Les rêves de Baregeya : CVR, cette commission pour une vérité tronquée

Les rêves de Baregeya : CVR, cette commission pour une vérité tronquée

On a entendu « et vu » des mensonges ici et là proférés par des hommes en cravates et des femmes dont l’instinct maternel devrait pourtant primer. Ces derniers ont prêté serment pour la vérité et la réconciliation. Bonjour les diviseurs des Burundais qui poussent Baregeya à rêver. (Chronique par Mahoro, SOS Médias Burundi).

Ils sont adorables ces gens. Un homme respectable, éloquent et que je connais depuis des décennies. Il est tantôt en tenue digne d’un président d’une commission qui cherche une vérité, tantôt, oui je le vois, en salopette sur presque toutes les collines du Burundi à la recherche d’une vérité « enterrée » en 1972.
Il est avec des femmes respectables, de par leur âge, des mères. Waouh ! La vérité, rien que la vérité dans leurs enquêtes, car les travaux débutent par des prières, des prières œcuméniques. Parmi les membres de la commission, un Cheick qui fut président de la Communauté musulmane du Burundi, des pasteurs et un prêtre. Quelle bénédiction ! se dirait-on.
Les voilà en train de rechercher les restes des vies humaines enterrés dans des fosses communes. Rien n’échappe à ces prophètes qui étonnent tout le monde. Un petit trou, 2 crânes. Mais nos charismatiques qui voient plus que les radars de Dieu, déclarent qu’il y avait 100 personnes. Où sont les autres crânes ? Transformés en poussières. Qui dit non ? Personne. Acclamez s’il-vous-plait.
Au passage, dans les rapports ou les ateliers, certains les acclament, d’autres ont les yeux écarquillés, ils sont d’accord avec les commissaires, assaillis par la peur d’avoir un avis contraire et donc contrariant.

Rêve et tais-toi

Finalement je rêvais ! Quelle poisse ! Ils ont tous, sinon presque, une moralité douteuse. Tenez ! L’homme qui dirige la CVR n’est autre que Pierre Claver Ndayicariye, qui est connu de presque tous les Burundais. Il fut le président de la Commission nationale électorale sur deux mandats, ayant coordonné des élections contestées et qui ont plongé le pays dans le chaos (2010 et 2015). Paradoxalement il succède aux Hommes (remarquez le H en majuscule pour l’indiscutable probité) dont le professeur Paul Ngarambe à la CENI et Mgr Jean-Louis Nahimana à la CVR.

Voilà Ndayicariye qui débarque pour satisfaire ceux qui le nomment en manipulant du feu, n’hésitant pas à prendre le risque de brûler toute la nation.
Malheureusement, il n’est jamais parvenu à être au-dessus de la mêlée. Loin s’en faut. On voit en lui et son équipe un esprit revanchard, les plus à plaindre étant ces Tutsi sans aucune influence dans la CVR. Ils sont là juste pour les quotas ethniques, donc pour le décor, et pour se gaver de millions de francs burundais à la fin du mois. De l’argent issu de la sueur du front des Burundais qui ont tant soif de la vérité.

Ces hommes de Dieu dans la CVR

Je croyais en une commission sainte ! Mais…la vérité est toute autre. Le prêtre qui bénit n’a pas encore purgé sa peine de 20 ans de prison ferme depuis décembre 2013 pour avoir tabassé à mort un jeune homme. Il était alors curé de la paroisse de Rushubi. Eh oui, l’abbé Pascal Niyonkuru est membre de cette commission, pour dire la vérité et réconcilier.
Quant à Cheick Sadiki Kajandi, seul les musulmans du Burundi parleraient de lui, mais il est loin d’être clean. On se souvient de ses rivalités avec El Hadj Haruna Nkunduwiga, à la tête de la Communauté des musulmans du Burundi.
Excusez de parler des individus, mais cela en valait la peine, même si ce n’est pas dans mes manières habituelles. Penchons-nous sur les résultats.

Esprit revanchard et négationnisme

Mettez-vous devant la télé et analysez comment monsieur Ndayicariye parle des restes humains exhumés. Sans dire qu’il gonfle les chiffres, sa façon de parler traduit des ingrédients et on sent en lui une vérité cachée et des exagérations.
Parmi les membres de la commission, il y a des orphelins de 1972. La commission s’est penchée sur la crise de cette année-là. Les pauvres Tutsi qui sont parmi les 13 commissaires font du « mange et tais-toi », n’en disent rien, pourvu que les millions pour les salaires et les frais de mission se téléchargent vers leur compte bancaire. Ils vont jusqu’à cautionner qu’il n’y a pas eu de Tutsi attaqués par les Hutu en 1972. Ils acclament le négationnisme.

La fameuse commission a déjà qualifié la crise de 1972 de génocide, amenant à l’Assemblée nationale un rapport de plus de 15 mille pages. Du coup, les députés ont juste levé le doigt pour approuver.

Qui ment à qui ?

Un aussi grand volume pour être lu par les députés en si peu de temps ? Admettons qu’ils l’ont lu. Mais qui ont compris ce qui est écrit dedans, vu le niveau de formation de certains d’entre eux ? C’est donc un rapport fantaisiste et mensonger.
Le « très honorable » Daniel Gélase Ndabirabe, président de l’Assemblée nationale a frappé son gavel sur le socle, adoptant la qualification (GENOCIDE DES HUTU) de cette tragédie. Heureusement que le président Neva n’a pas encore promulgué le projet de loi, ce qui signifierait mettre de l’huile sur le feu.

« On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ». Cette citation d’Abraham Lincoln devrait aider Ndayicariye et ses commissaires, pour ne pas dire ses commis, à se ressaisir.
Ils ont d’ailleurs prêté serment, jurant ne dire que la vérité. La vérité étant unique, il est grand temps d’enterrer la fausse vérité, sinon, bonjour l’effet boomerang : la malédiction sur eux et les leurs.
Plus grave encore, toute la nation serait surtout la victime collatérale de cette malédiction.

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