Bujumbura : grogne des vendeurs de rue contre les violences policières

Bujumbura : grogne des vendeurs de rue contre les violences policières

Plusieurs habitants de la ville commerciale Bujumbura dénoncent les violences policières contre les vendeurs ambulants dans les rues de la capitale économique. Les concernés ont été sommés de quitter le centre-ville et d’aller s’installer dans des marchés pour éviter le commerce informel. Des violences policières sont signalées. Des agents de la police chargés d’expulser les marchands ambulants constitués de femmes pour la plupart agressent, blessent et même volent leurs marchandises. (SOS Médias Burundi)

La police n’y fait pas dans la dentelle avec les vendeurs ambulants de la ville de Bujumbura. Les concernés ont confié leur ras-le-bol contre la brutalité policière à leur encontre.

«Des agents de la police et des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) de la zone de Rohero (en plein centre-ville de Bujumbura) s’en prennent à nous, dont des femmes et des enfants. Cela se passe au cours des opérations visant à nous évacuer du centre-ville de Bujumbura, notamment les alentours de l’ancien marché», dénonce une commerçante ambulante.

Les policiers qui ont pour mission de les évacuer de la ville n’hésitent pas à les frapper, les agresser et voler leurs marchandises.

Une vendeuse ambulante sert un client dans une rue de Bujumbura

Cette brutalité policière s’est exacerbée depuis le mois d’octobre 2020 lorsque la mairie de Bujumbura a déclaré vouloir mettre fin à la vente ambulante anarchique dans les rues de la capitale.

Un ultimatum est lancé. Tous les vendeurs ambulants sont priés de se déclarer auprès des autorités locales au mois de décembre 2020. La mairie de Bujumbura a déclaré avoir l’obligation de les transférer dans d’autres marchés de la périphérie de Bujumbura comme Musaga, Kanyosha, et Kinindo (sud)ainsi que Ngagara(nord). Une chose que les intéressés ont catégoriquement refusé . Selon eux, les chiffres d’affaires dans ces marchés sont très bas.

« Nous travaillerons à perte si nous nous éloignons de nos clients. Nous préférons poursuivre nos activités de façon informelle », a indiqué un marchand ambulant en plein centre-ville.

Un policier somme des commerçantes ambulantes de dégager les lieux non loin de l’ancien marché central de Bujumbura

Le sujet a fait du bruit dans le pays où le taux de chômage frise les 60%. Une grande partie de la population recourt au secteur informel.

Certains responsables administratifs de Bujumbura quant à eux saluent le transfert des vendeurs dans les marchés locaux. Ils indiquent qu’une réglementation de leur activité est une bonne chose en termes de sécurité et de recettes communales.

D’autres autorités locales par contre, en l’occurrence l’administrateur de la commune de Mukaza, Rénovat Sindayihebura ont critiqué la brutalité policière contre les marchands ambulants et l’absence d’une réelle politique publique sur la question.

« Deux-tiers de la population vivent dans la misère, avec moins de deux mille francs par jour. Ces femmes constituent la majorité de la population démunie qui essaie de survivre à la précarité. On ne doit pas les chasser de la sorte », s’indigne un député élu dans la municipalité de Bujumbura.

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Photo : une commerçante ambulante embarquée dans un pick-up de la brigade anti émeute à Bujumbura

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