Dzaleka (Malawi) : le surpeuplement du camp n’arrange personne

Dzaleka (Malawi) : le surpeuplement du camp n’arrange personne

Depuis le début de ce mois, nombre de réfugiés qui vivaient dans les villes du Malawi ont regagné le camp de Dzaleka. Ils veulent se conformer à l’ultimatum leur lancé par le gouvernement pour quitter les centres urbains. Conséquence, le camp se retrouve débordé. (SOS Médias Burundi)

Des milliers de réfugiés affluent vers le camp de Dzaleka situé dans le district de Dowa au centre du Malawi.

« Chaque jour, il y a des bus qui amènent des centaines de personnes ici. Certains réfugiés n’ont pas de maisons, ils sont hébergés par leurs amis et connaissances. Ils n’ont pas encore eu d’aide alimentaire, vous comprenez qu’on doit partager le peu qu’on a », expliquent des réfugiés.

« La situation est grave, car il y a aussi des enfants qui doivent aller à l’école alors qu’il n’y a pas de nouvelles infrastructures publiques comme des écoles, des toilettes, des centres de santé, généralement exigües », ajoutent-ils.

Le mois dernier, le gouvernement du Malawi a donné un ultimatum aux réfugiés et aux demandeurs d’asile vivant à l’extérieur du camp de rejoindre les autres réfugiés dans l’unique camp de réfugiés du pays. Ils avaient jusqu’au 15 avril dernier, sinon le recours à la force était envisagé pour les récalcitrants.

« La décision est conforme à la politique de campement du Malawi, qui interdit aux réfugiés de rester en dehors d’un camp de réfugiés. Dzaleka dispose d’installations conformes aux normes internationales pour tous les réfugiés et demandeurs d’asile, notamment des écoles primaires et secondaires, un centre de santé et un marché public », avait expliqué Ken Zikhale Ngoma, le ministre des Affaires intérieures du pays.

La décision est mal accueillie par les concernés, “l’avantage de vivre en ville, c’est qu’on a beaucoup plus d’opportunités qu’à l’intérieur du camp. En ville, si vous êtes un homme d’affaires, vous pouvez ouvrir un magasin et vous pouvez gagner votre vie avec des revenus, vous pouvez prospérer », disent-ils.

Ils disent qu’ils sont en conflit avec les opérateurs économiques nationaux qui menacent depuis longtemps d’expulser de force les réfugiés des zones de marché, affirmant qu’ils introduisent une concurrence déloyale en termes de prix des marchandises.

Pour le moment, ces réfugiés surtout burundais et congolais qui vivaient dans des centres urbains ne sont pas autorisés à faire entrer leurs marchandises dans le camp. « Soit ils les vendent à bas prix ou alors ils les donnent gratuitement. L’administration veut éviter des cas de vol ou de spéculation sur le marché intérieur avec l’introduction de ces produits », explique-on.

Dzaleka abrite des réfugiés et des demandeurs d’asile du Burundi, de la République démocratique du Congo, d’Éthiopie, du Rwanda et de la Somalie.

Le camp était censé accueillir environ dix mille réfugiés, mais il en abrite aujourd’hui plus de cinquante mille. Et les réfugiés qui vivaient dans les villes sont estimés à la moitié de ceux qui vivent au camp de Dzaleka.

Le HCR a demandé aux autorités du Malawi de suspendre cette décision pour éviter le surpeuplement du camp qui contient déjà plus de cinq fois de sa capacité d’accueil de réfugiés. L’agence onusienne estime également que de nombreux enfants pourraient abandonner l’école, tandis que beaucoup de commerçants qui se prennent déjà en charge seraient obligés de retourner dans le camp où ils ne vont plus compter que sur l’assistance.

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Photo d’illustration : une pancarte indiquant le camp des réfugiés de Dzaleka

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