Burundi : la VOA dénonce une interdiction politique de ses émissions

Burundi : la VOA dénonce une interdiction politique de ses émissions

Le Conseil National de la Communication, CNC, a levé les équivoques sur la réouverture de la Radio Voix de l’Amérique au Burundi. Pour le CNC, cette radio internationale ne sera pas autorisée à émettre avant qu’elle ne livre aux autorités burundaises un de ses employés poursuivi pour le coup d’État manqué de 2015. Et, la VOA dénonce ces accusations qu’elle juge plus politiques que professionnelles. La VOA est bannie dans la petite nation de l’Afrique de l’est depuis mars 2018. (SOS Médias Burundi)

La présidente du CNC a déclaré vendredi que le Burundi n’est pas prêt à permettre à la radio Voix de l’Amérique, VOA d’émettre sur son territoire.

« Il est vrai que le Président de la République du Burundi a une bonne intention de permettre à cette radio VOA d’émettre de nouveau sur le territoire burundais, mais on voit que de l’autre côté de la VOA, cette intention n’est pas là. Nous avons demandé à plusieurs reprises que le journaliste Patrick Nduwimana, qui a participé au coup d’État en 2015 et qui a été condamné, soit transféré au Burundi pour y purger sa peine, ce qui n’a jamais été fait », a répondu Vestine Nahimana à un journaliste qui voulait savoir quand les sanctions contre la VOA seront levées. C’était ce vendredi dans une conférence publique des porte-paroles des institutions étatiques qui s’est déroulée en province de Kayanza au nord du Burundi.

Mais pour la VOA, ces accusations sont sans fondement.

« Nous condamnons sans réserve cette position du Burundi de continuer à suspendre notre licence et nous empêcher d’émettre sur le territoire burundais. Les allégations sur lesquelles cette mauvaise décision se fonde sont politiquement motivées, ce qui ne regarde en rien la VOA », a de son tour retorqué la direction de la VOA dans un court communiqué sorti ce vendredi.

Le CNC a semblé indiquer ne pas avoir une dent contre la VOA.

« Le CNC n’en veut pas à la VOA. Seulement, on voit que la VOA n’est pas sensible à notre demande car le journaliste Patrick Nduwimana reste dans les studios de la VOA et parle- comme si le jugement de la justice burundaise ne voulait rien dire. Donc tant qu’il n’est pas encore viré et transféré ici pour faire exécuter le jugement, la VOA ne verra jamais notre permission de rouvrir. Nous sommes clairs », a tranché Madame Nahimana.

La VOA trouve quant à elle que la suspension de ses émissions au Burundi fait reculer la liberté de la presse et d’expression dans le pays.

« Nous continuons à garder notre cap de défense de la liberté d’opinion pour un journalisme indépendant et objectif », souligne la VOA.

Cette radio prend pour victime la population burundaise.

« Nous demandons au Burundi de rouvrir notre fréquence et nos émissions pour permettre à la population d’avoir des informations équilibrées sans aucune restriction, condition ou censure. La population a tant besoin de cet espace libre médiatique », conclut la direction de la VOA qui s’exprime très rarement sur cette position du Burundi.

Patrick Nduwimana, ancien directeur de la radio indépendante Bonesha FM au Burundi, dont le CNC veut la tête a été condamné comme six de ses collègues Burundais à la perpétuité.

En exil comme une centaine de journalistes burundais depuis 2015, il est accusé d’avoir donné le micro aux putschistes en mai 2015 et communiqué avec l’ancien numéro deux d’un groupe d’officiers qui avaient annoncé la destitution de feu président Pierre Nkurunziza, le général Cyrille Ndayirukiye mort en prison l’année dernière.

La VOA est bannie au Burundi depuis mars 2018 .

La BBC qui était concerné par le même châtiment que la VOA a été réouverte au début de cette année. Toutefois, ses bureaux restent fermés dans la petite nation de l’Afrique de l’est. Ses journalistes qui couvrent le Burundi le font depuis la capitale du Kenya, Nairobi.

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