Burundi : la CVR qualifie de génocide de Hutus les massacres de 1972

Burundi : la CVR qualifie de génocide de Hutus les massacres de 1972

Ce lundi, la commission vérité et réconciliation (CVR) présentait son troisième rapport d’étape aux deux chambres du parlement. Son président a déclaré que les massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis constituent « un génocide contre les Hutus du Burundi ». (SOS Médias Burundi)

Le rapport de ce lundi compte 5116 pages. Pierre Claver Ndayicariye, président de la très controversée commission affirme qu’elle a auditionné au moins 9 mille témoins. Parmi eux figurent des présumés auteurs des massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis.
Près de 20 mille restes d’ossements humains ont été exhumés, selon M. Ndayicariye qui ajoute que des milliers de documents relatifs à ces tueries ont été étudiés.

Il a ainsi déclaré « génocide contre les Hutus du Burundi » les événements de 1972. « Après une analyse approfondie des faits et gestes du pouvoir du président Michel Micombero, ayant précédé les violations graves, massives et systémiques des droits humains contre les Barundi du groupe ethnique des Bahutu en 1972-73, la commission vérité et réconciliation déclare solennellement ce 20 décembre 2021 que le crime de génocide a été commis contre les Bahutu du Burundi[…] », a annoncé le président de la CVR sous les acclamations des membres du parlement réuni en congrès, les Hutus étant très majoritaires.

L’association AC- Génocide Cirimoso estime qu’il s’agit d’un non événement. « Allez voir au Rwanda voisin, ce qui s’est passé avec le génocide des Juifs ou encore en ex Yougoslavie, qui a déclaré qu’il s’agit d’un génocide? C’est l’ONU. Et pourtant ces pays avaient la possibilité de mettre en place des commissions comme la CVR. La commission vérité et réconciliation n’a aucune prérogative, aucun mandat ni pouvoir de qualifier n’importe quelle crise qu’a connue le Burundi d’un génocide. Seul l’ONU peut qualifier un génocide dans un pays. Personne d’autre », a réagi Terrence Mushano, vice-président et porte-parole de l’association AC- Génocide Cirimoso.

Il trouve que l’action de la CVR contribue à diviser les Burundais de plus en plus. « Nous n’avons pas été surpris. La CVR n’a jamais été préoccupée par l’unité des Burundais. La commission est téléguidée et doit remplir un plan qui lui a été dicté. Cette fin d’aujourd’hui était déjà prévue depuis le jour où ils ont écarté la participation des experts de l’ONU », regrette Mushano qui demande à l’ONU de casser la décision de la commission vérité et réconciliation et d’envoyer ses experts pour enquêter et déterminer quel genre de génocide a été commis au Burundi.

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Photo : Pierre Claver Ndayicariye, président de la CVR lors de la présentation du troisième rapport d’étape à l’hémicycle de Kigobe, le 20 décembre 2021

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