Bubanza : la CVR veut à tout prix obtenir des preuves

Bubanza : la CVR veut à tout prix obtenir des preuves

Du 31 janvier au 11 février, la Commission vérité et réconciliation (CVR) cherchait des preuves du « génocide contre les Hutus » dans la province de Bubanza (ouest du Burundi). Ses employés ont creusé autour et dans la prison de cette province où toutes les sources de cette commission pointaient du doigt. Sur 14 fosses communes signalées, 10 ont été ouvertes. Elles contenaient 268 restes (habits, couvertures, os, crânes, menottes, et cordes). Des habitants disent que la commission veut à tout prix obtenir des preuves, au point de manipuler les faits. (SOS Médias Burundi)

Des habitants de Kivoga à quelques mètres de la prison de Bubanza indiquent que l’endroit où une fosse commune contenant plus de 200 restes humains a été découverte est un ancien cimetière.

« Cet un endroit qui fût un cimetière jusqu’en 2004. Pendant la crise éclatée en 1993 (suite à l’assassinat du premier président Hutu démocratiquement élu Melchior Ndadaye), des personnes qui souffraient de Kwashiorkor dans les sites de déplacés y ont été amenés après avoir transité par un centre de supplémentation mis en place par l’ONG Action contre la faim. Morts, ils ont été enterrés dans une fosse commune à Kivogo dans ce cimetière. Les couvertures utilisées à cette époque que cette commission montre, servaient à envelopper les corps. C’est en 1998 surtout que ce centre de supplémentation thérapeutique a connu beaucoup de morts » explique un ancien employé de cette ONG qui accueillait des personnes pour la supplémentation thérapeutique.

La commission avait l’information selon laquelle il y a une fosse commune dans la prison de Bubanza. Pendant 5 jours, ses employés ont creusé jusqu’à 14 m de profondeur au lieu indiqué. Ils n’ont rien trouvé.

Des ossements humains découverts à Bubanza

Selon une source, deux fois de suite, des ouvriers chèrement payés (10 mille par jour de travail) ont tenté de faire entrer des os dans cette prison pour faire croire à l’opinion qu’ils ont trouvé des restes des ossements humains des massacres de 1972 dans cette maison d’arrêt.

« Nous avons été vigilants. À l’entrée, des vérifications se faisaient pour voir si rien n’entrait », indique un employé de la prison.

Déception

Léa Pascasie Nzigamasabo, secrétaire de cette commission n’a pas caché sa déception le 11 février au stade de Bubanza lors d’une messe de requiem pour les personnes disparues.

« Écoutez bien, nous avons trouvé 268 restes humains, ce sont des victimes du génocide contre les Hutus de 1972. Rien n’a été trouvé dans la prison de Bubanza ».

Elle a tenté une justification : « la province de Bubanza avait deux arrondissements, Bubanza et Cibitoke. Ceux qui étaient arrêtés à Bubanza étaient amenés à Cibitoke pour y être tués et vice-versa. Voilà pourquoi on a trouvé un si petit nombre de fosses communes ici ».

Un fait nouveau que cette employée de la commission a révélé « en province de Cibitoke (nord-ouest et frontalière avec Bubanza), aucune fosse commune n’a été trouvée. Les personnes arrêtées étaient tuées et jetées dans la rivière Rusizi (séparant le Burundiet la RDC) », a-t-elle tranché.

Après avoir expliqué que ces massacres ont touché les Hutus comme les Tutsis et les Batwa dans certains endroits, Léa Pascasie Nzigamasabo a révélé que le gouvernement a planifié le massacre, l’armée, les détenus et les membres de la JRR (Jeunesse révolutionnaire Rwagasore) ayant été des exécutants. Elle a ajouté que parmi les membres de la jeunesse révolutionnaire Rwagasore , nombreux étaient des Hutus qui ont exécuté les Hutus, et que ces derniers ont été également exécutés à leur tour.

Un employé de la CVR range des couvertures retrouvées à Bubanza

Cette représentante de la CVR a imploré les jeunes d’en apprendre une leçon pour éviter d’être manipulés « que cela soit du jamais vu au Burundi ». « Les auteurs devraient demander pardon, les victimes soyez prêts à pardonner, les morts ne reviendront plus », a conseillé la commissaire.
Et d’ajouter : « Ne vous trompez pas, la vérité finit toujours par se savoir ».

En décembre 2021, la très controversée commission a qualifié de « génocide contre les Hutus », les massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis.
Même si la CVR a promis de se pencher sur les autres crises qui ont endeuillé le Burundi à différentes périodes dont celle de 1993 qui a vu l’extermination de Tutsis, elle continue de s’intéresser seulement à des zones concernées par les tueries de 1972.

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Photo : cérémonies de présentation des fouilles en province de Bubanza

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