalité à des réfugiés burundais

Réfugiés : la Tanzanie n’ accordera plus de nationalité à des réfugiés burundais

C’est le directeur national en charge des réfugiés qui a fait la déclaration ce mardi. Sudi Mwakibasi indique que tout réfugié qui voudra demander la nationalité devra d’abord rentrer au Burundi et retourner en qualité d’un Burundais et non d’un réfugié sous la protection du HCR. (SOS Médias Burundi)

M. Mwakibasi l’a annoncé lors d’un déplacement qu’il a fait dans les camps de réfugiés burundais ce mardi.
Il affirme que la Tanzanie n’accordera plus de nationalité à des réfugiés burundais qui le désirent. « Dans la situation actuelle, il n’y a aucun moyen par lequel vous pouvez avoir la nationalité. Et quand bien même c’est possible, ce serait une personne sur cent mille. Si tu veux devenir Tanzanien, retournes d’abord à la maison et reviens ici comme Burundais. Enlever cette casquette de réfugiés d’abord. C’est là seulement que vous pourrez revenir demander la nationalité. C’est dans ce cas seulement que l’immigration pourra étudier votre dossier », a-t-il insisté.

Le directeur national en charge des réfugiés a visité les camps de réfugiés burundais de Nyarugusu, Mtendeli et Nduta ce lundi et mardi.

Des réfugiés ont soulevé plusieurs questions et inquiétudes liées à l’insécurité dans les camps et le pays d’origine. « Nous aimerions vous demander de nous accorder la nationalité ou nous aider à trouver un troisième pays d’accueil »,ont plaidé des réfugiés qui disent que ce ne sont pas tous les occupants des camps qui sont prêts pour un retour volontaire.

Sudi Mwakibasi n’y va pas par quatre chemins. « Votre président était ici et il nous a dit que la paix et la sécurité règnent au Burundi. Il a rassuré que vous serez protégés si vous rentrez. Pas question de vous trouver donc un troisième pays ou vous accorder la nationalité. Oublier ça!Cela ne se produira jamais », a-t-il ajouté.

Et de continuer « […], il n’est pas bon que des Tanzaniens libres aient une cohabitation avec des Burundais non libres (réfugiés). Une telle cohabitation n’a pas de fondement ni de sens des deux côtés ».

Selon M. Mwakibasi « tous les réfugiés doivent se faire inscrire pour un retour chez eux et revenir en Tanzanie en qualité de Burundais libres afin d’investir dans le commerce et l’agriculture ».

Les propos sont tenus après une visite du président Évariste Ndayishimiye en Tanzanie. Une visite de trois jours depuis le 22 octobre. Les autorités burundaises ont toujours réclamé la fermeture des camps dans ce pays qui héberge encore plus de 140 mille réfugiés burundais.

Le camp de Mtendeli devrait être fermé à la fin de l’année. Plus de cinq mille Burundais ont déjà été délocalisés vers le camp de Nduta. Mais Mtendeli compte encore quelques 21 mille réfugiés.

Depuis plus de cinq ans, des associations de défense des droits de réfugiés dénoncent « des violations de droits de réfugiés » en Tanzanie allant des emprisonnements illégaux, des arrestations arbitraires, de l’atteinte à la vie privée aux disparitions forcées et tueries, une situation qui s’est détériorée au cours des trois dernières années avec des cas de réfugiés extradés au Burundi par les services tanzaniens de renseignements.

La situation a créé une peur panique dans les camps, plusieurs réfugiés préférant fuir encore une fois vers le Rwanda, le Kenya ou encore l’Ouganda. La majorité a été interceptée sur les frontières et obligée de retourner dans les camps.

En 2014, la Tanzanie avait naturalisé plus de 200 mille anciens réfugiés burundais et leurs enfants. Ils avaient fui les massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis.

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Photo : Evariste Ndayishimiye et son homologue Samia Suluhu Hassan lors de la visite du président burundais en Tanzanie, octobre 2021: présidence de la République du Burundi

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