Cibitoke : des familles des Imbonerakure morts en RDC interdites de faire le deuil

Cibitoke : des familles des Imbonerakure morts en RDC interdites de faire le deuil

Au moins douze Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) originaires de différentes communes de la province de Cibitoke (nord-ouest du Burundi) sont morts depuis fin décembre dernier dans des heurts qui opposent l’armée burundaise et ses alliés d’un côté et les rebelles du groupe armé Red Tabara et ses alliés de l’autre. Les combats se déroulent sur le territoire d’Uvira au Sud-Kivu à l’est de la RDC. Les familles n’ont pas eu le droit d’organiser le deuil. Des responsables administratifs et des forces de l’ordre et de sécurité ainsi que les représentants du parti présidentiel ne veulent pas que la situation soit communiquée au public, selon des sources locales. (SOS Médias Burundi)

À Cibitoke, les jeunes du CNDD-FDD tombés sur le champ de bataille sont originaires des commune de Buganda, Bukinanyana, Mabayi, Mugina, Murwi et Rugombo, selon des sources locales.

« Nous avons reçu des appels téléphoniques des Imbonerakure se trouvant encore au Congo. Certains d’entre eux disent avoir été blessés mais qu’il est difficile d’être évacués. Ils nous ont confirmé que sont morts quatre Imbonerakure de la zone de Ndora (commune de Bukinanyana), trois de la zone de Ruziba (commune de Mugina), trois des zones de Rugombo et Cibitoke (commune de Rugombo), deux de la zone de Butahana (commune de Mabayi). C’est vraiment terrible », se remémorent des membres des défunts.

Et d’ajouter, « Il y en a qui sont enterrés au Burundi et d’autres dont les corps ne sont pas rapatriés. À part ceux originaires de Cibitoke, il y a d’autres Imbonerakure qui sont morts aussi dans les mêmes circonstances. Ils proviennent des provinces de Ngozi (nord), Bubanza, Bujumbura et la capitale économique Bujumbura (ouest) ».

Pas question de faire le deuil

Depuis l’annonce de la mauvaise nouvelle, des familles des défunts sont, non seulement laissées à elles-mêmes mais il leur est également interdit de faire le deuil.

« Des responsables administratifs, des forces de l’ordre et de sécurité sans oublier des représentants du CNDD-FDD nous ont catégoriquement refusé de faire le deuil. Ils sont très clairs là dessus et ne veulent surtout pas voir des tentes installées dans des ménages pour recevoir des gens qui viennent nous consoler. Ils disent qu’il faut à tout prix éviter toute chose qui peut attirer l’attention des médias sur ce qui se déroule en RDC », se désolent des proches des Imbonerakure qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.

Pour calmer les familles éprouvées, les autorités ont promis à chaque famille dans un premier temps une enveloppe de cinq cent mille francs burundais pouvant être rehaussée dans le futur.

Des Imbonerakure ont rejoint les militaires en RDC

Des témoins oculaires affirment avoir vu de grands groupes des Imbonerakure traverser la rivière Rusizi (séparant le Burundi et la RDC) la semaine dernière.

« Ils sont passés par la rivière Rusizi (séparant le Burundi et la RDC). Leurs points de départ étaient fixés en communes de Buganda et Rugombo. Depuis leur départ, nous ne les avons pas vus revenir, du moins ceux que nous connaissons. Nous avons seulement constaté les blessés et morts qui ont été évacués par des militaires en compagnie de civils congolais », racontent des témoins oculaires.

Des sources locales dans le Sud-Kivu, confirmées par des sources militaires burundaises anonymes affirment que l’armée burundaise a perdu des hommes et alliés dans les heurts qui ont débuté fin décembre dernier.

« C’est dans les zones de Bibogobogo, Kiryama, Rugeje et Katobwe que l’armée burundaise a essuyé d’énormes pertes en chassant les Red Tabara de leurs positions », précisent-elles.

Les familles des Imbonerakure partis en RDC demandent d’être informées de ce qui leur est arrivé.

Un responsable de l’armée burundaise dans la région nord-ouest a réaffirmé ce mercredi que « nous n’avons pas d’hommes en RDC à part ceux qui gardent la frontière ».

Les représentants du CNDD-FDD à Cibitoke eux, se sont gardés de tout commentaire.

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Photo d’illustration : le chef-lieu de la commune Buganda, en province de Cibitoke.

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