Burundi : le secrétaire général du CNDD-FDD encourage les Imbonerakure à  poursuivre les rondes nocturnes et à éliminer les fauteurs de troubles

Burundi : le secrétaire général du CNDD-FDD encourage les Imbonerakure à poursuivre les rondes nocturnes et à éliminer les fauteurs de troubles

Le parti au pouvoir a organisé les cérémonies de commémoration du 7e anniversaire de l’assassinat du général Adolphe Nshimirimana, un des membres fondateurs du mouvement rebelle Hutu, le FDD qui deviendra le CNDD-FDD plus tard. Le patron du parti présidentiel en a profité notamment pour recadrer les membres de son parti, critiquer l’occident en particulier la Belgique, mais aussi défendre à nouveau sa perception d’éliminer tout individu qui perturberait la sécurité. Il a appelé les Imbonerakure, membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD qualifiée de milice par l’ONU, à poursuivre les rondes nocturnes. (SOS Médias Burundi)

Le parti au pouvoir a organisé ce mardi des cérémonies commémoratives en mémoire de feu général Adolphe Nshimirimana, assassiné le 2 août 2015, en pleine crise liée au mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza.

Après le dépôt des gerbes de fleurs sur sa dernière demeure dans sa propriété privée au nord de la ville commerciale Bujumbura, une messe de requiem a été organisée dans la paroisse Guido Maria Conforti dans sa zone natale de Kamenge.

Dans son discours, le secrétaire général du CNDD-FDD, a salué le « bravoure » de feu général Adolphe Nshimirimana.

« Souvenez-vous du dossier Kiliba Ondes, qui a suscité des débats! C’est bien notre général qui était en train de poursuivre et repousser l’ennemi », a rappelé Révérien Ndikuriyo. Le dossier dont il parle concerne l’envoi des Imbonerakure et agents du SNR (service national de renseignements) dans la zone de Kiliba Ondes, en province du Sud-Kivu à l’est de la RDC où des activistes ont dénoncé des atrocités et plusieurs violations des droits humains commis par ces derniers dont des assassinats. C’était en 2014. Cette année, ces révélations ont coûté l’emprisonnement à Pierre Claver Mbonimpa, fondateur de l’association burundaise pour la protection des droits humains et des personnes détenues, Aprodh.

M. Ndikuriyo a critiqué la Belgique qui, selon lui a formé tous les anciens putschistes.

« Tous les anciens putschistes ont étudié en Belgique. L’histoire le prouve. Mais pour ceux qui ont fréquenté les pays de l’Est dont la Roumanie, la Russie, là, ils sont disciplinés. Notre Dieu ne cessera de punir la Belgique. Louis Michel qui avait mal parlé du Burundi en 2015 est aujourd’hui handicapé. Il se déplace sur une chaise roulante », a déclaré le secrétaire général du CNDD-FDD.

Le parton du parti présidentiel a fustigé ceux qui disent que le Burundi connaîtra un génocide comme celui qui a été commis au Rwanda contre lesTutsis en 1994.

« Il ne faut jamais comparer les deux pays. Même en 1959, ils se sont entre-tués sur influence des colons belges, mais au Burundi, nous étions sereins », a-t-il dit.

M. Ndikuriyo encourage les Imbonerakure (jeunesse du parti au pouvoir), dans leurs actes de « sécurisation du pays ». Des actes pourtant dénoncés par la population qui parle de rondes nocturnes qui tournent au pillage et aux violations des droits humains, les Imbonerakure étant armés pendant la nuit.

« Je ne veux plus entendre quelqu’un me poser cette question. Les Imbonerakure assurent la sécurité du pays. Ce sont nos enfants », a-t-il renchéri.

Appel au meurtre

« La plupart de ceux qui le disent sont des soi-disant défenseurs des droits humains . Ce sont des déviants- vieillards qui ne se sont jamais mariés. C’est pourquoi je réaffirme qu’il est légitime de tuer quiconque s’aligne avec ceux qui perturbent la sécurité », a affirmé M. Ndikuriyo sans se gêner.

Il n’a pas manqué aussi de critiquer l’opposant Agathon Rwasa, président du CNL, la principale formation politique d’opposition.

« C’est un rancunier , un mauvais leader. Au moment de déposer les armes, il a préféré enterrer ses armes plutôt que venir avec et les déposer. Il a même éliminé tous les intellectuels de son ancien mouvement des FNL (Forces nationales de libération ,un ancien mouvement rebelle Hutu qui a déposé les armes en 2008). C’est pourquoi, il n’a aucun officier dans la police et l’armée. Il ne sait pas ce que c’est faire de la politique », a-t-il accusé devant un parterre dévoué à sa cause.

L’ancien chef des renseignements burundais Adolphe Nshimirimana reste l’un des hommes du CNDD-FDD accusés de tous les maux par la société civile locale et les organisations internationales de défense de droits humains même s’il est loué par les militants du parti au pouvoir.

Entre 2009 et 2015, l’année de son assassinat, plusieurs cas d’assassinats ciblés lui sont reprochés. Parmi lesquels l’assassinat de trois religieuses italiennes dans leur couvent à Kamenge (nord de Bujumbura) en octobre 2014 , les assassinats ciblés des membres des partis politiques d’opposition surtout ceux du FNL et du MSD (Mouvement pour la solidarité et le développement) ainsi que les tueries de jeunes lors des manifestations contre un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza en 2015 sans oublier l’assassinat de l’ancien vice-président de l’Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques), Ernest Manirumva en 2009.

Tué dans une attaque à la roquette dans son fief de Kamenge le 2 août 2015, l’ancien rebelle Hutu reste l’homme le plus controversé du Burundi.

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Photo d´archives : Réverien Ndikuriyo, secrétaire général du parti CNDD-FDD

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