Burundi : les autorités empêchent pour la troisième année consécutive AC-GENOCIDE Cirimoso de commémorer les massacres de Kibimba

Burundi : les autorités empêchent pour la troisième année consécutive AC-GENOCIDE Cirimoso de commémorer les massacres de Kibimba

L’association AC-GENOCIDE Cirimoso n’est pas autorisée de se rendre au monument de plus de 150 élèves Tutsis tués le 21 octobre 1993 à la suite de l’assassinat du premier président Hutu démocratiquement élu Melchior Ndadaye. Le ministre en charge des affaires intérieures a expliqué aux représentants de l’association que « Ndadaye est un héros national et que tout le monde doit se rendre à sa tombe pour s’y recceuillir. Pour l’association, il s’agit d’une violation de droits et d’une attaque contre « la mémoire du génocide des victimes Tutsis ». SOS Médias Burundi

C’est ce mercredi que le ministre en charge des affaires intérieures a communiqué la décision aux intéressés. Martin Niteretse les a convoqués à son bureau dans la ville commerciale Bujumbura pour leur donner les raisons de son refus.

« Le 21 octobre est un jour où nous commémorons l’assassinat du président Melchior Ndadaye. C’est un héros national et tout le monde doit aller se recceuillir sur sa tombe », a-t-il tenté de convaincre.

C’est la troisième année consécutive que les autorités burundaises empêchent les représentants de l’association AC-GENOCIDE Cirimoso de commémorer les massacres de Kibimba, des massacres qui ont emporté la vie de plus de 150 élèves Tutsis le 21 octobre 1993.

« Il s’agit d’une décision qui ne favorise pas la réconciliation. Le ministre vient encore une fois de percer nos cœurs avec une épée. Ndadaye a été tué par des fonctionnaires de l’Etat tout comme ces enfants. Les gens doivent avoir le droit de commémorer la mort des leurs », a rétorqué Térence Mushano, vice-président de l’AC-GÉNOCIDE Cirimoso.

Et pour Emmanuel Nkurunziza, secrétaire de l’association AC-GENOCIDE Canada c’est « une attaque contre la mémoire du génocide des victimes Tutsis ».

Depuis 2020, les associations et les parents d’élèves ne sont pas autorisés d’aller se recceuillir devant les leurs comment ils le souhaitent.

Les deux dernières années, les autorités burundaises ont entre autres évoqué les raisons sanitaires liées au Covid-19 et sécuritaires sur ce lieu qui est sur la colline natale du président Évariste Ndayishimiye qui y possède une résidence.

Pour rappel, plus de 150 élèves Tutsis du lycée de Kibimba, en commune de Giheta dans la province de Gitega (centre du Burundi) avaient été rassemblés dans une station-service de Kwibubu le 21 octobre 1993 avant de subir une mort atroce. Certains ont été brûlés vifs, d’autres décapités. C’était à la suite de l’assassinat du premier président Hutu démocratiquement élu Melchior Ndadaye.

Le Burundi a la même composition ethnique que le Rwanda, son voisin du nord où le génocide de 1994 contre les Tutsis a été reconnu par l’ONU.

Au Burundi, les Hutus et les Tutsis peinent à se mettre d’accord sur la qualification des crimes qui ont emporté les leurs. Les Tutsis veulent que les massacres de 1993 qui ont suivi l’assassinat du président Melchior Ndadaye soient considérés comme  » un génocide » au moments où les Hutus, y compris un ancien président et des associations locales ainsi que des partis politiques dont le Frodebu de Ndadaye militent sans relâche pour qualifier eux-mêmes les tueries de 1972- ayant emporté plus de Hutus que de Tutsis, de « génocide contre les Hutus ».

En mai dernier, le président Neva a refusé d’entériner une décision de l’Assemblée nationale reconnaissant les massacres de 1972 comme « un génocide contre les Hutus au Burundi », une adoption basée sur un rapport de la très controversée commission vérité et réconciliation CVR.

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Photo d’archives : des personnes au monument de Kwibubu commémorant plus de 150 élèves Tutsis tués le 21 octobre 1993 à la suite de l’assassinat du premier président Hutu démocratiquement élu Melchior Ndadaye.

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