Malawi : les autorités ordonnent à tous les réfugiés urbains de regagner le camp de Dzaleka
Le gouvernement du Malawi a donné un ultimatum aux réfugiés et aux demandeurs d’asile vivant à l’extérieur du camp. Ils doivent tous rejoindre les autres réfugiés dans l’unique camp de réfugiés du pays. Ils ont jusqu’au 15 avril, sinon le recours à la force est envisagé. Les concernés ont reçu la nouvelle avec regret. (SOS Médias Burundi)
C’est le ministère de la Sécurité intérieure qui a annoncé la mesure la semaine dernière. Au moins huit mille réfugiés vivent en dehors du camp de Dzaleka.
« La décision est conforme à la politique de campement du Malawi, qui interdit aux réfugiés de rester en dehors d’un camp de réfugiés. Dzaleka dispose d’installations conformes aux normes internationales pour tous les réfugiés et demandeurs d’asile, notamment des écoles primaires et secondaires, un centre de santé et un marché public », a expliqué Ken Zikhale Ngoma, le ministre en charge des affaires intérieures du pays.
Mais les réfugiés burundais et congolais qui vivent dans des centres urbains ne sont pas de cet avis.
« L’avantage de vivre en ville, c’est qu’on a beaucoup plus d’opportunités qu’à l’intérieur du camp. En ville, si vous êtes un homme d’affaires, vous pouvez ouvrir un magasin et vous pouvez gagner votre vie avec des revenus, vous pouvez prospérer », disent-ils.
En 2022, le HCR avait déjà exprimé ses inquiétudes lorsque le gouvernement du Malawi a émis le premier ordre de relocalisation.
L’agence pour les réfugiés avait déclaré que « la relocalisation entraînerait une pression extrême sur les services de santé, l’eau, les abris et les installations sanitaires déjà inadéquats dans le camp».
Mais actuellement, le gouvernement du Malawi semble ne pas être prêt à fléchir à sa décision. Il a averti que ceux qui ne respecteraient pas les nouveaux délais seront expulsés de force de leurs maisons.
Conflit d’intérêts avec les nationaux?
Les opérateurs économiques au Malawi menacent depuis longtemps d’expulser de force les réfugiés des zones de marché, affirmant qu’ils introduisent une concurrence inutile en termes de prix des marchandises.
«Ces réfugiés vendent à un prix inférieur le stock, des produits agricoles comme le haricot, le riz, ou encore le petit pois, qu’ils reçoivent gratuitement au camp de réfugiés de Dzaleka», accusent-ils.
Mais certains commerçants réfugiés nient les allégations.
Même si le gouvernement menace de chasser les réfugiés urbains, il met en garde toute personne ou tout groupe soupçonné qui sera attrapé en train de harceler des réfugiés ou des demandeurs d’asile.
Dzaleka abrite des réfugiés et des demandeurs d’asile du Burundi, de la République démocratique du Congo, d’Éthiopie, du Rwanda et de la Somalie.
Le camp était censé accueillir environ dix mille réfugiés, mais il en abrite aujourd’hui plus de cinquante mille.
La représentante-pays du HCR a demandé aux autorités du Malawi de » suspendre ce plan » pour éviter le surpeuplement du camp qui contient déjà plus de cinq fois de sa capacité d’accueil. Elle estime également que plusieurs enfants abandonneraient l’école et beaucoup de commerçants qui se prennent en charge obligés de retourner dans le camp où ils vont compter seulement sur l’assistance.
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Photo d’illustration : une pancarte indiquant le camp des réfugiés de Dzaleka
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