Musigati : ordre de déraciner 50 hectares de cannes à sucre

Musigati : ordre de déraciner 50 hectares de cannes à sucre

L’administration a décidé qu’aucune canne à sucre ne sera plus plantée dans les marais de la commune Musigati en province Bubanza (ouest du Burundi). La culture doit céder place à d’autres cultures vivrières, selon l’autorité provinciale. Les propriétaires de plantations de cannes à sucre disent être choqués. (SOS Médias Burundi)

L’administration provinciale explique vouloir faire face à une famine qui bat son plein dans les familles de Bubanza.

« Il faut déraciner les cultures de cannes à sucre dans toutes les vallées de Musigati et y cultiver le maïs, le haricot et d’autres cultures maraîchères », a tranché le gouverneur de Bubanza lors d’une réunion tenue en commune Musigati.

En tout, ce sont 50 hectares de cannes à sucre qui sont concernés. Et la mesure est entrée en vigueur depuis son annonce, selon des habitants.

« L’administration communale a alors invité les Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) à passer à l’acte. Ils ont coupé, déraciné et saccagé plusieurs champs de cannes à sucre dans la vallée de Nyamugerera », rapportent des témoins.

La zone de Nyamugerera où les autorités burundaises ont empêché la culture de cannes à sucre

Et le secrétaire provincial du CNDD-FDD à Bubanza d’enfoncer le clou.

« Ils ne comprennent pas que la Canne à sucre ne se récolte qu’une fois l’année. Les autres cultures se produisent au moins deux fois. Et d’ailleurs, l’argent qui vient de cette plante contribue au concubinage. La mesure est irréversible », a indiqué Alexandre Ngoragoze.

L’agronome communal de Musigati promet que cette culture qui porte le même nom de la commune en langue nationale (Umusigati=Canne à sucre) va être relocalisée dans d’autres zones et sur des collines humides.

Des habitants parlent d’une mesure irréfléchie. Ils disent que la canne à sucre était très lucrative : « 20 ares de cannes à sucre rapportent 350 mille francs minimum. Le montant est suffisant pour faire un petit commerce bénéfique pour la famille et pour l’économie communale », estiment des cultivateurs.

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Photo : une femme dans un ancien champ de cannes à sucre à Musigati

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