Photo de la semaine : le régime Ndayishimiye tue tout autant que celui de Nkurunziza

Photo de la semaine : le régime Ndayishimiye tue tout autant que celui de Nkurunziza

La ligue des droits de l’homme Iteka s’alarme. Dans son dernier rapport, la plus ancienne des organisations de défense des droits humains au Burundi dresse un bilan de 4040 personnes tuées d’avril 2015 à avril 2023. La ligue Iteka ne passe pas par quatre chemins. Pour elle, ce bilan porte sur deux périodes ou deux régimes différents qui ont conduit aux destinées de la nation burundaise mais ont quasiment produit les mêmes résultats en matière de violation des droits de l’homme et de sécurité. (SOS Médias Burundi)

D’après la ligue Iteka, depuis l’éclatement de la crise politique au Burundi en 2015 suite à la volonté de feu Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat “illégal et inconstitutionnel”, des violations graves des droits de l’homme ont été constamment commises notamment des assassinats, des disparitions forcées, des arrestations arbitraires, des violences basées sur le genre et des actes de torture jusqu’après l’élection du nouveau président Évariste Ndayishimiye.

“ Sous le régime de Pierre Nkurunziza, d’avril 2015 à juin 2020, la ligue Iteka a pu documenter 2.292 personnes tuées, 626 cadavres retrouvés, 564 personnes enlevées ou portées disparues, 1.027 personnes torturées, 11.152 personnes arrêtées arbitrairement ainsi que 263 personnes victimes des VSBG”, détaille le rapport sorti en exil.

La ligue Iteka note que depuis son accession au pouvoir en juin 2020, le président Ndayishimiye s’est distingué par des discours positifs prônant l’amélioration de la situation sécuritaire, des droits de l’homme et de bonne gouvernance au Burundi qui ont nourri d’espoir la population burundaise et la communauté internationale.

Pourtant, regrette cette organisation, la parole n’a pas été suivie par des actions concrètes.
« La Ligue Iteka a pu documenter 1.748 personnes tuées, 755 cadavres, 133 personnes enlevées, 198 personnes torturées, 1920 personnes arrêtées arbitrairement ainsi que 348 personnes victimes de VSBG. Après près de 3 ans passés au pouvoir, il est à constater que la plupart de ses discours positifs ne se sont soldés que par un simple effet d’annonce », remarque l’organisation souvent citée par le département d’Etat américain comme une référence en matière des droits humains au Burundi.

Cette organisation ne constate qu’un seul mode opératoire sur le plan sécuritaire et des droits de l’homme, ayant fait au moins 4040 victimes au cours des deux régimes.

« Si le régime d’Evariste Ndayishimiye ne redouble pas d’efforts pour maîtriser les criminalités observées durant ces 34 mois, son règne risque d’être plus meurtrier malgré ce semblant de paix », prévient Anschaire Nikoyagize, président de la Ligue Iteka.

Mais les organisations basées au pays parlent de « faux rapport basé sur de faux chiffres ».

« La ligue Iteka a gonflé les chiffres. Les chiffres dont nous disposons sont de loin inférieurs à ceux publiés par la ligue Iteka. En matière de droits humains, il ne faut pas prendre les chiffres des personnes qui sont morts dans des accidents ou des litiges familiaux et les mélanger avec ceux des personnes qui ont été assassinées », fustige Gérard Hakizimana, représentant de la Folucon-F qui milite contre le népotisme et le favoritisme. Toutefois, il ne dévoile pas les chiffres de son organisation sur les assassinats et les enlèvements.

Mais M.Hakizimana a pu avoir les statistiques sur les fonctionnaires qui ont été punis ou sont poursuivis par la justice.

« Le gouvernement veut mettre fin à l’impunité. Nous avons pu documenter chez Folucon-F plus de 150 cas de policiers, agents du SNR (Service national de renseignements) notamment qui ont été sanctionnés ou démis de leur fonction suite aux abus qui leur sont reprochés », insiste Gérard Hakizimana qui ne nie pas qu’il existe des cas de violations de droits humains au Burundi.

« Je demanderais à ces organisations basées au pays de nous montrer où se trouvent ces personnes mortes que nous avons documentées. La Ligue Iteka n’est pas contente de sortir des rapports parlant d’assassinats. On aimerait faire autre chose. Qu’elles nous disent et nous montrent où se trouvent ces personnes mortes ou portées disparues et nous serons très contents de les retrouver », répond Anschaire Nikoyagize.

Au Gouvernement, Iteka recommande de garantir la sécurité et la justice pour tous les citoyens, de jouer pleinement son rôle d’assurer la protection de sa population, de mener des enquêtes approfondies pour identifier les auteurs des crimes et de traduire devant la justice les auteurs des crimes sans distinction aucune.

Et à la communauté internationale, il est souhaité de rester aux côtés du gouvernement pour leur soutien dans ses bonnes initiatives et de jouer de leur influence pour que le respect des droits de l’homme soit une réalité au Burundi.

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Notre photo : le président Ndayishimiye passe les troupes en revue en marge de la célébration de la fête de l’Indépendance dans la ville commerciale Bujumbura, le 1er juillet 2022

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