Rwanda : les activistes et journalistes demandent aux autorités rwandaises d’enquêter sur la mort du journaliste Ntwali

Rwanda : les activistes et journalistes demandent aux autorités rwandaises d’enquêter sur la mort du journaliste Ntwali

Ce jeudi soir, des activistes et journalistes se sont réunis à Baraza Media Lab, dans la capitale kényane Nairobi, dans une veillée en mémoire du journaliste rwandais John Williams Ntwali, mort dans un accident de la route, selon un rapport de la police rwandaise. Ils ont demandé aux autorités rwandaises d’enquêter sur les circonstances de sa mort et d’autoriser des enquêteurs étrangers à se rendre au Rwanda pour aider dans les investigations. (SOS Médias Burundi)

C’est l’association « International press association of East Africa » qui a organisé la veillée. Des amis, des journalistes et activistes qui ont connu Ntwali ou collaboré avec lui ou encore des gens qui ne le connaissent pas du tout avant sa mort, ont rendu hommage à un homme courageux , brave , un journaliste équilibré-un héros tel le que le dit son nom-Ntwali. Tous les orateurs sont revenus sur le respect des droits du métier de journaliste, parlant d’un métier menacé dans la région Est-Africaine.

« Un pays comme le Rwanda qui s’est relevé après le génocide contre les Tutsis mais qui bafoue les droits des journalistes deviendrait comme une très belle maison sans porte », a décrit un conférencier.

« C’est très tragique que le Rwanda ait perdu un des ses fils dans de telles circonstances mystérieuses. C’est pourquoi à Amnesty nous appelons à une enquête rapide et efficace sur la cause de sa mort. Qu’il y ait aussi des poursuites judicaires s’il se révèle qu’il y a des auteurs », a indiqué Irungu Houghton, directeur exécutif chez Amnesty International Kenya.

Pour M. Irungu « c’est très important dans un moment comme celui-ci pour le leadership du Rwanda d’assurer le public et les journalistes en particulier qu’être journaliste ne vaut pas la mort, qu’être journaliste d’investigation n’est une raison de perdre sa vie ».

Les autorités du Rwanda devraient faire en sorte que les services de police et la justice travaillent d’arrache pied jusqu’à ce que le monde sache ce qui est arrivé à John Williams Ntwali, estime Irungu Houghton.

Muthoki Mumo est représentante de CPJ (Committte to protect journalists) en Afrique de l’est et dans la Corne de l’Afrique. Elle estime que des enquêteurs étrangers devraient être acceptés par le Rwanda pour aider les services locaux à établir la lumière sur la mort de notre confrère. La police rwandaise a informé qu’il est mort d’un accident de la route. Muthoki émet quelques doutes.

« Y-a-t-il des images de l’accident pour le moment ? Qui a été arrêté ? Y-a-t-il eu autopsie de son corps pour peut-être déterminer la cause directe de sa mort ? La nature des enquêtes peut être renforcée en invitant des enquêteurs étrangers par exemple des Nations-Unies ou de l’Union africaine, des gens qui ont l’expertise sur les meurtres illégaux, assassinats extra-judiciaires et disparitions forcées. Ils devraient être là, accompagner et dire si les premières étapes, réponses étaient crédibles et transparentes quand on a appris ce qui est arrivé à Ntwali », dit-elle.

Pour le directeur exécutif chez Amnesty Kenya, il serait très important que le président Paul Kagame se prononce sur la mort du journaliste Ntwali.

« Il est temps que le président Kagame s’exprime sur ce cas, pour la simple raison que cela restaurerait la confiance et enlèverait le mystère autour des circonstances de sa mort. Quelques semaines après la mort d’un journaliste anti-corruption du Cameroun, Martinez Zogo, le président Paul Biay s’est exprimé sur cette affaire et a exhorté qu’il y ait une enquête rapide. Je pense que le président Kagame pourrait faire la même chose », trouve-t-il.

Irungu Houghton parle d’une situation contradictoire.

« Si l’on pense au Rwanda, l’un des plus grands héritages du président Kagame aura été la lutte contre la corruption. Pourquoi muselerait-il la presse et les défenseurs de droits humains alors qu’ils sont essentiellement là pour protéger les intérêts publics quand les gens commencent à bafouer les intérêts communs pour leur propre profit », a-t-il ajouté.

Muthoki Mumo quant à elle insiste et explique pourquoi les enquêtes sont nécessaires dans l’affaire Ntwali.

« [….], ici nous avons un journaliste qui a parlé de menaces contre lui à plusieurs reprises, qui a même dit avoir survécu à des accidents mis en scène, et maintenant il vient de mourir d’une manière qu’il avait en quelque sorte prédite. Nous devons poser des questions et ces questions doivent trouver des réponses. Le doute que cet homme qui a dit être menacé à plusieurs reprises pour son métier, a été tué pour son travail, doit être levé. Nous ne voulons que la transparence, plus d’informations », dit-elle avant de conclure que « le gouvernement rwandais a la responsabilité de faire ça ».

John Williams Ntwali est mort dans un accident de la route le 18 janvier dernier, selon un rapport de la police rwandaise. Le 31 janvier dernier, 90 organisations de défense des droits humains et de journalistes ont sorti un communiqué conjoint appelant à une enquête indépendante sur les circonstances de sa mort.

Les autorités rwandaises n’ont pas encore réagi à cette demande.

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Photo : John Williams Ntwali mort dans un accident de la route le 18 janvier dernier, selon la police rwandaise

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