Bujumbura :un leader syndical des enseignants totalise trois semaines en détention

Bujumbura :un leader syndical des enseignants totalise trois semaines en détention

Gérard Niyongabo, président du Sepeduc ( Syndicat des Enseignants Professionnels de l’éducation) est en détention depuis trois semaines à la prison centrale de Mpimba (Bujumbura, capitale économique).
Son syndicat est opposé à la coalition des enseignants pour la solidarité des enseignants (Cossessona) proche du ministère de l’Enseignement. Il a été incarcéré sous les ordres du procureur de la République de Mukaza (centre de la ville de Bujumbura) comme l’indiquent ses compagnons de lutte syndicale.
SOS Médias Burundi

Selon Antoine Manuma, président de la fédération nationale des syndicats de l’enseignement et de l’éducation du Burundi, une coalition des enseignants dont Sepeduc fait partie, Gérard Niyongabo a été emprisonné pour l’écarter de la direction du syndicat afin que quelqu’un d’autre plus malléable prenne sa place.
Il ne voulait pas que ce dernier soit inféodé à la Cossessona.

M. Manuma explique que le ministère de la Fonction publique en charge des syndicats a été saisi. Il déplore que rien n’a été fait pour rétablir Gérard Niyongabo et le Sepeduc dans leurs droits.

« Le ministère n’a rien fait pour plaider pour la libération du syndicaliste emprisonné injustement par le procureur de Mukaza pour la seule raison d’avoir défendu les droits des travailleurs. C’est aberrant », s’indigne-t-il.

Contactés, les portes-parole des ministères de la Justice et de la Fonction publique ont tous les deux refusé de s’exprimer sur cette affaire.

Début 2020, une crise entre la Cossessona (Coalition Spéciale des Enseignants pour la Solidarité Nationale) et des syndicats d’enseignants avait conduit à la détention de leaders syndicaux dont M. Manuma, sur plainte du responsable de la coalition.
C’est la commission nationale en charge des droits humains qui a dû intervenir pour les faire libérer.

À l’époque, les enseignants dénonçaient entre autres la contribution de 500 francs burundais chaque mois, une somme retenue sur leur salaire sans consentement et qui était destinée à la « solidarité nationale » et le droit de signataire sur un compte de la coalition qui était réservé à un conseiller de la présidence qui n’était pas membre des syndicats d’enseignants.

Le Burundi compte au moins 82 mille enseignants aujourd’hui. Une coalition qui en compte beaucoup devient aussi très influente et est courtisée par le parti présidentiel et les autorités dans ce pays où « le droit à la manifestation est bafoué ». Toute personne voulant réclamer ses droits à travers une manifestation étant taxée de vouloir « créer un mouvement insurectionnel » depuis la crise de 2015 déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza.

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Image : une vue de la ville de Bujumbura, la capitale économique

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