Burundi : les utilisateurs du système Ecocash dans le désarroi

Burundi : les utilisateurs du système Ecocash dans le désarroi

L’office burundais des recettes (OBR) a saisi les comptes de la compagnie de téléphonie mobile Econet Wireless Burundi. Les utilisateurs de son système de transfert d’argent dit Ecocash ne peuvent plus retirer leur argent. Les super agents, les agents et les particuliers ne savent pas à quel Saint se vouer. (SOS Médias Burundi)

Dans toutes les banques et les microfinances du Burundi qui collaborent avec le système Ecocash, personne ne peut retirer de l’argent depuis ce jeudi 26 janvier 2023, en fin d’après-midi.

« Quand je me suis rendu à la banque et à l’Ecocash, on m’a dit qu’il n’y a pas d’argent. Je suis revenu les mains vides. J’ai des vertiges quand je pense à l’argent que mes agents perdent, sans parler de mon cas. Il y a des agents qui perdent en termes de millions et cet argent ne leur appartient pas », se lamente un super agent qui tient son business au centre-ville de Bujumbura, la ville commerciale.

Partout, les visages des agents qui sont dans tous les coins de la ville font pitié. Les uns se saluent et on remarque le chagrin en eux. Une fille en gilet-Ecocash se confie, les larmes aux yeux : « je risque de perdre plus de 500 mille francs alors que l’argent que j’utilise ne m’appartient pas. Où vais-je aller mon Dieu ! »

Un autre agent garde l’espoir. Selon lui, « l’Etat est notre parent. Il ne peut pas voler l’argent de ses enfants. Que l’on garde espoir. Une solution sera trouvée demain peut-être ».

L’Office burundais des recettes a ordonné la saisie de tous les comptes du réseau Econet suite à « une dette de plus de 88 milliards de francs burundais et plus de 44 millions de dollars américains ». La lettre adressée à différentes institutions financières date du 24 janvier 2023. Elle a commencé à circuler sur les réseaux sociaux ce jeudi matin, avant la paralysie du système. Mais la compagnie qui a beaucoup d’abonnés dans la petite nation de l’Afrique de l’est avait rassuré que « vous pouvez continuer à utiliser nos services Ecocash ».

Récemment, le président Neva avait prévenu que « je n’aurai pas pitié pour ces compagnies de téléphonie mobile-pas même de pardon équivalent à un grain sénevé ». Pour le chef de l’État burundais, les compagnies de téléphonie mobile s’enrichissent sur le dos du contribuable burundais sans rien contribuer au trésor public alors qu’elles ont déjà un eu « un bénéfice de plus de cinq millions de fois ».

« Vous brandissez toujours le principe de continuité de l’Etat. Qui vous a trompé que la continuité de l’Etat fonctionne dans le mal ? », a-t-il déclaré en décembre dernier en province de Kayanza au nord du Burundi. Il faisait allusion à des contrats de compagnies de téléphonie mobile et de sociétés d’exploitation minière.

M. Ndayishimiye parle de « contrats biaisés et frauduleux » qu’il ne peut pas cautionner en tant que gestionnaire du pays et affirme que « je lirai moi-même ces contrats et irai moi-même plaider car si j’envoie des techniciens, vous allez les corrompre. Je me transformerai moi-même en avocat ».

La plus représentative compagnie de téléphonie mobile au Burundi ne s’est pas encore exprimée sur cette situation. Ce n’est pas la première fois que les autorités burundaises menacent de fermer cette compagnie si elle « règle pas ses dettes ». Mais c’est la première fois que ses comptes sont saisis.

_______________________

Photo d’illustration : un abonné de la compagnie de téléphonie mobile Econet Wireless Burundi tient son téléphonie après avoir reçu un transfert d’argent

Previous Makamba : trois hommes dont un directeur d'école en détention pour viol sur mineures
Next Nyarugusu (Tanzanie) : un réfugié burundais retrouvé mort