Crise dans l’Est du Congo: la FDNB accuse la TV rwandaise de ternir l’image de ses troupes en RDC

La Force de défense nationale du Burundi a accusé samedi la télévision nationale du Rwanda d’avoir menti sur les actions de ses troupes déployées en RDC dans le cadre de la force régionale de l’EAC. L’accusation intervient après qu’un invité ait déclaré dans une émission sur la télévision nationale rwandaise que les militaires burundais déployés dans la force régionale de l’EAC entraînent les milices dans le Nord-Kivu et leur fournissent des munitions. (SOS Médias Burundi)

C’est le porte-parole de la FDNB qui a formulé les accusations dans un point de presse qu’il a animé ce samedi dans la ville commerciale Bujumbura.

« [….], malgré les efforts fournis par les militaires burundais en RDC, il est à déplorer que certaines personnes mal intentionnées à travers la télévision rwandaise RTV accusent sans fondement les troupes burundaises déployées au Nord-Kivu de collaborer avec des groupes armés ,les entraîner et leur offrir des armes », a déploré le colonel Biyereke.

Et de poursuivre « Ces affirmations calomnieuses constituent une injure grave au regard du professionnalisme avec lequel nos troupes accomplissent leur mission partout où elles sont déployées ».

Pour la FDNB, il s’agit de propos malveillants tenus pour des intentions « inavouées ».

« Les militaires burundais n’ont jamais collaboré avec un groupe quelconque et n’entendent jamais le faire », a conclu le colonel Biyereke.

Les propos qui ont écœuré l’armée burundaise ont été tenus dans une émission du 14 mai dernier sur la télévision nationale rwandaise. Elle parlait de l’insécurité qui prévaut dans l’est du Congo.

« Le travail des militaires burundais déployés dans le Nord-Kivu sur le territoire de Masisi, de Karuba à Mweso est d’entraîner des milices dont les FDLR, le groupe Nyatura, leur fournir des munitions et collaborer avec elles », a chargé l’invité.

Le Directeur général de la presse gouvernementale du Rwanda (RBA) parle de « propos qui n’engagent ni le gouvernement rwandais ni la télévision rwandaise ».

« Ce sont des propos qui ont été tenus par un invité. Il a donné son point de vue comme les autres invités ont donné le leur. C’est une opinion d’une personne indépendante. Cela ne signifie en aucun cas qu’il s’agit d’une position du gouvernement rwandais ou de RBA », a expliqué à SOS Médias Burundi Arthur Asiimwe.

Le Burundi dispose de trois bataillons dans l’est du Congo. Deux se trouvent dans la province du Sud-Kivu, le troisième étant basé dans le Nord-Kivu. Un seul bataillon opère dans le cadre d’un accord bilatéral entre le Burundi et la RDC. Il est établi dans le Sud-Kivu. Les deux autres sont déployés dans la force régionale de l’EAC.

Les militaires burundais déployés dans le cadre de la force régionale de l’EAC au Nord-Kivu occupent d’anciennes positions du M23. L’ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021 reprochant au gouvernement congolais de n’avoir pas respecté ses engagements sur la réinsertion de ses combattants bénéficie du soutien du Rwanda, selon les autorités congolaises. Le gouvernement du Rwanda a toujours nié ces allégations.

Ces nouvelles allégations de l’armée burundaise interviennent alors que les relations entre le Burundi et le Rwanda, au point mort depuis plus de sept ans viennent de se renormaliser. Celles entre le Rwanda et la RDC ne cessent de se détériorer par contre.

Quatre pays de l’EAC : le Burundi, le Kenya, l’Ouganda et le Soudan du Sud ont déjà déployé des troupes dans l’est du vaste pays de l’Afrique centrale. La Tanzanie a envoyé des militaires dans la force d’intervention rapide de la Monusco ( Mission de l’organisation des Nations-Unies en RDC) , le Rwanda ayant rapatrié ses officiers, les seuls qu’il avait déployés dans la force régionale de l’EAC suite aux relations tendues entre les deux pays de la région des Grands-Lacs d’Afrique.

Toutefois, les présidents rwandais et tanzanien ont promis une enveloppe pour soutenir la force, ce que le président Félix Tshisekedi a toléré malgré ses perpétuelles accusations contre son homologue rwandais Paul Kagame à qui il reproche de « financer le terrorisme dans l’est du Congo ».

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Photo : les premiers militaires burundais de la force régionale de l’EAC accueillis à Goma, mars 2023