Nyanza-Lac : quatre Imbonerakure en détention

Nyanza-Lac : quatre Imbonerakure en détention

Oscar Mfukamensenge, Augustin Ntiranyibagirha connu sous le sobriquet de Ryoya, Frank Kagoma et Javan Ndihokubwayo sont détenus au cachot du parquet de Makamba (sud du Burundi) depuis le 15 février dernier. Ils sont poursuivis pour « torture » sur Désiré Nduwayo. L’intéressé qui a été sérieusement tabassé et blessé par ses tortionnaires est lui aussi en détention. Sa famille et des défenseurs locaux des droits humains demandent qu’il soit emmené à l’hôpital pour être soigné. (SOS Médias Burundi)

Les quatre hommes ont été appréhendés par la police locale le 11 février. Deux d’entre eux à savoir Mpfukamensenge et Ntiranyibagira se trouvent être respectivement secrétaire et secrétaire adjoint du CNDD-FDD sur la colline et zone de Kabonga en commune de Nyanza-Lac (province de Makamba).

Leur arrestation est intervenue trois jours après une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux. Dans la vidéo, un certain Désiré Nduwayo qui, selon ses proches habite la même colline de Kabonga apparaît encerclé par des gens munis de bâtons. En pleurs, la sœur au front et assis à terre, l’homme subit un interrogatoire musclé.

« Des Imbonerakure se sont organisés et ont arrêté
Désiré Nduwayo le soir du 8 févier. Ils l’ont emmené au bord du lac Tanganyika. Ils avaient un plan de le tuer et de jeter son corps dans les eaux du lac. Seulement, on dirait que Dieu l’a sauvé. Mais il a été sérieusement tabassé », disent des habitants de Kabonga.

L’interessé est accusé d’avoir tenu des propos injuriant ses tortionnaires.
Dans la vidéo, celui qui semble diriger l’opération de torture est entendu demander à Nduwayo de citer les noms de personnes qu’il a injuriées.
Le misérable répond en tâtonnant et cite certains noms dont « Ryoya » avant qu’il ne soit obligé de demander pardon à tous les Imbonerakure et de signer un aveu, s’il commettait « la même erreur ».

L’un des quatre hommes enfin suggère à ses coéquipiers d' »ajourner la mission ». La mission, dans le jargon des Imbonerakure est « l’élimination physique de quelqu’un ».

Des défenseurs locaux des droits humains dénoncent « la négligence du parquet de Makamba dans le traitement de l’affaire ».

« Ils sont seulement poursuivis pour torture alors qu’ils ont eux-mêmes lâché un mot très important : ajournons la mission. Ceci signifie qu’au delà d’avoir torturé Nduwayo, ils avaient la mission de le tuer aussi. La justice ne devrait pas être ignorante. Qu’ils soient poursuivis pour les vrais délits », réagissent-ils.

Ils disent également ne pas comprendre comment le parquet puisse détenir la victime au lieu de l’emmener dans une structure sanitaire pour la faire soigner.

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Photo : la province de Makamba

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