Bujumbura : le manque de bus de transport en commun atteint son paroxysme

Bujumbura : le manque de bus de transport en commun atteint son paroxysme

La ville de Bujumbura (capitale économique) est devenue invivable suite au manque de bus de transport en commun reliant les différents quartiers causé par la pénurie de carburant, un phénomène qui a été aggravé par la limitation des zones réservées aux motos, tricycles et vélos qui appuyaient dans le transport des citadins. La plupart des habitants ont opté pour la marche pour se rendre au service ou rentrer à la maison. La situation est telle que même les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants ou personnes handicapées n’ont plus droit à monter en premier dans les rares bus qui parviennent à remplir leur réservoir. (SOS Médias Burundi)

Trouver un bus de transport en commun pour se rendre à ou quitter son lieu de travail dans la ville commerciale Bujumbura est devenu un parcours d’un combattant. Des files interminables de plus de deux kilomètres se remarquent dans les différents parkings surtout sur le parking de l’ancien marché central, créant un mouvement de panique parfois.

« Cela fait une semaine que je rentre à 22h suite au manque de bus. J’arrive à 17h après le travail sur le parking pour avoir un bus me permettant de rentrer chez moi 5h plus tard. Les rares minibus en très mauvais état qui viennent sont pris d’assaut par des passagers », témoigne Gilbert, un habitant de la zone de Gihosha dans le nord de Bujumbura trouvé sur le parking du centre-ville, visiblement fatigué.

Des passagers attendent un bus sur un parking presque vide dans le centre-ville de Bujumbura
Des passagers attendent un bus sur un parking presque vide dans le centre-ville de Bujumbura

Selon lui, « la vie est devenue impossible, la situation étant aggravée par la limitation des zones réservées aux motos, vélos et tricycles car certains d’entre nous avions nos propres moyens de transport et d’autres pouvaient se déplacer aisément grâce aux motos, vélos et tuk-tuk faisant le transport rémunéré, ce qui n’est plus le cas maintenant ».

Pour la partie sud de Bujumbura, l’office du transport en commun a essayé de sauver la situation en renforçant la ligne par de grands bus. Ce qui n’est pas suffisant.

« Je suis sur la queue depuis 16h, il est 21h maintenant. Je n’ai pas encore eu de bus pour rentrer chez moi alors que j’ai un bébé à allaiter. Ici, des gens à la santé fragile s’effondrent, il y a un homme et une femme qui ont fait une crise cardiaque, il n’y avait pas de secours alors qu’on est plus de 5000 à attendre un bus, c’est le désordre consacré dans cette ville de Bujumbura « , regrette Liliane, une jeune maman de 33 ans habitant la zone de Musaga au sud de Bujumbura, rencontrée sur le parking de l’ancien marché central de Bujumbura.

La situation est la même dans les quartiers, où des gens sont obligés de se rendre au service ou dans les marchés à pied, surtout le matin, obligeant les employeurs à revoir les heures d’ouverture de leur service.

« Auparavant, les employés devraient être au travail à 8h, mais ce n’est plus possible, on a dû ajouter une marge de tolérance jusqu’à 9h parce qu’on connaît qu’il y a un problème sérieux de manque de bus. On n’a pas de choix », fait savoir un responsable d’une microfinance de Bujumbura.

Du côté des transporteurs, on se lave les mains.

« C’est clair qu’il n’y a pas de bus suffisants au Burundi. La pénurie de carburant vient de le démontrer. Le gouvernement devrait investir dans l’achat des bus comme plusieurs autres pays le font ou accorder des exonérations aux investisseurs dans ce secteur. Sinon, cette anarchie ne fera que s’amplifier davantage », analyse un représentant de l’association des transporteurs du Burundi.

Pour les activistes, il ne s’agit ni moins ni plus d’un « abandon des habitants de Bujumbura ».

« C’est impensable qu’on puisse interdire aux tricycles, motos et vélos qui appuyaient dans le transport en commun de franchir plusieurs zones. Ce qui se passe est synonyme de punition infligée aux habitants de Bujumbura car ça fait des années que ce problème persiste et que rien n’est fait », compare Faustin Ndikumana, représentant de l’ONG locale Parcem (Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités) qui milite pour la bonne gouvernance.

Des bousculades inquiétantes

La situation n’est pas bien meilleure au centre -ville surtout vers 16h, a remarqué un de nos reporters.

Des personnes sont bloquées sur les longues files d’attentes où ces jours-ci les bus sont très peu nombreux.

Pendant les heures d’après- midi, les gens attendant leur bus se retrouvent en plein chaos : « bousculades, cris, blocages, coups de poing, des bus pleins à craquer des usagers excédés, les gens sont tendus aux heures de rentrer ».

Les femmes enceintes, les personnes âgées, handicapées et les enfants ne sont plus favorisés

Plus de compassion quad un bus arrive. Les passagers qui ont de la force sautent dedans en passant par les fenêtres ou la porte violemment. Difficile aux femmes et aux personnes âgées, enfants ou parents voyageant avec des enfants sans oublier les personnes handicapées d’y pénétrer. Ceux qui essaient ne sont pas épargnés par les coups de poing.

Zainabu, étudiante, arrive à 17h au centre- ville après son cours.

« Je dois arriver à la maison le plus tôt possible pour réviser car nous avons un examen d’ici cette semaine, ça fais 2h que j’essaie de prendre un bus mais à chaque fois qu’un bus arrive, il y a des bousculades, seuls les gens qui sont forts ou qui peuvent passer par la fenêtre entrent. Je préfère rentrer à pied. J’en ai pour plus d’une heure mais je préfère marcher au lieu de me faire blesser », raconte la jeune fille d’un air brisé.

Des habitants de Bujumbura attendent un bus, en vain
Des habitants de Bujumbura attendent un bus, en vain

Malgré les tentatives d’apaisement des chauffeurs et des policiers, l’incompréhension prédomine parmi les usagers des bus du transport en commun sur les différents parkings dans la capitale économique Bujumbura.

« Je viens de passer pas mal d’années à Bujumbura mais je vous assure que c’est pour la toute première fois que je vis une telle situation », affirme une femme de plus de 50 ans qui arrive au parking du centre-ville vers 15h pour atteindre son quartier tard dans la nuit.

Dans une réunion avec des représentants de partis politiques, le ministre en charge des affaires intérieures s’est attaqué à « ceux qui critiquent le gouvernement de ne rien faire ».

« Il y a des priorités, le gouvernement est à l’œuvre mais en même temps vous devez savoir qu’il y a des imprévus que le gouvernement n’avait envisagé. Le pays ne s’arrête pas, on doit avancer, c’est le gouvernement qui gère tout ça. On ne doit pas mettre tout sur le dos du gouvernement, nous devons surmonter ces problèmes ensemble, c’est pourquoi tous les conseils sont les bienvenus (…). Même les opinions qui sont exprimées dans les groupes WhatsApp, nous les considérons », a confié aux représentants des formations politiques en province de Kayanza (nord du Burundi) vendredi dernier Gervais Ndirakobuca, annonçant une « évitable nouvelle hausse des prix des produits pétroliers« .

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Photo : une camionnette aide à transporter des citadins qui ont manqué de bus au parking de l’ancien marché central de Bujumbura

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