Nord-Kivu : la société civile alerte sur ce qu’elle qualifie de plan de balkanisation de la RDC par les pays voisins

Nord-Kivu : la société civile alerte sur ce qu’elle qualifie de plan de balkanisation de la RDC par les pays voisins

La coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo alerte sur ce qu’elle appelle « un plan macabre de la balkanisation et d’exploitation des ressources du sol et du sous-sol congolais par les pays voisins sous couvert des multinationales et de la communauté internationale ».Cette dénonciation a été faite par le vice-président de la société civile locale lors d’une conférence qu’il a animée à l’intention des jeunes de la ville commerciale de Butembo dans la commune de Bulengera. Une conférence centrée sur la problématique de la persistance de la guerre dans cette partie du pays. (SOS Médias Burundi)

Edgard Mateso a dénoncé l’implication des pays voisins, des multinationales et de la communauté internationale dans l’interminable guerre qui écume la province du Nord-Kivu depuis les années 1990 et dont la mission est d’exploiter les richesses et/ou balkaniser le pays, selon l’activiste.

« Nos pays voisins, les multinationales et la communauté internationale veulent exploiter nos richesses, ils veulent balkaniser notre pays. C’est à ce titre que nous avons sonné la sonnette d’alarme. Que les jeunes puissent prendre conscience de cette guerre qui est en train de consumer nos frères et sœurs. Nous devons résister pour stopper cette guerre, nous devons continuer à dénoncer et nous devons nous prendre en charge »,a-t-il lancé aux jeunes participants.

Conscient que la dénonciation à elle seule ne suffit pas, le vice-président de la coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu appelle à une auto-prise en charge de la population congolaise en général et de façon particulière de la jeunesse congolaise.

« Soyons vigilants, nous devons nous prendre en charge pour stopper ce plan qui vise notre pays. La jeunesse doit se prendre en charge. Cette prise en charge doit passer par l’entrée de la jeunesse dans les institutions du pays pour imposer aux gouvernants une nouvelle forme politique qui puisse aider à sauver le pays des accords mal négociés et des infiltrations. Les jeunes doivent entrer dans la police, dans l’armée et dans les services de sécurité du pays pour devoir imposer une nouvelle gouvernance à ce pays », a-t-il poursuivi.

Depuis le 13 juin 2022, une partie du territoire à l’est du pays est sous occupation de la rébellion du M23.

Les autorités congolaises n’ont cessé d’accuser Kigali d’apporter de l’aide humaine et matérielle à cette rébellion composée de Tutsis congolais.

Après multiples dénonciations de l’invasion de l’armée rwandaise en RDC, la communauté internationale s’est aussi lancée dans le jeu de dénonciations sans rien faire de concret, charge la société civile locale. Son inaction , estime-t-elle, suscite la colère des habitants de la RDC qui accusent la communauté internationale d’être de connivence avec les pays agresseurs dans le but de « piller le pays et au final exécuter le plan de balkanisation ».

Le Rwanda a toujours nié les accusations formulées par les autorités congolaises, accusant à son tour les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) de « collaborer avec les génocidaires FDLR dans le but de déstabiliser son territoire ».

Le gouvernement rwandais dénonce aussi la « persécution » dont sont victimes les communautés rwandophones vivant en RDC. Les autorités congolaises, des officiers de l’armée et une partie de la société civile sont indexés.

À l’exception du Rwanda, tous les pays de la communauté Est-Africaine ont envoyé des armées dans l’est du Congo depuis mi août 2022 dans le cadre d’une force régionale décidée par les chefs d’Etat de l’EAC en juin cette année pour essayer de « trouver une solution à la crise congolaise ». Mais les groupes armés locaux ont refusé de déposer les armes arguant que « nous et nos communautés serons en insécurité si nous déposons les armes alors que les groupes rebelles étrangers n’ont pas encore été expulsés du territoire de notre pays ».

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Photo d’illustration : des jeunes gens qui militent pour le départ de la mission onusienne tiennent les croix sur lesquelles sont mentionnés les noms des personnes tuées lors des manifestations anti-Monusco à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu,août 2022

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