Burundi : le CNDD-FDD se restructure sans se fissurer

Le CNDD-FDD a tenu un congrès ce dimanche dans la capitale politique Gitega. La majorité d’observateurs s’attendait à ce qu’il se fende. Mais le parti présidentiel a annoncé certaines restructurations sans fêler comme la plupart de gens le présageait. (SOS Médias Burundi)

Le congrès était tant attendu. Même le ministre en charge des affaires étrangères avait pris le soin d’inviter les diplomates accrédités au Burundi pour qu’ils se rendent dans la capitale politique Gitega. Ils sont basés dans la ville commerciale Bujumbura à plus de 100 kilomètres. Beaucoup ont répondu à l’invitation. Il s’agit notamment des représentants des ambassades des États-Unis, des Pays-Bas, de la Turquie, de la Chine, de la Tanzanie….

Après une prière oecuménique et un mot d’ouverture du chef de l’État, les représentants du CNDD-FDD venus de toutes les 18 provinces de la petite nation de l’Afrique de l’est se sont réunis à huis clos. Après une heure environ, Nancy Ninette Mutoni, commissaire en charge de la communication a lu un communiqué sanctionnant les travaux du congrès.

Elle a annoncé plusieurs nouveautés: création des instances du parti dans les zones, restructuration des organes au niveau des provinces, création de deux nouveaux organes en charge de la gestion des programmes et activités et des anciens combattants de l’ancienne rébellion Hutu.

Révérien Ndikuriyo reconduit en douceur

« […], son excellence le président Évariste Ndayishimiye est président du conseil des sages, les participants au congrès ont procédé à l’élection du secrétaire général du parti. C’est le Mugumyabanga (nom attribué aux militants du CNDD-FDD) Révérien Ndikuriyo qui a été élu », a annoncé Nancy Ninette Mutoni sous une pluie intense.

Lors du congrès, l’actuel président de l’Assemblée législative de la communauté Est-Africaine EALA a été remplacé au poste de secrétaire général adjoint du CNDD-FDD. Joseph Ntakarutimana, Tutsi originaire de la province de Ngozi au nord du Burundi a été remplacé par le deuxième vice-président du sénat, Cyriaque Nshimirimana, un autre Tutsi de la province de Ruyigi à l’est du pays.

La langue nationale promue

Il a été décidé ce dimanche à Gitega que le Kirundi (langue nationale) soit utilisée lors des réunions.

« le Kirundi sera désormais la langue de travail lors des réunions de l’exécutif burundais. Les rapports seront aussi rédigés en langue nationale », a décidé le congrès qui parle de « promotion de la langue nationale ».

Relations entre le Burundi et d’autres pays

Les délégués du CNDD-FDD se sont également exprimés sur les relations entre le Burundi et les autres pays, notamment le Rwanda.

« […] ,le parti CNDD-FDD demande au Rwanda de remettre au Burundi les présumés putschistes exilés dans ce pays depuis 2015, quelques 19 criminels burundais qui se sont repliés sur le sol rwandais après des attaques commises au Burundi en septembre ». Ce sont quelques recommandations pour que les relations entre les deux pays de la région des Grands-Lacs d’Afrique “soient définitivement assainies ».

Le parti présidentiel affirme reconnaître l’effort du Rwanda de « laisser les réfugiés burundais rentrer chez eux » et lui demande de continuer dans cette voie.

Le document sanctionnant les activités du congrès de l’ancienne rébellion Hutu a conseillé aux Congolais de « se lever pour éviter que leur pays ne sombre dans le chaos ».

Le chef de l’État qui a pris quelques deux heures pour « discourir » est longuement revenu sur ses collaborateurs corrompus, gourmands.

« Les dirigeants corrompus doivent comprendre que les temps sont révolus. Nous avons été choisis pour servir les Burundais et non pas les faire souffrir, et non pas s’accaparer de leur dû. Nous sommes payés par l’argent du contribuable mais vous lui exigez des pots de vin pour lui donner un service », a chargé M. Ndayishimiye qui qualifie de telles autorités de « criminelles ».

Plusieurs mesures de sécurité avaient été prises lors du congrès de ce dimanche et aucune personne n’avait droit d’entrer avec son téléphone portable sur le lieu où il s’est déroulé.

Avant la tenue de ce congrès, le parti au pouvoir avait organisé une croisade de trois jours. L’archevêque de Gitega qui l’a ouverte a demandé aux autorités issues du CNDD-FDD et à ses représentants de « promouvoir le respect des droits humains ».

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Photo : le président Neva au milieu des membres du conseil des sages du CNDD-FDD